95 ronnements considérés comme particulièrement stables comme les eaux profondes. Le réchauffement des eaux profondes est déjà significatif en Arctique, mais d’autres régions marines, et particulièrement les bassins semifermés comme la Méditerranée risquent d’être rapidement affectés par le réchauffement à grande échelle des masses d’eaux. L’adaptabilité des communautés profondes est d’autant moins bien connue que leur fonctionnement et la physiologie des espèces sont encore très largement inconnus. Une autre composante du changement climatique concerne les modifications de la fréquence et d’intensité des événements extrêmes (tempêtes, crues, icebergs) dont les impacts sur les écosystèmes en milieu côtier sont reconnus, et peuvent se propager à plus grande échelle sur toute la colonne d’eau. La connaissance de la réponse des écosystèmes à ces impacts et de leur résilience est encore limitée du fait de la VI.2.2 L’acidification Depuis le début de l’ère industrielle, l’océan a absorbé environ un tiers du dioxyde de carbone produit par diverses activités humaines incluant la combustion des énergies fossiles, la déforestation et la modification de l’usage des sols. Proche de 280 ppm à la fin de l’ère pré-industrielle, la pression partielle en CO2 était d’environ 390 ppm en 2011. Le piégeage dans l’océan du CO2 entraîne une diminution du pH de l’eau de mer (acidification) susceptible d’avoir des répercussions sévères sur la structure et le fonctionnement des écosystèmes marins (Figure VI.5). En parallèle, l’augmentation de CO2 dissous diminue la concentration en ion carbonate et le taux de saturation (Ω) du carbonate de calcium présent dans l’exosquelette de nombreux organismes marins végétaux et animaux sous la forme de calcite ou d’aragonite. Les conséquences pour ces êtres vivants sont alors doubles : dans un premier temps, un coût énergétique accru à l’extraction du carbonate de calcium de l’eau de mer et dans un second temps, une dissolution des structures carbonatées par une eau devenue plus acide. Le pH de l’eau de mer qui est légèrement alcalin a baissé de 0,1 unité depuis le début de l’ère industrielle – soit une hausse de 26 % en ions H+ – pour atteindre aujourd’hui une valeur difficulté à les observer. Il est en effet difficile de réaliser des échantillonnages et des mesures en mer dans ces conditions. Le développement de moyens autonomes d’observation et d’expérimentation donne aujourd’hui accès à une meilleure connaissance de cet aspect essentiel de l’évaluation de la vulnérabilité des écosystèmes marins au changement global. L’analyse détaillée du réchauffement climatique au cours des dernières décennies met en évidence une mosaïque complexe de situations qui dévie de l’image simpliste d’une simple migration des isothermes vers les pôles et de printemps plus précoces. Elle identifie des zones où la probabilité de basculement des équilibres écosystémiques est particulièrement importante (Océan Arctique, zone équatoriale) et illustre la nécessité d’une collaboration interdisciplinaire forte dans le développement de modèles prédictifs de la distribution des habitats marins et de la biodiversité associée. moyenne proche de 8,1, et il pourrait encore décroître de 0,2 à 0,3 unité d’ici la fin du 21e siècle. Les taux de saturation du carbonate de calcium ont diminué dans l’ensemble des eaux de surface de l’océan mondial. L’augmentation de la solubilité du CO2 dans les eaux froides expose tout particulièrement les régions polaires qui étaient proches du seuil au-delà duquel certaines configurations cristallines deviennent instables. Ainsi, les eaux de surface de ces régions deviendront sous-saturées pour l’aragonite lorsque la concentration en CO2 atmosphérique atteindra 400 à 450 ppm dans l’Océan Arctique et 550 à 600 ppm dans l’Océan Antarctique et il est très probable que ces valeurs soient atteintes avant la fin du siècle1. Le pH actuel de l’océan est le plus faible depuis plus de 20 millions d’années et la vitesse à laquelle se déroule l’acidification est 30 à 100 fois plus rapide que les changements observés dans un passé géologique récent et est sans équivalent paléo-océanographique. L’analogue passé le plus proche de l’épisode actuel d’acidification coïncide avec le maximum thermique Paléocène Eocène (-55 millions d’années). Cependant, cet épisode s’est déroulé à un rythme plus lent et n’a pas eu d’incidence globale majeure sur les systèmes biologiques. 1 - Même selon le scénario le plus optimiste du GIEC dans son rapport de 2007, le taux de 445 ppm sera dépassé.
prospectivemer2013
To see the actual publication please follow the link above