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la dégradation générale de la qualité des eaux soumises aux apports terrigènes d’origines agricole, industrielle et domestique, la surexploitation des ressources halieutiques, l’introduction d’espèces exotiques et le changement climatique. Les effets cumulés de ces multiples stress environnementaux demeurent cependant largement méconnus. Mieux appréhender la nature des interactions entre les différentes pressions (i.e. additifs, antagonistes, multiplicatifs) à différents niveaux d’organisation du vivant (i.e. organismes, populations, communautés, écosystèmes) est un enjeu de connaissances fort tant pour le scientifique que pour le gestionnaire. Dans ce contexte général, la mise en oeuvre de la Directive Cadre européenne « Stratégie sur le Milieu Marin », s’appuyant sur un partenariat étroit entre scientifiques et acteurs publics, requiert de travailler sur la caractérisation d’un état initial des milieux côtiers et sur VI.1.3 En dépit d’une connaissance très parcellaire de la biodiversité macrobiotique et microbiotique, deux gradients principaux de distribution de la biodiversité marine dans l’océan mondial ont communément été rapportés depuis les travaux pionniers des années 60, un gradient latitudinal avec une décroissance de la diversité des zones tropicales vers les zones polaires, et un gradient bathymétrique avec un maximum de diversité à des profondeurs comprises entre 1000 et 2500 m le long du talus. Bien documenté dans l’hémisphère nord, le gradient latitudinal de biodiversité marine est mal décrit dans l’hémisphère sud par manque de données, le long du continent africain par exemple. Le projet de Grand Observatoire de l’Océan Indien devrait contribuer à pallier cette lacune de connaissance en s’appuyant sur l’exceptionnelle situation des territoires français entre les îles Eparses au nord et les Terres australes au sud. La zone du talus qui abrite un maximum de diversité constitue un écosystème particulier dont les caractéristiques environnementales originales conditionnent la vie des espèces animales et la structure des peuplements. L’obscurité devient totale entre 300 et 900 m et, la variabilité temporelle des facteurs physico-chimiques, bien que mal connue, est probablement relativement atténuée (par exemple, la température à proximité du fond reste relativement constante en un lieu donné, tout en diminuant graduellement avec la profondeur). Le talus correspond également à la zone de présence d’un minimum d’oxygène entre 500 et 1000 m. Il abrite d’autre part un écosystème riche dont la diversité et la complexité commencent à être reconnues et étudiées, celui des coraux profonds. Ces derniers ont été repérés sur de nombreuses marges continentales dans tous les océans à des profondeurs le plus souvent comprises entre 500 et 1200 m (aux hautes latitudes, ils peuvent remonter aux alentours de 100 m et, à l’inverse, descendre jusqu’à 4000 m sous les tropiques). Certaines espèces forment de véritables « récifs » de plusieurs dizaines de mètres de hauteur qui peuvent s’étendre sur plusieurs kilomètres et qui servent de substrat, de refuge et de nourriture à de nombreux invertébrés et poissons. Ces coraux profonds construisent des colonies hermatypiques similaires à celles édifiées par les coraux tropicaux ; leur croissance et leur fonctionnement écologique sont compa- Gradients de variation l’élaboration d’indicateurs biotiques du bon état écologique dans une démarche écosystémique (voir le focus DCSM, chapitre VII). Outre leur intérêt social, ces implications des chercheurs de l’INEE dans la DCSMM ouvrent des perspectives de recherche fondamentale portant sur des questions telles que : l Comment l’organisation spatiale des habitats à différentes échelles spatiales, d’une baie à un bassin océanique, influence la distribution des différentes dimensions de la biodiversité ainsi que la dynamique des communautés et métacommunautés marines ? l Quels sont les paramètres physico-chimiques les plus pertinents, à quelle échelle ? l Comment définir l’état de référence d’un habitat qui intègre la variabilité temporelle des paramètres physico-chimiques ? l Quelles sont les relations entre pressions/ impacts et réponses écologiques ? 91


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