Une semaine de rencontres autour d’enjeux en écologie, environnement et biodiversité

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Le CNRS organise la première semaine nationale en écologie, environnement et biodiversité dans plusieurs villes de France, du 30 mai au 3 juin 2022. Ponctuée de nombreux évènements, elle s’appuie sur des dispositifs de partenariat originaux mis en place à la création de l’Institut écologie et environnement du CNRS.

Conférences, débats, visites… la Semaine écologie environnement biodiversité se déroule, pour sa première édition, du 30 mai au 3 juin dans treize villes métropolitaines. L’un des principaux objectifs : faire découvrir et reconnaître les connaissances scientifiques produites dans ce domaine aussi bien auprès d’acteurs du monde socio-économique, des collectivités territoriales que du grand public.

Cette Semaine est pilotée par l’Institut écologie et environnement (INEE), un des dix instituts du CNRS, qui réunit plus de 80 laboratoires issus des sciences de la Vie, de l’Univers, de l’Homme et de la Société, ayant comme intérêt commun l’écologie et l’environnement. « Et ce à toutes les échelles de temps – du très ancien au présent – et d’espace – du gène aux cycles planétaires », explique son directeur Stéphane Blanc. Créé en 2009, l’objectif de cet institut était « de cristalliser l’interdisciplinarité requise pour aborder "de façon intégrée" le fonctionnement de la biosphère globale, dans ses dimensions fondamentales mais également sous contraintes anthropiques », ajoute-t-il. Mais d’autres objectifs étaient aussi « de faire travailler des équipes issues de disciplines différentes sur des questions centrales à l’écologie, de permettre l’intégration de connaissances diverses – y compris en associant les acteurs des territoires sur des enjeux majeurs – et d’éclairer les décideurs dans la résolution des crises environnementales »

C’est pour répondre à ce défi majeur que l’INEE avait, dès son origine, mis en place des Dispositifs de partenariats en écologie et environnement (DIPEE) afin de créer de nouvelles dynamiques scientifiques entre les laboratoires d’un même site et en lien avec les partenaires et les acteurs des territoires.

Des “open lab” en science de la durabilité

Aujourd’hui, douze DIPEE existent sur le territoire national. Ils sont animés par un chargé de mission qui rassemble les membres des laboratoires et leurs partenaires autour d’enjeux partagés. « D’une certaine façon, dans leur construction et leur fonctionnement, les DIPEE ont vite incarné des “open labs” en science de la durabilité sur des questions propres aux thématiques portées par l’INEE », poursuit Stéphane Blanc. L’INEE, notamment à travers ces DIPEE, a aussi évolué au-delà d’une approche en écologie globale vers des approches de plus en plus intégrées, prenant en compte la complexité des socioécosystèmes. « Les DIPEE ont ainsi permis de mettre en place, à l’échelle régionale, des démarches de mutualisation de moyens et de ressources pour des laboratoires relevant prioritairement de l’institut », ajoute Agathe Euzen, directrice adjointe de l’INEE. « Les DIPEE jouent un rôle capital en favorisant les liens avec des partenaires, comme des collectivités ou des acteurs du monde socio-économique, en favorisant le développement de collaborations spécifiques et en facilitant l’obtention de financements complémentaires. »

Fédérer pour mieux observer, mesurer, expérimenter, innover  

À Toulouse, par exemple, le DIPEE Occitanie Ouest, coordonné par Franck Gilbert du Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement1 , rassemble six laboratoires de la Ville rose et des alentours. « Si les laboratoires ont leur vie propre, les DIPEE leur permettent de fédérer certaines actions scientifiques et stratégiques », explique Franck Gilbert. « Ce sont des lieux d’échange pour définir de nouveaux projets et gérer collectivement les demandes de moyens auprès du CNRS. Les scientifiques sont plus efficaces quand ils se connaissent mieux et peuvent communiquer plus facilement entre eux. »

Le DIPEE Occitanie Ouest a notamment été moteur pour le projet Econect, un réseau de stations sentinelles dotées de capteurs. Il surveille en direct l’état de ruches, de nids d’oiseaux ou encore de plans d’eau en Occitanie. Le tout s’effectue de manière autonome et par transmissions sans fil, ce qui évite de déranger les animaux, tout en faisant gagner un temps précieux aux chercheurs et chercheuses qui n’ont plus besoin de se rendre régulièrement sur place pour de la maintenance ou pour récupérer des données. Le DIPEE a également permis d’ajouter une formation en écologie et à l’environnement ouverte à tous les doctorants et doctorantes toulousains, quels que soient leur domaine initial et leur sujet de thèse. Un beau moyen de créer des ponts entre les disciplines.

