Zika : un moustique plus permissif au virus a facilité l’épidémie

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Le virus Zika s’est répandu à travers la planète au cours de la dernière décennie, causant des millions d’infections dont certaines associées à des malformations congénitales et des troubles neurologiques. Des scientifiques du CNRS, de l’Institut Pasteur et de l’IRD1 se sont intéressés au vecteur principal du virus Zika, le moustique Aedes aegypti. Ce moustique originaire d’Afrique a donné naissance, il y a entre 5 000 et 10 000 ans, à une sous-espèce invasive dépendante de l’Homme, qui s’est répandue sur les autres continents au cours des derniers siècles. Cette sous-espèce serait devenue un redoutable vecteur de virus (comme par exemple ceux de la fièvre jaune et de la dengue) à cause de sa préférence marquée pour le sang humain. En comparant expérimentalement des populations sauvages d’Ae. aegypti provenant de diverses régions du globe, les chercheurs ont montré que l’efficacité de la sous-espèce invasive du moustique Ae. aegypti à transmettre le virus Zika n’est pas seulement due à la fréquence de ses contacts avec l’Homme lors des repas sanguins, mais également à sa sensibilité accrue à l’infection par le virus Zika. Ces résultats, qui apportent une explication à l’absence d’épidémie majeure du virus Zika en Afrique, éclairent d’une lumière nouvelle l’émergence du virus Zika et les disparités régionales et continentales de son impact sur la santé publique. Ils sont publiés le 20 novembre 2020 dans Science.

 

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Le moustique de gauche (clair) est une femelle de la sous-espèce invasive Aedes aegypti aegypti. Le moustique de droite (foncé) est une femelle de la sous-espèce Africaine Aedes aegypti formosus © Felix Hol/Blaise Daures.

 

  • 1En France, au laboratoire Génomique évolutive, modélisation et santé (CNRS/Institut Pasteur), au laboratoire Mivegec (CNRS/IRD/Université de Montpellier) et au laboratoire de Génétique de la souris de l’Institut Pasteur.
Bibliographie

Enhanced Zika virus susceptibility of globally invasive Aedes aegypti populations. Fabien Aubry, Stéphanie Dabo, Caroline Manet, Igor Filipović, Noah H. Rose, Elliott F. Miot, Daria Martynow, Artem Baidaliuk, Sarah H. Merkling, Laura B. Dickson, Anna B. Crist, Victor O. Anyango, Claudia M. Romero-Vivas, Anubis Vega-Rúa, Isabelle   Dusfour, Davy Jiolle, Christophe Paupy, Martin N. Mayanja, Julius J. Lutwama, Alain Kohl, Veasna Duong, Alongkot Ponlawat, Massamba Sylla, Jewelna Akorli, Sampson Otoo, Joel Lutomiah, Rosemary Sang, John-Paul Mutebi, Van-Mai Cao Lormeau, Richard G. Jarman, Cheikh T. Diagne, Oumar Faye, Ousmane Faye, Amadou A. Sall, Carolyn S. McBride, Xavier Montagutelli, Gordana Rašić, Louis Lambrechts. Le 20 novembre 2020, Science. DOI : 10.1126/science.abd3663
https://science.sciencemag.org/content/370/6519/991

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Louis Lambrechts
Chercheur CNRS
Alexiane Agullo
Attachée de presse CNRS