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73 parasitaires, laquelle nécessite des réponses physiologiques et immunitaires spécifiques et variées. Ensuite, la réponse immunitaire, ainsi que le maintien d’une immunité efficace, sont coûteux et nécessitent l’allocation d’énergie vers ces mécanismes de défense au détriment d’autres activités physiologiques. Ainsi, des compromis entre l’allocation de ressources à l’immunité plutôt qu’à d’autres fonctions comme la reproduction ont pu être mis en évidence chez les oiseaux, les mammifères et les poissons d’eau douce. Les travaux concernant les « invertébrés » et vertébrés marins sont plus rares et devraient être développés. Le changement global, résultat des activités humaines, modifie les environnements épidémiologiques au travers des invasions biologiques, de la modification de l’usage des terres, de l’érosion de la biodiversité ou du changement climatique. On assiste depuis plusieurs décennies à une augmentation des maladies infectieuses émergentes ou ré-émergentes en milieu terrestre. Les travaux en milieu marin sont beaucoup plus rares, alors que l’océan est également fortement impacté par divers phénomènes : aquaculture, pêche, réchauffement, acidification, montée du niveau marin, etc. qui touchent à la nature comme au fonctionnement des symbioses, y compris pour favoriser le développement de pathogènes hors du domaine océanique proprement dit. Quelques cas illustratifs ont été documentés : • Les conséquences de l’élévation du milieu marin en terme de santé humaine ont été constatées pour le paludisme. L’augmentation en cours du niveau des océans entraîne une augmentation de la salinité d’eaux côtières auparavant douces ou dessalées. Les eaux saumâtres étant plus propices à l’établissement de gîtes larvaires des anophèles, l’augmentation de leur surface favorise ce vecteur de l’agent du paludisme comme cela est déjà constaté en Asie-Pacifique. • Le changement climatique en cours et l’augmentation du nombre d’épisodes climatiques extrêmes ont des effets stressants sur les communautés d’organismes marins tels les coraux. Les épisodes de blanchiment, consécutifs à la perte des symbiotes, sont en augmentation dans le temps, dans l’espace et en intensité. Or le blanchiment est l’expression d’un stress environnemental qui favorise également l’extension de nombreux pathogènes et la modification des communautés symbiotiques des coraux. • L’acidification des océans est un fait constaté et ses conséquences directes explorées, excepté pour les interactions hôtes-parasites. Pourtant, l’acidification des océans altère les réponses physiologiques des organismes, et tout particulièrement leurs réponses immunologiques. Dans le domaine de l’immunologie en domaine marin et de ses relations avec le changement global, les cas explorés sont encore trop rares et ne permettent pas de prendre la mesure de la complexité des mécanismes en jeu et encore moins de prétendre à en mesurer l’impact général sur la santé des peuplements marins. Pourtant, le système immunitaire, ses bases génétiques et ses plasticités phénotypiques règlent le devenir des interactions entre parasites ou pathogènes et leurs hôtes et donc à terme la qualité et la survie de ces hôtes. Il apparaît ainsi nécessaire d’explorer plus avant, sur des cas diversifiés, les réponses du système immunitaire des organismes, qui dépendent du maintien de l’homéostasie interne, face aux fluctuations des conditions environnementales et aux stress qui les accompagnent.


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