PhDiscovery, une formation à l’entrepreneuriat pour les doctorants du CNRS

Innovation

Début octobre, dix-huit doctorantes et doctorants, recrutés par le CNRS, se sont retrouvés cinq jours en résidence à Saint-Rémy-lès-Chevreuse pour suivre le programme PhDiscovery. L’objectif ? Une plongée dans le bain de l’entrepreneuriat par la pratique. Les jeunes chercheuses et chercheurs devaient construire un projet visant à valoriser une technologie du CNRS et défendre leurs idées de développement devant un jury d’experts.

Que faire après la thèse ? Pour beaucoup de doctorants, l’une des réponses réside dans l’entrepreneuriat. Dans une enquête menée en 2022 (par PhDTalent et Bpifrance), on apprend ainsi que plus de 7 jeunes chercheurs sur 10 estiment que la valorisation via la création de start-up fait partie de la mission des chercheurs et près de 5 sur 10 déclarent être intéressés par le fait de créer ou cofonder une start-up.

Le programme PhDiscovery a été imaginé pour sensibiliser des doctorants recrutés par le CNRS dans les laboratoires sous sa tutelle et leur donner clés et méthodes pour entamer ce chemin. « C’est un enjeu majeur pour le CNRS que d’accompagner les jeunes chercheurs dans leurs efforts de valorisation des résultats de leur recherche vers la société. Il nous a semblé important de proposer un nouveau programme à destination des doctorants pour permettre cette acculturation à l’entrepreneuriat au plus tôt de leur parcours », précise Mehdi Gmar, Directeur général de CNRS Innovation. 

Ce programme a été construit et mis en œuvre par CNRS Innovation, sous le pilotage de Tamara Silvain et Anne-Lou Touret, Start-up Managers chez CNRS Innovation dans le cadre du programme RISE d’accompagnement à la création de start-ups. « Notre métier est d’aider les chercheurs à passer de l’invention à l’innovation, résume Tamara Silvain. Avec PhDiscovery, nous intervenons encore plus tôt en montrant aux doctorants qu’il est possible d’emprunter d’autres voies après la thèse. Nous souhaitons les sensibiliser à la valorisation et à l’entrepreneuriat, et les actifs détenus par le CNRS sont un vrai levier pour cela, au-delà de la mise en pratique proposé par le programme ».

Les dix-huit candidats retenus pour cette formation ont été le fruit d’une sélection équivalente à un processus de recrutement. « Pour la sélection, nous nous sommes basées en particulier sur la motivation des doctorants, précise Anne-Lou Touret. Les participants n’allaient ni travailler sur leur sujet de recherche ni même nécessairement dans leur discipline. Nous avons pensé ce séminaire un peu à la manière d’une résidence, d’un laboratoire d’expérimentation. Aller dans la vallée de Chevreuse dans les Yvelines, permettre aux candidats de profiter du calme des lieux mais aussi de ressentir l’émulation de la vie en commun étaient importants pour nous. »

Répartis par groupes de trois, les doctorants ont d’abord choisi parmi dix brevets détenus par le CNRS, mais non-exploités. Leur objectif était de produire, à la fin de la semaine, un projet d’entrepreneuriat centré sur ce brevet et le présenter devant un jury. En plus du coaching et du soutien constant des deux start-up managers, les équipes ont bénéficié du passage d’intervenants de divers horizons. Adoc Talent Management, cabinet de conseil consacré au recrutement de docteurs, ou Bpifrance étaient notamment représentés.  Xavier Milin, expert en levées de fonds, Manuel Ausserré, spécialiste de prise de parole en public et deux lauréats du concours i-PHD en 2021, ont complété la formation dispensée cette semaine-là.

Le dernier jour, ce sont donc six projets qui ont été présentés, trois ont été plébiscités par le jury. D’abord Minox, consacré à la synthèse de billes composites revêtues d’oxyde de manganèse nanostructuré pour la dépollution de l’eau puis SolarSkin, centré sur la conception de miroirs pour cellule photovoltaïque. Enfin, CureTech concernait la valorisation d’un nouvel agent antiviral.

L’expérience a ravi les participants, et notamment Michel Feron, arrivé en haut du podium des présentations les plus convaincantes avec Minox. Familier du sujet sur lequel il a planché, Michel vient d’entamer sa troisième année de thèse1 , il étudie les propriétés de nanocomposites piégés dans des solides par des plasmas : « PhDiscovery est un programme à recommander. Cette formation nous a ouvert un champ des possibles, avec un apport méthodologique par des experts de CNRS Innovation, tandis que les intervenants nous ont apporté leurs compétences et leur carnet d’adresses. Il existe des financements et du soutien en France pour passer du laboratoire à l’entrepreneuriat, et il faut que les doctorants soient, a minima, pleinement au courant ».

Un constat partagé par les organisatrices. « Nous avons été bluffées par les pitchs finaux du dernier jour de la formation, surtout quand on sait que ces doctorants n’avaient pas de notion à l’entrepreneuriat avant la formation, se réjouit Anne-Lou Touret. Nous sommes contentes d’avoir vu autant d’intérêt et de dynamisme de leur part et, honnêtement, les projets défendus sont plutôt solides ! ».

  • 1Au Laboratoire de chimie de coordination du CNRS et au Laboratoire plasma et conversion d’énergie (CNRS/Toulouse INP/Université Toulouse III - Paul Sabatier).