75 Le long d’un gradient de stress, de contrainte environnementale ou de perturbation, la diversité en espèces montre soit une relation unimodale avec un pic de diversité pour les niveaux intermédiaires de perturbation, soit une relation décroissante avec moins d’espèces pour les niveaux de perturbation les plus élevés (Figure V.12). Pour ces niveaux de perturbation élevés l’hypothèse est que seul un sous-ensemble réduit d’espèces peut tolérer ces niveaux de stress ce qui limite la diversité spécifique (filtre abiotique). A l’autre bout Ce lien entre richesse spécifique et niveau de perturbation est très fortement influencé par la niche écologique des espèces. Or l’universalité de la théorie de la niche est désormais remise en question par la théorie « neutre », dont l’hypothèse fondatrice postule que les individus et donc les espèces sont fonctionnellement identiques (ou très proches). Leurs distributions dans les communautés sont alors déterminées principalement par des processus stochastiques liés à la migration et à la survie des individus. Il est indéniable que malgré sa parcimonie et son extrême simplification du vivant, la théorie neutre démontre sa capacité à reproduire des structures observées que ce soit à petite ou grande échelle. Le consensus actuel tend néanmoins vers un modèle intermédiaire, combinant du gradient (faible niveau de perturbation) ce sont au contraire les filtres biotiques (compétition) qui limitent le nombre d’espèces par compétition exclusive dans les communautés locales. Dans ce cas, un même niveau de diversité spécifique peut correspondre à deux niveaux contrastés de perturbation, la richesse en espèces n’est donc pas un indicateur réagissant de manière monotone à un niveau de pression. Assemblage A Diversité fonctionnelle Richesse spécifique processus neutres et niches pour expliquer la structure des communautés, tout l’enjeu étant alors de savoir quel processus domine. Jusqu’à présent peu d’études ont confronté les processus neutres, principalement liés à la dispersion, et les niches, déterminées par des filtres environnementaux, pour expliquer la structure des communautés marines. Si la dispersion, et donc la connectivité, est plus importante qu’en milieu terrestre, avec moins de barrières infranchissables, on peut s’attendre à une prédominance des processus neutres. Cette hypothèse incite d’autant plus à intégrer la physique du climat et l’océanographie des masses d’eau (e.g. courantologie) dans un contexte interdisciplinaire pour comprendre la distribution de la diversité marine. Figure V.12. Schéma montrant la relation théorique entre la diversité fonctionnelle, la richesse spécifique et les contraintes environnementales pour des communautés locales. Lorsque les contraintes environnementales augmentent en intensité, la redondance fonctionnelle ou la similarité entre espèces augmentent, et donc, la diversité fonctionnelle diminue à un taux plus élevé que la richesse spécifique (d’après Villéger 2008). prospective de l’institut ecologie et environnement du cnrs Contrainte environnementale Diversité Assemblage B Accroissement de la redondance fonctionnelle
prospectivemer2013
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