Sur Mars, la boue s’écoule comme de la lave

Univers

La surface de la planète Mars porte les traces d’un potentiel « volcanisme sédimentaire » passé, un phénomène géologique qui entrainerait l’éruption de boue depuis le sous-sol martien. Seulement, comment se comporte un mélange de roche et d’eau une fois à l’air libre sur la planète rouge ? Les conditions y sont en effet extrêmement différentes de celles de la Terre : une pression atmosphérique 150 fois plus faible que la nôtre, et des températures le plus souvent négatives. Aussi, une équipe de recherche internationale impliquant Susan Conway, chercheuse du CNRS au Laboratoire de planétologie et géodynamique (CNRS/Université de Nantes/Université Angers) a reproduit des conditions similaires dans une chambre basse pression et observé l’écoulement de la boue dans ces conditions. Leurs expérimentations montrent que la boue se comporte alors de la même manière que certaines coulées de laves terrestres et formant de nombreux plis, appelées pahoehoe. Sur Mars, la surface extérieure de la boue doit geler au contact de l’air, alors que la boue liquide interne se déverse à partir de ruptures dans cette croûte gelée pour se recongeler et former un nouveau lobe d'écoulement (voir vidéo). Ces résultats publiés dans Nature Geoscience le 18 mai 2020 suggèrent que le volcanisme sédimentaire peut se manifester sur Mars, mais invite également la communauté à revoir toutes les structures géologiques martiennes pouvant avoir été formées par ce phénomène.

Boue figée après s’être écoulée dans des conditions de pression et de température similaires à celles de la planète Mars. Les formes lobées et les creux présents sous la croute sont des morphologies normalement associées avec de la lave sur Terre.
© Brož et al./Nature Geoscience

 

Bibliographie

Experimental evidence for lava-like mud flows under Martian surface conditions. Petr Brož, Ondřej Krýza, Lionel Wilson, Susan J. Conway, Ernst Hauber, Adriano Mazzini, Jan Raack, Matthew R. Balme, Matthew E. Sylvest et Manish R. Patel. Nature Geoscience, le 18 mai 2020. DOI:10.1038/s41561-020-0577-2

Contact

Susan Conway
Chercheuse CNRS
François Maginiot
Attaché de presse CNRS