À 8 mois, les bébés savent déjà leur grammaire

Biologie
Sciences humaines et sociales

Avant même de prononcer leurs premiers mots, les bébés acquièrent les bases de la grammaire de leur langue maternelle. Ainsi, à 8 mois, les bébés francophones sont capables de distinguer les mots dits grammaticaux ou « de fonction » (le, elle, que, dans…) et ceux dits « de contenu » (arc-en-ciel, conduire, vert…). Les premiers mots sont fréquents, car en nombre limité, et placés en position initiale en français, alors que les seconds sont plus longs et plus variés. D’après des expériences menées avec 175 bébés de huit mois par trois chercheuses du Centre de neurosciences intégratives et cognition (CNRS/Université de Paris), ces nourrissons savent déjà que les mots grammaticaux sont fréquents et qu’ils apparaissent en début de phrase. Et tandis qu’ils s’adaptent facilement aux nouveaux mots de contenu, ils marquent un désintérêt pour les nouveaux mots de fonction, jamais entendus, comme s’ils étaient déjà conscients qu’il existe un nombre limité de prépositions, déterminants, etc. Pour parvenir à ces résultats, les chercheuses ont utilisé une mini-langue inventée et estimé les préférences des bébés par la durée de leur regard. Cette étude est publiée dans la revue Current Biology le 12 mars 2020.

bébé regardant un écran, sur les genoux d'une accompagnatrice
Un enfant participant à une expérience.
Les bébés écoutent d’abord un flux sonore dans une mini-langue inventée : pendant 4 minutes alternent des mots fréquents imitant les mots grammaticaux et des mots peu fréquents imitant les mots de contenu. Puis sont présentées aux bébés des petites phrases dans cette langue inventée, la moitié suivant l’ordre des mots du français (mot fréquent initial). Lors de cette phase, un temps de regard plus long indique la préférence du nourrisson.
© Caterina Marino / CNRS / INCC

 

Bibliographie

Word Frequency Is a Cue to Lexical Category for 8-Month-Old Infants, Caterina Marino, Carline Bernard et Judit Gervain. Current Biology, 12 mars 2020. DOI : 10.1016/j.cub.2020.01.070

Contact

Caterina Marino
Post-doctorante CNRS
Véronique Etienne
Attachée de presse CNRS