Page 171

prospectivemer2013

ne représentent que 0,4% de la surface totale (9 910 km²) et 5% du plateau continental. De fait, elles ne couvrent pas l’ensemble de la biodiversité, notamment pas celle des tortues ou des mammifères marins qui sont exclus du réseau d’AMP. Ces AMP participent néanmoins au maintien des populations exploitées par exportation de larves et de biomasse et donc au développement durable de la pêche notamment artisanale sur le plateau continental. Le principal enjeu scientifique est de pouvoir comprendre (par expérimentation ou modélisation) la dynamique de la biodiversité méditerranéenne face aux contraintes multiples qui s’exercent à l’échelle locale (pêche) ou globale (climat). Il s’agira aussi d’étendre et d’optimiser le réseau des aires marines protégées afin de garantir le maintien de l’ensemble des composantes de la biodiversité, un flux de larves vers les écosystèmes exploités, la protection d’habitats et d’espèces remarquables (corail, posidonie), et la connectivité entre sous-populations. Par ailleurs le littoral méditerranéen est particulièrement concerné par l’évolution des usages des espaces littoraux et côtiers depuis un demisiècle. Il s’agit à la fois de l’industrialisation, de l’implantation du tourisme de masse, des désindustrialisations qui ont touché certains secteurs comme les industries sidérurgiques, les constructions navales, les pêches. L’ouverture de zones protégées est aussi à souligner. L’étude de l’évolution de ces pratiques et, au-delà des discours et comportements « idéologiques », de leurs conséquences effectives sur les socio-écosystèmes méritent de constituer, avec l’écologie portuaire, un domaine de recherche à promouvoir. Au sein des outre-mer français, existent des territoires maritimes peu ou mal connus qui non seulement ont une valeur intrinsèque, mais sont aussi des modèles d’intérêt pour faire progresser les sciences de l’écologie et de l’environnement et leur permettre de répondre aux défis que rencontrent nos sociétés. Parmi ces territoires, figurent ceux de l’océan Indien. Comme dans d’autres régions tropicales de l’océan, la France y possède des îles dont l’intérêt n’est pas proportionnel à leur taille. Ces territoires insulaires (La Réunion, Mayotte, les îles Eparses, les îles subantarctiques) suscitent des enjeux multiples. Les plus évidents concernent des questions de souveraineté, de coopération régionale, de sécurité et d’intérêt économique. Les seules îles Eparses qui représentent une superficie d’environ 40 km2, sont entourées d’une ZE de plus de 640 000 km2. Cette zone autorise les armements français mais aussi étrangers à pratiquer des activités de pêche fructueuses des grands pélagiques comme le thon. L’océan Indien procure environ 8 millions de tonnes de produits issus de la pêche et 23 millions de tonnes issus de l’aquaculture. Les zones orientale et occidentale de l’océan Indien font partie des rares zones océaniques où les débarquements sont en augmentation (FAO , 2011). Ces ressources sont vitales pour les populations locales. Avec ces systèmes insulaires et les zones océaniques qui leurs sont associées, la communauté scientifique dispose d’un formidable champ de recherche dans toutes les disciplines des sciences de la mer et ce dans les dimensions horizontales et verticales. Ce potentiel tient tout d’abord aux gradients géographiques et anthropiques dans lesquels s’inscrivent les écosystèmes du secteur. De sa partie tropicale à sa partie australe, l’océan Indien couvre près de 60° de latitude et ses eaux de surface présentent un gradient thermique nord-sud dont l’amplitude peut dépasser 15°C. Il abrite près de 30% des récifs coralliens de la planète. Les 36 pays qui bordent cet océan, qui sont tous considérés comme pays en développement, rassemblent 30% de la population mondiale. Il regroupe ainsi des lieux privilégiés pour étudier les impacts des changements environnementaux passés et actuels notamment à travers les formations coralliennes qui sont à la fois des mémoires précieuses des variations passées du niveau de la mer et des indicateurs sensibles des pressions d’origine anthropique actuelles. Bien que tous soient soumis aux effets directs des changements climatiques, les écosystèmes marins de l’océan Indien ne sont pas tous impactés par les mêmes pressions et celles-ci présentent des niveaux très différents. Celles engendrées à une échelle locale par les populations humaines se déclinent en une très large VIII.4.2 L’océan Indien 169 prospective de l’institut ecologie et environnement du cnrs


prospectivemer2013
To see the actual publication please follow the link above