65 Focus La connectivité en milieu marin : un carrefour disciplinaire La façon dont se structure la biodiversité marine répond à des facteurs historiques dont certains vicariants tels que des modifications de la localisation des fronts océaniques ou l’ouverture de détroits. Elle répond également à des processus contemporains comme la courantologie ou les modifications d’habitats par les activités humaines. A ces deux échelles de temps, la dispersion des organismes est une variable clé. Son étude représente un enjeu en recherche fondamentale, mais elle a également pris une ampleur croissante en biologie de la conservation notamment dans le cadre de la mise en place d’aires marines protégées (voir le focus AMP chapitre VII). Le terme « connectivité », largement utilisé comme synonyme de « dispersion » ou de « migration » décrit l’échange d’individus entre populations et/ou la résultante de ces échanges migratoires (Figure V.6). La connectivité est un concept central en biologie marine puisque la dispersion des organismes participe à un ensemble de processus écologiques et évolutifs tels que la dynamique des populations, le maintien de l’intégrité des espèces, la colonisation de nouveaux habitats, les processus d’adaptation aux changements environnementaux, etc. Immigrants Emigrants Auto-recrutement Emigrants Figure V.6. Représentation schématique de la relation entre dispersion et dynamique des populations. A chaque génération, le patch « bleu » est colonisé par des immigrants venant des populations environnantes (patchs en vert) et réciproquement il leur envoie des propagules. Les nouvelles recrues proviennent également de la reproduction locale (« auto-recrutement »). L’intensité de ces divers échanges définit le degré de connectivité des populations. La définition de la connectivité en milieu marin prend des éclairages spécifiques aux différents champs disciplinaires qui s’y intéressent. Ainsi la notion de connectivité démographique étudiée en écologie considère avant tout l’interdépendance démographique des populations alors qu’en biologie évolutive, ce sont des problématiques tournées vers l’analyse des migrants efficaces et des transferts de gènes (connectivité reproductive) qui vont cristalliser les recherches. Quelles sont les passerelles entre ces différents concepts ? Peut-on et comment réaliser une intégration disciplinaire autour de la connectivité ? Ces questions complexes ont fait l’objet de nombreux débats dans les dernières décennies. Encore irrésolues, elles font parties des questions clés posées dans le GDR CNRS-Ifremer « MARCO » dédié à cette thématique en milieu marin.
prospectivemer2013
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