Frédéric Partensky, chercheur au
laboratoire Adaptation et diversité en milieu
marin rattaché à la Station Biologique de
Roscoff, a participé à une étude menée
par l'équipe d'Oded Béjà (Institut Technion,
Haifa, Israël) et des collègues américains,
étude qui vient de paraître dans Nature*. En cherchant
dans des bases de données métagénomiques
d'origine marine, ces scientifiques ont découvert que des
virus de cyanobactéries (ou cyanophages) possédaient
un groupe de sept gènes potentiellement codant pour un
photosystème I (PSI) spécifiquement viral.
*Sharon, I., Alperovitch, A., Rohwer, F., Haynes, M.,
Glaser, F., Atamna-Ismaeel, N., Pinter, R. Y., Partensky, F.,
Koonin, E. V., Wolf, Y. I., Nelson, N. & Beja, O. 2009.
Photosystem I gene cassettes are present in marine virus genomes.
Nature 461:258-262
Le PSI est l'un des deux complexes pigments-protéines qui
permettent la photosynthèse oxygénique, qu'on trouve
non seulement chez les cyanobactéries, mais aussi les algues
et les plantes. La découverte de gènes
photosynthétiques chez des cyanophages n'est pas nouvelle,
puisqu'on avait déjà observé la
présence de gènes de photosystème II dans des
génomes viraux, et démontré que les virus s'en
servaient pour maintenir l'activité photosynthètique
de l'hôte durant la durée du cycle lytique. Mais c'est
la première fois qu'on découvre des gènes de
PSI, et a fortiori un groupe de 7 gènes adjacents, suffisant
pour synthétiser un PSI monomérique (a priori)
fonctionnel. L'un de ces 7 gènes résulte en fait
d'une fusion de deux gènes (psaF et psaJ) dont les produits
présente une modification structurale très importante
qui pourrait permettre au PSI d'utiliser de l'énergie
chimique provenant d'autres sources que la photosynthèse.
C'est un exemple remarquable de bioingénierie.