Notre collègue Dominique Mandon, Directeur de Recherche
du laboratoire Chimie, électrochimie moléculaires et
chimie analytique (Cemca), est décédé le mardi
12 juillet 2016, après plusieurs mois de lutte contre une
terrible maladie.
Les activités de recherche de Dominique, orientées
au départ vers la chimie organométallique et la
chimie de coordination des éléments de transition, se
sont assez rapidement concentrées sur la chimie
bioinorganique et le biomimétisme.
Sorti de l’Ecole de Chimie de Rennes en 1982, Dominique
effectue une thèse brillante de Docteur-ingénieur sur
la chimie d’activation des aromatiques par les organo-fers,
qu’il soutient en 1985, sous la direction de Didier Astruc
dans le laboratoire de chimie des organométalliques
dirigé par le Professeur René Dabard.
Objecteur de conscience, il intègre ensuite pour un an le
laboratoire de Brest où il travaille sous la direction du
Professeur Jacques-Emile Guerchais. Dominique donne une impulsion
décisive à la chimie des dérivés
à quadruple liaison du molybdène, thématique
que commence à développer alors l’équipe
de chimie de coordination brestoise. Il met aussi à profit
cette année brestoise pour préparer une candidature
à un poste de chargé de recherche.
En octobre 1986, il est recruté chargé de recherche
CNRS dans le laboratoire dirigé par le Professeur Raymond
Weiss à Strasbourg. Sa carrière s’oriente alors
vers le domaine de la bio-inorganique. ll s’agit
d’étudier le rôle des métaux de
transition dans les systèmes biologiques au moyen de
composés appelés « analogues de synthèse
de sites actifs métalliques ». On sait en effet que la
nature sait réaliser des processus très importants au
plan économique et écologique dans des conditions
particulièrement douces, en associant protéines et
métaux de transition. La compréhension des
mécanismes intimes de la chimie du vivant mis en jeu par ces
dérivés doit permettre la mise au point de
systèmes synthétiques d’intérêt
majeur. Très investi dans sa recherche, Dominique franchit,
durant cette période, les différentes étapes
de la vie d’un chercheur : soutenance de l’habilitation
à diriger des recherches en 1995 puis nomination comme
Directeur de Recherche en 2002. En janvier 2004, il crée
à l’Institut de Chimie de Strasbourg sa propre
équipe «Laboratoire de Chimie Biomimétique des
Métaux de Transition ». De toujours, Dominique est un
membre actif du Club Métalloprotéines et
Modèles qui deviendra le Groupe Français de Chimie
Bio-inorganique, FrenchBIC, qu’il considère
jusqu’au bout comme sa famille scientifique.
En 2013, retour aux sources, Dominique revient à Brest, dans
le but de développer des collaborations avec les
collègues chimistes et électrochimistes. Son projet
est d’intégrer sa thématique dans un contexte
plus large de l’activation biomimétique de
l’oxygène, associée au transfert
d’électron, par des modèles d’enzymes du
fer et du cuivre.
Dominique s’est révélé de tout temps
comme un chimiste brillant, passionné par la chimie, la
sienne bien sûr, mais aussi celle des autres. Il alliait le
talent du manipulateur à l’imagination créative
permettant de mener à bien des projets ambitieux. Avec son
béret et ses sandales, même sous la neige, Dominique
exprimait sans doute un refus des conventions, mais aussi semble-il
un profond mysticisme. Imperturbable devant les difficultés,
Dominique était en fait un grand humaniste doté
d’un solide sens de l’humour. Ses qualités en
faisaient une personnalité très attachante.