Les masques, gants et combinaisons intégrales du laboratoire CEMES ont été donnés aux hôpitaux du CHU de Toulouse © CEMES CNRS

Les délégations planifient les dons aux hôpitaux

CNRS

Les hôpitaux français ont besoin de masques et autres matériels pour faire face à la crise sanitaire du coronavirus COVID-19. Au CNRS, chaque délégation régionale s’est rapidement mobilisée en fonction de son environnement. Focus sur trois d’entre elles.

" Ce sont des circonstances très particulières mais nos équipes ont massivement répondu présentes ", s’enthousiasme Patrice Soullie, délégué régional du CNRS pour l’Alsace, située au cœur d’un des foyers de l’épidémie de COVID-19. Comme dans toute la France, cette délégation régionale a fait suivre à l’ensemble des laboratoires qu’elle gère avec les partenaires du CNRS l’appel à recensement lancé par cinq établissements publics de recherche (CEA, CNRS, Inrae, Inria et Inserm). " Mais nous avons une certaine antériorité dans la région, touchée pour le Haut-Rhin depuis déjà cinq semaines ", précise le délégué régional. Une antériorité qui s’est manifestée par des initiatives personnelles au sein de laboratoires accueillant du personnel universitaire hospitalier, à Strasbourg ou sur le campus d’Illkirch. Au total, ce sont 44 000 masques, 2 400 boîtes de gants et 5 300 pièces d’équipements (blouses, surchaussures, etc.) qui ont été recensés puis collectés, en lien avec les partenaires et en particulier l’Inserm et l’Université de Strasbourg, au profit des hôpitaux et de l’Agence régionale de santé (ARS). " Sur le site de Cronenbourg, la collecte a été coordonnée par la délégation régionale en lien avec les directeurs d’unité, et gérée par les personnels CNRS inscrits sur le plan de continuité d’activité.", relate Patrice Soullie. La délégation couvre également l’Institut de sciences des matériaux de Mulhouse1 , un laboratoire de chimie qui a aussi fourni en matériels l’hôpital de Mulhouse, ville particulièrement touchée par le coronavirus. " Cette organisation a montré son efficacité grâce à notre forte relation avec le CHU et l’ARS, et à la forte mobilisation des équipes et des partenaires.", conclut le délégué régional.

Scientifique pratiquant un test PCR
Scientifique procédant à une "PCR" qui permet d’identifier un matériel génétique dans un échantillon © Cyril FRESILLON/CNRS Photothèque

Prendre en compte toutes les dimensions

L’organisation est similaire dans la délégation Hauts-de-France, où le message des cinq établissements de recherche a permis de " structurer les propositions des unités et recenser les masques FFP2 et FFP32 , les petits matériels consommables (réactifs, masques chirurgicaux, gants, etc.), mais aussi l’alcool nécessaire à la fabrication de solutions hydro-alcooliques ", explique le délégué régional Christophe Muller, même si certains laboratoires avaient déjà fait don de leurs stocks sur des initiatives spontanées. Sur la métropole lilloise, le Comité de recherches en matière biomédicale et de santé publique (CRBSP), entité régionale qui fédère les académiques du domaine biosanté, a mis en place, en son sein, un groupe de travail notamment pour coordonner l’appui des unités de recherche en matière d’équipements et de ressources humaines : " Représentant le CNRS au sein du CRBSP, j’ai bien sûr répondu favorablement à leur appel, confie Christophe Muller, car cela évite de multiplier les interlocuteurs. Nous transmettons donc nos informations à l’Inserm, qui représente les EPST3 au sein de cette task force qui coordonne la collecte et la redistribution des moyens mis à disposition par les unités ". Dans cette situation de crise sanitaire, le délégué s’efforce de prendre en compte toutes les dimensions, telles que l’activation des plans de continuité d’activité des unités, le risque d’isolement social de certains personnels en télétravail, ou encore l’anticipation du redémarrage des activités au sortir du confinement. Pour les plus gros équipements, de type PCR4 , " l’aide se concrétisera par une mise à disposition qu’il convient de coordonner de manière à ce que les équipements soient rétrocédés aux unités à la fin de la crise ". D’ailleurs, le délégué régional a été étonné de trouver ce type de matériel dans plusieurs unités n’ayant pas d’activités scientifiques dans le domaine biomédical : "nous avions tout intérêt à balayer large pour pouvoir répondre au mieux aux besoins exprimés par les établissements de santé", confirme-t-il.

Le choix du moindre risque

Dans la délégation Centre Limousin Poitou-Charentes, qui couvre une soixantaine de laboratoires sur cinq sites, " nous avons fait le choix de la proximité ", explique Ludovic Hamon, le délégué régional. Ainsi, des initiatives fortes lancées par l’Université sur le site de La Rochelle ont contribué à organiser collecte et distribution au centre hospitalier local dès le début de la crise. Les laboratoires d’Orléans et de Tours se sont aussi mobilisés pour recenser le matériel dont ils disposaient pour qu’ils soient distribués aux centres hospitaliers locaux. D’autres ont spontanément fait le choix de fournir leur matériel aux médecins généralistes, par exemple ceux installés en périphérie d’Orléans. " L’appel au don centralisé renforce l’action sur le terrain " en s’appuyant sur les agents qui ont déjà un lien fort avec les CHU, comme l’unité CRIBL5 implantée au sein même du CHU de Limoges. Et à Poitiers, le recensement a mis en évidence, pour quelques unités, de petits stocks de masques répartis sur différents sites : " En lien avec le vice-président Recherche de l’Université de Poitiers, nous avons alors fait le choix de ne pas procéder à une collecte de ces stocks, car le bénéfice ne compensait pas le risque entraîné par le déplacement des agents ", surtout que la pression sur le CHU de Poitiers a diminué suite à des dotations intervenues en début de semaine. La situation évolue en effet au jour le jour et les besoins des hôpitaux restent variables selon le lieu et évolutifs dans le temps : " ce premier recensement permet à présent de répondre plus rapidement aux premiers besoins exprimés par les CHU, atteste Ludovic Hamon. Si de nouveaux besoins plus spécifiques se faisaient sentir, de nouveaux recensements pourraient être faits. C’est un véritable élan de solidarité qui mobilise toutes nos équipes."

  • 1CNRS/Université de Haute Alsace.
  • 2Un masque de protection FFP (« filtering facepiece ») est un appareil de protection respiratoire jetable filtrant contre les particules. FFP2 et FFP3 correspondent aux classes d’efficacité de filtration les plus élevées.
  • 3Établissements publics à caractère scientifique et technologique, comme le CNRS, l’Inserm ou encore Inria.
  • 4Le dépistage PCR, pour “polymerase chain reaction”, permet d’identifier le matériel génétique du coronavirus dans un échantillon issu des patients.
  • 5Contrôle des réponses immunes B et des lymphoproliférations (CNRS/Inserm/Université de Limoges).