71 Focus - Ecologie chimique marine (suite) déjà montré le potentiel de ces approches. La métabolique s’est avérée être une méthode rapide d’évaluation de la chimio-diversité, appropriée en chimio-taxonomie pour soutenir des hypothèses phylogénétiques ou phylogéographiques, ou encore pour contribuer à distinguer des espèces cryptiques ou analyser des complexes d’espèces. En écologie, ces approches sont appliquées pour étudier le dialogue moléculaire entre organismes eucaryotes et procaryotes (e.g. symbiotiques), pour mesurer les effets de la pression d’herbivorie, et quelques nouveaux programmes ont pour objet leur combinaison avec d’autres disciplines en -omique pour l’étude des processus d’introductions biologiques ou des réponses des écosystèmes marins au changement global. La démocratisation de ces approches, des nouvelles technologies de séquençage, la mise en place de plateformes dédiées à l’écologie marine permettra donc d’envisager des recherches intégratives pour mieux comprendre comment les mécanismes de l’adaptation opèrent du gène à l’organisme, et se répercutent jusqu’aux écosystèmes marins. V.3.2 Intégrer les interactions dans l’analyse et la modélisation des effets des changements environnementaux Alors que de nombreux travaux démontrent les effets des changements globaux sur de nombreuses espèces, leurs impacts sur les modifications des interactions entre espèces restent plus difficiles à identifier et à prendre en compte, bien que l’effectivité de ces modifications ait été prouvée. Il s’agit ainsi de développer les connaissances pour comprendre comment les changements phénologiques peuvent affecter les interactions à travers la modification de l’ontogénie des espèces. Comprendre les mécanismes impliqués dans la succession : changement environnemental (climatique par exemple) – modification phénologique – altération d’interactions – conséquences sur le fonctionnement des écosystèmes reste un domaine à défricher. Il est pourtant essentiel de bien cerner ces mécanismes si l’on a l’ambition de comprendre l’évolution de l’océan et de sa biodiversité sous contrainte climatique. A large échelle, les prédictions de changement d’aires de répartition des espèces en fonction du changement climatique doivent prendre en compte les interactions qui favorisent ou au contraire altèrent le lien entre niche climatique et occurrence des espèces. La récente théorie trophique de la biogéographie permet de généraliser la prise en considération des liens trophiques dans la distribution des espèces à large échelle, une espèce ne pouvant survivre ou coloniser une niche environnementale favorable sans la présence de ses proies et une proie pouvant coloniser d’autant plus facilement un nouvel environnement favorable qu’elle y rencontre moins d’espèces prédatrices. La connaissance et la prise en compte des réseaux d’interactions trophiques se sont ainsi avérées essentielles dans la gestion des pêcheries. De plus en plus de travaux font la démonstration que les modèles visant à prédire l’effet de perturbations sur la dynamique des communautés doivent incorporer les interactions directes et indirectes entre espèces sous peine de réaliser des prédictions imprécises voire erronées. prospective de l’institut ecologie et environnement du cnrs
prospectivemer2013
To see the actual publication please follow the link above