6 D’une manière générale, les sciences de la mer sont arrivées à un tournant de leur histoire. En effet, les développements technologiques de ces dernières années rendent désormais possible une approche globale du système océan, intégrant à la fois les dernières performances des modèles de la physique et de la chimie de l’océan avec les multiples données biologiques fournies par les nouvelles technologies de séquençage (NTS) ou avec l’élaboration des scénarios d’évolution de la biodiversité. La frontière franchie par les NTS offre notamment de nouveaux champs d’investigation tant pour l’évolution biologique, la biogéographie, le fonctionnement des écosystèmes que pour les interfaces entre ces sciences et l’océanographie physique et chimique. Une approche holistique du système océan est désormais à notre portée car les conditions d’une fécondation croisée de l’océanographie et de la biologie marine sont réunies. Le succès de ce rapprochement se mesurera à l’aune des concepts nouveaux qui en découleront. On peut faire le pari de ce succès si les communautés s’y engagent vraiment et surtout si les soutiens d’une interdisciplinarité effective sont au rendez vous. Sous un autre angle, les pressions anthropiques croissantes exercées sur le système océan, tant par l’occupation intensive plus ou moins régulée des littoraux que par l’exploitation des ressources, y compris dans des secteurs auparavant préservés comme les zones profondes ou polaires posent la question des recherches scientifiques nécessaires à un usage raisonné de l’océan mondial. Ceci concerne aussi bien la pêche, l’aquaculture, l’extraction des ressources minérales ou pétrolières, les installations en mer comme les plateformes ou les parcs éoliens offshore, etc, autant d’éléments qui se retouvent dans la notion de croissance bleue. Aussi bien par sa production que par les surfaces couvertes, l’océan représente des réserves pour l’avenir de l’humanité et il faut dès à présent être prêts scientifiquement à exploiter ce potentiel de la manière la plus intelligente possible. De manière plus spécifique, certains paradigmes fondateurs tels celui d’un milieu ouvert à connectivité sans limite ont été remis en cause, ouvrant de nouvelles voies de recherches sur le fonctionnement des écosystèmes marins, notamment côtiers. En relation avec la question de la connectivité, on considérait que les bouquets d’espèces («flocks»: groupes monophylétiques d’espèces à fort endémisme, dominant l’habitat, écologiquement et morphologiquement diverses) étaient rares en domaine marin. Cette affirmation est en train d’être battue en brèche, notamment grâce aux recherches de génétique qui amènent la découverte de nombreux cas d’espèces cryptiques qui modifient notre vision de la biodiversité marine, de son évolution, de sa biogéographie, de ses relations aux environnements, etc.
prospectivemer2013
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