Lymphocytes T : des sentinelles en première ligne dans les organes lymphoïdes secondaires pour combattre l'infection

Résultats scientifiques

Les lymphocytes T ont pour tâche de sonder l’organisme pour détecter la présence d’antigènes “étrangers”. Ainsi, à l’état basal, les lymphocytes T sont décrits comme circulant perpétuellement à travers la lymphe, le sang et les organes lymphoïdes secondaires (OLS). Cependant, une étude dirigée par Bruno Martin et Bruno Lucas à l’Institut Cochin, montre clairement qu’une sous-population de cellules T, séquestrée par les macrophages, réside dans les OLS, au sein desquels ces cellules “sentinelles” seraient prêtes à répondre très rapidement lors d’une infection. Ces travaux ont été publiés le 15 septembre 2017 dans la revue The Journal of Immunology.

Les lymphocytes T (LT) périphériques sont considérés comme menant une existence nomade afin d’augmenter leur chance de détecter et combattre au plus vite tout agent infectieux parvenu à pénétrer dans l'organisme. Ce concept a été proposé pour la première fois en 1964 par J. Gowans décrivant la circulation perpétuelle de “petits lymphocytes” à travers la lymphe, le sang et les organes lymphoïdes secondaires (OLS). Cependant, au regard de la multitude des sous-populations de cellules T récemment décrites, ce concept très général doit être réexaminé.


En utilisant deux approches expérimentales différentes, les chercheurs montrent qu’une sous-population de LT ne patrouille pas dans l’organisme à l’état basal, mais réside de manière permanente dans les OLS. Ces lymphocytes caractérisés par la co-expression d’un récepteur à l’antigène formé d’une chaîne g et d’une chaîne d (LTg/d) et du facteur de transcription RORgt, combinent à la fois des caractéristiques du système immunitaire adaptatif (lymphocytes T et B) avec les capacités de réponses extrêmement rapides des cellules du système immunitaire inné (macrophages, neutrophiles, lymphocytes NK …). En particulier, elles ont la capacité de produire rapidement des cytokines fortement pro-inflammatoires telles l’interleukine 17 (IL-17).


Cette étude a également permis de détailler ce phénomène et d’identifier les populations cellulaires impliquées dans la résidence de cette sous-population de lymphocytes T au sein des OLS. Ainsi, alors que les lymphocytes B ou les cellules dendritiques n’apparaissent pas impliqués, l’élimination in vivo des macrophages entraîne la sortie de ces cellules des OLS. Ces résultats suggèrent ainsi une implication des macrophages dans la séquestration de ces cellules dans les OLS. Des expériences de microscopie ont permis d’observer et de confirmer la grande proximité de ces lymphocytes T résidents avec des populations de macrophages au sein des ganglions lymphatiques (voir illustration).


Enfin, les chercheurs montrent que ces lymphocytes T résidents des OLS produisent très rapidement de l’IL-17 en réponse à une stimulation induite par l’injection d’un dérivé bactérien, le LPS. Ainsi, des interactions étroites avec les macrophages permettraient de séquestrer une sous-population de lymphocytes T (LTg/d exprimant le facteur de transcription RORgt) dans les OLS, au sein desquels ces cellules “sentinelles” seraient prêtes à répondre très rapidement lors d’une infection et ainsi jouer un rôle primordial lors de la phase innée de la réponse immunitaire.

 

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Figure. Localisation des LTg/d résidents des ganglions lymphatiques périphériques de souris. Marquage représentatif par immunofluorescence sur tranches fixées de ganglions périphériques (un ganglion maxillaire est représenté ici). Rouge = LTg/d, vert = facteur de transcription RORgt, bleu = macrophages sous capsulaires et médullaires des ganglions lymphatiques caractérisés par leur expression de la protéine membranaire CD169. Les LTg/d, le facteur de transcription RORgt apparaissent ici en jaune (combinaison du rouge et du vert).

© Bruno Martin et Bruno Lucas.
 

 

 

 

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Bruno Lucas
Directeur de recherche CNRS
Bruno Martin