La recherche mathématique au service de la performance des coureurs

Mathématiques

Comment optimiser la course à pied ? Un tout nouveau modèle mathématique révèle de manière très précise l’influence des paramètres physiologiques et mentaux dans la performance en course et donne des clés de compréhension pour optimiser l’entraînement. Il est issu des travaux menés par une équipe franco-britannique, comprenant deux chercheurs du CNRS1 , dont les résultats sont à paraître le 5 mars 2024 dans la revue Frontiers in Sports and Active Living.

Ce modèle innovant a été développé grâce à des données de championnat de course extrêmement précises2 , notamment celles des performances de Matthew Hudson-Smith et Femke Bol (400m), de Jakob Ingebrigtsen (1500m) aux championnats d’Europe de Munich de 2022 et de Gaia Sabbatini (1500m) aux championnats Junior U23 de Tallinn de 2021. Il conduit à un problème d’optimisation du temps final de course, de l’effort et de la dépense énergétique. C’est la première fois qu’un tel modèle prend également en compte la variabilité du contrôle moteur, soit le rôle du cerveau dans le processus de production du mouvement. Il permet de calculer tous les paramètres physiologiques des coureurs étudiés, en particulier la consommation d'oxygène ou VO2 3 et l’énergie dépensée pendant l’effort, et d’en simuler des variations. Grâce à la quantification des coûts et des bénéfices, le modèle donne accès de manière instantanée à la meilleure stratégie pour que le coureur performe de manière optimisée.

L’étude détaille ainsi une multitude de critères, comme l’importance d’un départ rapide dans les 50 premiers mètres en raison de la nécessité d'une cinétique de l'oxygène rapide, ou celle de la réduction de la décélération pour une course de 400 mètres. Les scientifiques démontrent également en quoi l'amélioration du métabolisme aérobie (assimilation de l’oxygène) et de la capacité à tenir sa VO2 est primordiale pour une performance au 1500 mètres. 

Le développement de ce modèle représente une avancée considérable pour l’étude des variations des paramètres physiologiques lors de performances en championnat, pour lesquelles les mesures in vivo sont impossibles.

Vitesse de course simulée pour Jakob Ingebrigtsen : lors de sa course à Munich (ligne bleue), avec la valeur maximale de VO2 augmentée de 5% ( ligne verte), avec l’énergie anaérobie e0 augmentée de 5% (ligne rouge), avec la force maximale de propulsion fM augmentée de 10% (ligne noire) et avec la cinétique augmentée de 5% (ligne violette) © Amandine Aftalion.

 

  • 1Du Centre d’analyses et de mathématiques sociales (CNRS/EHESS) en collaboration avec le Laboratoire Jacques-Louis Lions (CNRS/Sorbonne Université/Université Paris Cité) et Carnegie School of Sport à Leeds Beckett University.
  • 2Mesures relevées toutes les 100 millisecondes.
  • 3Débit d’oxygène que l’on transforme en énergie.
Bibliographie

Modeling the optimization of World-class 400m and 1500m running performances using high-resolution data. Antoine Le Hyaric, Amandine Aftalion, Brian Hanley. Frontiers in Sports and Active Living, 5 mars 2024.
DOI : https://doi.org/10.3389/fspor.2024.1293145

Pour aller plus loin« Pourquoi est-on penché dans les virages ? Le sport expliqué par les sciences en 40 questions », un livre qui croise mathématiques, physique et sport | CNRS Mathématiques

 

Contact

Amandine Aftalion
Chercheuse CNRS
Manon Landurant
Attachée de presse CNRS