prospective mer où les échappatoires n’existent pas et où l’isolement a pu conduire à l’absence de compétiteurs ou prédateurs (voir le focus «Espèces introduites… chapitre VI). Prendre la mesure de la fragilité et donc de la faible résilience éventuelle des écosystèmes marins insulaires est une nécessité. La communauté scientifique française bénéficie d’un potentiel unique en termes de systèmes insulaires soumis à un gradient de pression très large (voir ci-dessous le paragraphe consacré à l’océan Indien), définissant autant de modèles d’étude dont chacun est pertinent Les grottes sous-marines sont des enclaves d’obscurité découpées dans la zone marine littorale. Leur taille, leur forme, leur origine sont aussi variées qu’il existe de perspectives : une faille ou un dessous de bloc pour un micromollusque, une vaste cavité karstique ennoyée pour un plongeur sous-marin. La caractéristique principale de ce contexte écologique remarquable, c’est la rupture brutale avec les conditions environnementales de la zone littorale avoisinante. L’écotone est marquée, les gradients sont étroits : luminosité (qui conditionne la production primaire photosynthétique) et mouvements d’eau (vecteurs de nourriture et de propagules) chutent brutalement, jusqu’à être nuls ou à peine détectables. Ces gradients environnementaux définissent le niveau de confinement des communautés en place. Lorsque le confinement est maximal, on a affaire à ce que l’on appelle en Méditerranée la biocénose des grottes obscures (GO), dont des équivalents existent partout dans le monde (zones karstiques, volcaniques, par exemple). Ces systèmes restent, malgré ce confinement, des systèmes pleinement marins car ouverts directement sur la zone littorale, par laquelle se font nécessairement les apports de nourriture et de propagules. Ce n’est pas le cas des systèmes anchialins, qui comportent de l’eau de mer mais n’ont pas de connexion directe avec pour apprécier les capacités adaptatives de chaque système, mais dont l’approche comparative doit être encouragée pour offrir des capacités d’analyse, de modélisation et donc de simulation à une échelle plus vaste. Vus le nombre et la diversité des territoires concernés, l’étude intégrée des systèmes insulaires doit s’appuyer sur des associations inter-organismes que ce soit en termes de programmes de recherche ou de structures fédératives comme le Grand Observatoire du Pacifique Sud (GIS GOPS). le milieu marin, ou évidemment des rivières et lacs souterrains continentaux. Les grottes sous-marines abritent des communautés peu résilientes, caractérisées par de faibles biomasses et diversités et par la spécialisation des taxons présents (Figure VI.6). Les taxons des grottes sous-marines sont spécialisés dans l’obscurité, le calme hydrodynamique et l’oligotrophie, ils partagent donc des affinités écologiques et parfois phylogénétiques avec des taxons du milieu marin profond, dont on considère souvent que les grottes sont des enclaves littorales. L’isolement de ces communautés, mais aussi leur lien avec les faunes profondes constituent une grande partie de leur intérêt écologique et évolutif. Leur étude, principalement en Méditerranée, a bénéficié du développement depuis les années 1950 de la plongée sous-marine, une alternative peu coûteuse à l’étude des milieux profonds. L’effort principal a porté sur la description des taxons, souvent nouveaux, et de leur organisation en communautés. Les liens entre milieu profond et grottes ont également été abordés en privilégiant la comparaison factuelle des deux systèmes : espèces en commun, paramètres physico-chimiques communs (température, luminosité, matière organique, granulométrie, etc.). Tous ces éléments indiquent une grande VIII.2.2 Les grottes sous-marines 160
prospectivemer2013
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