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V Les biodiversités et leurs dynamiques Coordinateurs : Guillaume Lecointre, David Mouillot et Frédérique Viard Contributeurs : Nicolas Bierne - Sylvie Dufour - Serge Morand - Thierry Perez - Marc Troussellier Couvrant 70% de la superficie de la planète et plus de 96% de son volume biosphérique, l’océan mondial a toujours représenté un compartiment essentiel pour la vie. Dans toute sa diversité, la vie marine est extraordinairement abondante et diverse: tous les grands phylums sont présents dans l’océan et la plupart y sont nés. Dans le contexte du changement global, l’objectif central est d’être en capacité de répondre à la question des futurs possibles pour la biodiversité marine et pour les services écosystémiques qui lui sont associés. Quels changements en cours ? Quelles évolutions à venir ? Quelles adaptations escompter ? V.1 Descriptions et inventaires V.1.1 Quelles entités de la biodiversité prendre en compte ? Les écosystèmes marins sont largement plus anciens et plus vastes que les écosystèmes terrestres et le recensement de leur biodiversité alpha n’est encore que fragmentaire. De manière globale, on peut estimer que 70% à 80% des espèces marines restent à découvrir et plusieurs « boîtes noires » sont d’immenses réservoirs de biodiversité (nématodes, radiolaires, bactéries, virus, etc. ou encore symbiontes). Dans tous les milieux étudiés à l’aide des nouvelles méthodes de séquençage massif de la biodiversité, celle-ci se révèle bien supérieure aux estimations basées sur l’observation des organismes à travers leurs caractères morphologiques. En effet, des pans entiers de diversité échappent aux analyses morphologiques, essentiellement dans le monde microbien (virus, procaryotes, protistes), tandis que les espèces cryptiques ou pseudo-cryptiques abondent dans les fractions visibles du vivant (protistes, plantes, métazoaires). Les récentes explorations exhaustives de secteurs bien circonscrits comme l’île de Santo dans l’archipel des Vanuatu ont conduit à la description d’une multitude de nouvelles espèces dans des environnements littoraux a priori déjà bien explorés. L’exploration d’écosystèmes originaux comme les suintements hydrothermaux froids, les carcasses de grands mammifères ou les bois coulés, ainsi que l’exploration de vastes zones isolées de l’océan (zones profondes, mers polaires…) apportent leur lot de découvertes. En ce qui concerne les organismes microscopiques, l’utilisation des méthodes moléculaires amène à un taux de nouveauté de plus de 80% et permet de penser que le monde des microorganismes reste pratiquement terra incognita. Pour ce compartiment de la biosphère marine, la structuration spatiale des communautés apparait beaucoup plus forte que pensé. Ainsi, les méthodes de séquençage massif appliquées désormais à de nombreux échantillons du milieu marin révèlent que parmi les dizaines de milliers d’OTUs identifiés, la moitié d’entre eux n’est retrouvée que sous forme d’un exemplaire unique attestant prospective de l’institut ecologie et environnement du cnrs 53


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