Même enthousiasme en Rhône-Alpes. « Le DIPEE évite aux laboratoires de s’équiper individuellement avec du matériel qui pourrait être mutualisé à l’échelle locale », avance Patricia Gibert, membre du Laboratoire de biométrie et biologie évolutive2   et chargée de mission du DIPEE Lyon St-Etienne. « Il a ainsi participé, l’année dernière, à l’achat de matériel pour l’analyse et le diagnostic de la biodiversité, afin notamment d’extraire et de préparer l’ADN et l’ARN pour les séquencer. Le DIPEE nous a également permis d’organiser des animations de médiation, notamment sur les outils juridiques de protection de la biodiversité urbaine ou sur la pollution lumineuse, et de faire discuter des scientifiques qui ne se seraient pas forcément rencontrés autrement. C’est un pari qui a bien marché et les personnes impliquées y sont unanimement favorables. »

Une semaine pour partager les connaissances

C’est cette capacité des DIPEE à remplir des missions de médiation scientifique qui sera notamment mise en avant lors de la Semaine écologie environnement biodiversité. « Pour organiser cet évènement, nous nous appuyons sur les chargés de mission des DIPEE », détaille Agathe Euzen. « Nous voulons ainsi montrer l’importance du partage des connaissances pour la protection de l’environnement, essentielle au développement socio-économique des territoires et au bien-être des populations animales comme humaines. La semaine vise à mettre en avant l’importance des recherches en écologie tout comme le rôle de la biodiversité ordinaire que l’on peut croiser au quotidien. »

Dans ce cadre, le DIPEE Lyon St-Etienne organise un café-débat le 1er juin intitulé « Faut-il vraiment conserver toute la biodiversité ? », afin de ne pas oublier l’importance d’animaux et de végétaux souvent négligés ou considérés comme nuisibles, comme les moustiques. Celui-ci sera suivi le lendemain par un ensemble de conférences et de présentations à l’intention des gestionnaires, entrepreneurs, usagers et autres acteurs des territoires. Une péniche a même été louée afin de remonter la Saône, en compagnie de chercheurs qui présenteront la géographie et l’histoire de la rivière.

À Toulouse, de nombreuses présentations auront aussi lieu, comme sur la « trame noire » du Massif central – les corridors prisés par les espèces nocturnes pour leur faible luminosité. Les lumières artificielles ont en effet un fort impact sur la biodiversité, si bien que des espaces doivent rester les plus sombres possible pendant la nuit, notamment au niveau des parcs naturels. Une présentation sur la protection biologique d’arbres fruitiers à coques permettra de son côté de faire le lien entre la recherche académique, l’environnement et l’économie locale.

« Nous sommes ravis de la mobilisation de nos collègues, de la richesse et de la diversité des contributions scientifiques qui répondent aux ambitions du CNRS et valorisent le rôle de la science comme contribution majeure aux enjeux de la société et aux objectifs de développement durable », se réjouit Agathe Euzen. « Le déploiement d’initiatives dans de nombreuses régions françaises donne de la visibilité à la grande diversité de l’expertise et des compétences des scientifiques en écologie et environnement sur les périodes actuelles et passées. »

Retrouvez le programme complet de la Semaine écologie environnement biodiversité et inscrivez-vous aux évènements à cette adresse : https://www.inee.cnrs.fr/fr/semaine-ecologie-environnement-biodiversite

  • 1CNRS/INP Toulouse/Université Toulouse-Paul Sabatier.
  • 2CNRS/VetAgro Sup/Université Claude Bernard.