Virus Zika : deux voies probables pour la transmission de l’infection de la mère au fœtus

Résultats scientifiques

Virus « oublié » jusqu’à la dernière vague d’infection survenue au Brésil en 2015, le virus Zika a été associé à de nombreux défauts irréversibles du développement fœtal. Aujourd’hui, l’infection par le virus ZIKA représente désormais un problème majeur qui inquiète le monde entier. L’équipe de Nabila Jabrane-Ferrat, au Centre de Physiopathologie Toulouse Purpan, qui s’intéresse particulièrement la transmission mère fœtus de certains agents infectieux délétères, a récemment étudié la transmission mère-fœtus du virus Zika. Grâce à cette étude, on sait désormais que le virus peut atteindre le placenta et ensuite le fœtuspar le biais du sang de la mère ou encore par transmission des cellules de l’endomètre vers les cellules fœtales.Ces travaux ont fait l’objet d’une publication dans la revue Scientific Reports.

Le virus Zika est un ancien virus, découvert en 1947 dans la forêt Zika en Ouganda, dont l’infection se fait par piqure de moustique. Jusqu’en 2015, l’infection par ce virus était considérée comme banale car la majorité des personnes infectées ne développent pas ou peu de symptôme, les quelques infections symptomatiques étant caractérisées par un syndrome grippal (fatigue, fièvre,…) et des éruptions cutanées. 
Depuis 2015, on assiste à une nouvelle épidémie du virus Zika, la plus importante jamais observée et qui touche durement l’Amérique du Sud et Centrale ainsi que la Polynésie Française. Cette nouvelle épidémie coïncide avec une explosion du nombre de microcéphalies, une malformation neurologique grave caractérisée par des fœtus ayant des têtes de petite taille. Grace à de nombreuses études épidémiologiques, il est maintenant clair que les femmes enceintes risquent de transmettre le virus au fœtus, ce qui peut causer des anomalies graves chez l’enfant. De plus, le premier trimestre de grossesse est la période la plus à risque car au moins 1% des nouveau-nés dont la mère a été infectée présentent une microcéphalie. 
Jusqu’à présent, le mode de transmission du virus de la mère vers le fœtus et les types de cellules infectées étaient encore mal connus. C’est dans ce contexte que l’équipe de Nabila Jabrane-Ferrat, au Centre de Physiopathologie Toulouse Purpan, s’est intéressée à la physiopathologie du virus Zika durant la grossesse. En utilisant des échantillons du premier trimestre de grossesse, les chercheurs ont mimé la transmission du ZIKV au niveau des zones de contact mère-fœtus. Ils ont découvert que la souche du virus Zika retrouvée au Brésil est capable d’infecter et d’endommager les tissus de la mère (utérus gestant) et du fœtus (placenta, cordon ombilical). De plus, ils montrent que le virus Zika infecte et se multiplie dans de nombreuses cellules de l’endomètre gestant, le placenta fœtal et les cellules souches du cordon ombilical. 
Au vu de ces résultats expérimentaux, les chercheurs suggèrent que l’infection par le virus Zika au cours du premier trimestre de grossesse se transmettre au fœtus par deux voies principales qui conduiraient à l’infection du placenta et la propagation vers le fœtus. Ainsi, l’infection pourrait passer directement par le sang maternel qui est en contact permanent avec le placenta fœtal, ou encore par progression depuis l’utérus gestant qui pourrait servir de « niche » pour la multiplication du virus et la propagation au placenta.

 

Image retirée.

Figure : Cellule du placenta fœtal infectée par le virus Zika (noyau en bleu, réseau de microtubules en rouge, protéine du virus en vert).

© Équipe Jabrane-Ferrat

 

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Contact

Nabila Jabrane-Ferrat
Directrice de Recherche CNRS au Centre de Physiopathologie Toulouse Purpan (CPTP)