V.1.4 Quelles approches ? Faut-il structurer l’effort en termes de zones géographiques ? La réponse est certainement oui, du moins en grande partie. En effet, la biodiversité n’est pas distribuée de manière homogène à la surface du globe et ceci vaut également pour le monde marin. Dans ce cadre, il est certain que les hotspots (par exemple Pacifique Ouest, Méditerranée, Océan Indien) devront naturellement être visés. D’autre part, certaines zones seront très rapidement impactées à court terme par les changements : océans arctique et antarctique, zones littorales et zones humides qui subissent des pressions anthropiques. Il est sans doute important d’y produire un effort accéléré. Par ailleurs, la répartition des territoires métropolitains et outre-mer français sur diverses façades océaniques prédispose à s’intéresser de manière privilégiée à certains secteurs. A contrario, la question sensible de l’acidification rapide des océans rend cette urgence généralisable à tous les océans. Faut-il structurer l’effort en termes de particularités évolutives ? Certaines zones du globe sont-elles propices à plus d’originalité historico-taxonomique ? Là encore la réponse est certainement oui. Certains secteurs ont été décrits comme favorables à l’émergence de bouquets d’espèces (species flocks), c’est-à-dire d’explosions uniques et rapides de la biodiversité. De telles « bouffées d’espèces » se caractérisent par beaucoup d’espèces très apparentées (regroupement monophylétique), endémiques d’une zone donnée, Au vu de ces trois questions, il apparait pertinent de focaliser les efforts d’inventaire sur des objectifs précis, et sur la base de critères de choix multiples, le mieux étant de les combiner. Les moyens à mobiliser, financiers comme humains, sont importants et il faut éviter leur dispersion sur un trop grand nombre de cibles disparates. importantes en biomasse et en termes de diversification écologique. Classiquement, les lacs (Baïkal, Est-africains…) et les îles (du Pacifique par exemple) sont propices aux species flocks. Mais les flocks marins documentés sont encore rares. Par exemple, le plateau continental antarctique a été un lieu d’émergence de telles bouffées, en raison de son isolement, de sa profondeur, et de son envahissement partiel et répété par les glaciers lors des derniers épisodes froids, ce qui aurait favorisé les spéciations. Une telle rareté est-elle circonstancielle, due à un manque de documentation, ou réelle ? Faut-il structurer l’effort en termes d’habitats ? La biodiversité de certains habitats est-elle mieux connue que celle d’autres ? Ou sousestimée ? Faut-il alors y faire prioritairement porter l’effort ? Différents rapports établissent clairement que certains habitats abritent une biodiversité sous-estimée, pour des raisons diverses comme les environnements profonds ou polaires du fait de leur accessibilité réduite. D’autre part, certains types d’habitats doivent faire l’objet d’un effort prioritaire parce qu’ils sont fragiles ou menacés d’un changement profond à court terme, autant pour pouvoir y estimer ce qu’ils recèlent avant qu’ils ne soient trop dégradés que pour mieux les connaître afin de mieux les protéger. On peut ranger dans cette seconde catégorie les habitats insulaires, les mangroves, les herbiers ou les récifs coralliens. prospective de l’institut ecologie et environnement du cnrs 59
prospectivemer2013
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