Hélène Bouchet soutiendra sa thèse pour
obtenir le titre de docteur de l'Université de Rennes 1 le
6 juillet 2010 à 9h30
à la Station biologique de Paimpont. La communication est
essentielle au fonctionnement d’un groupe social. Il est donc
légitime de penser que la socialité joue un
rôle majeur dans l’évolution de la
communication. Pourtant, les études comparatives testant
l’hypothèse d’une coévolution
social-vocal sont rares.
Ici, nous avons étudié trois
espèces de primates non-humains, d’une même
sous-famille et toutes forestières, qui diffèrent par
leurs systèmes sociaux contrastés, tant en termes de
structure que d’organisation. Des enregistrements des
vocalisations et des observations comportementales ont
été effectués en captivité sur 14
mangabés à collier (Cercocebus torquatus) et 29
singes de Brazza (Cercopithecus neglectus). Ces données,
couplées à d’autres portant sur 6 mones de
Campbell (Cercopithecus campbelli), ont été
analysées à plusieurs niveaux du répertoire
vocal. Nos résultats dénotent d’un lien fort
entre variabilité vocale et facteurs sociaux. Quelle que
soit l’espèce, le rôle social d’un
individu se reflète dans les types de cris qu’il
émet préférentiellement, la richesse de son
répertoire, ou encore sa loquacité. En outre, le
contexte d’émission d’un type cri, et son
rôle-clé dans le fonctionnement social du groupe,
influence son degré de variabilité acoustique et
notamment son potentiel à transmettre un message
identitaire. Enfin, un lien évident a pu être
établi entre la taille, la diversité du
répertoire, l’activité vocale et le
degré de complexité du système social de
l’espèce. Ainsi, nos résultats remettent en
question la supposée fixité des répertoires
vocaux des singes, et suggèrent une influence majeure des
pressions sociales sur l’évolution des
capacités communicatives dans la lignée
Primates.