Un hackathon pour accompagner la gestion des pandémies

Innovation

La recherche aime le long terme, mais de bonnes idées peuvent aussi surgir en 48 heures. L’institut européen d’innovation et de technologie pour le digital (EIT Digital) organise ainsi un hackathon, afin de développer des solutions, basées sur les données, pour mieux gérer le cycle de vie des épidémies. Une occasion supplémentaire pour étudiants, chercheurs et entrepreneurs d’apporter leur pierre face à la maladie.

Des essais cliniques aux études fondamentales, la science et la médecine s’organisent de différentes manières pour lutter contre la pandémie de COVID-19. D’autres formats sont également possibles, tels que les hackathons. Ces marathons de développement et de programmation informatiques font concourir et coopérer des équipes pendant un temps limité, souvent un week-end, pour résoudre un problème précis. Les meilleures solutions sont ensuite récompensées par une aide, pas seulement financière, pour être appliquées et valorisées.


L’institut européen d’innovation et de technologie pour le digital (EIT Digital) organise ainsi, du 1er au 3 mai, un hackathon sur l’utilisation de données pour combattre le COVID-19. Il s’agit même d’un deephack, c’est-à-dire qu'il est focalisé sur la deep tech : des innovations reposant sur une base scientifique importante, souvent créées dans des laboratoires de recherche fondamentale. « Partout en Europe, des étudiants extrêmement dynamiques, des instituts de recherche et des entreprises disposent d’atouts pour mieux gérer l’épidémie », déclare Guillaume Toublanc, directeur général France d’EIT Digital. « Les données numériques sont une des clés pour aplatir la courbe de COVID-19, alors que la crise risque de durer. »


Les Instituts européens d’innovation et de technologie, ou EIT, sont apparus à partir de 2008 sous l’égide de l’Union européenne dans le cadre du programme Horizon 2020. Ils ont pour but de soutenir la recherche et l’innovation sur le vieux continent, avec une dizaine de branches dédiées à la santé, l’énergie, l’agroalimentaire… Installé à Bruxelles et fondé en 2010, EIT Digital se focalise comme son nom l’indique sur le numérique et le digital.

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Un des nombreux hackatons organisés par EIT Digital. ©EITDigital


Des données au cœur de l’innovation
Ce deephack a pour vocation de trouver des solutions, centrées sur l’utilisation des données, pour s’adapter au cycle complet de l’épidémie. Cela couvre aussi bien des signaux d’alerte pour les premières phases de détection de la maladie, que des innovations pour accompagner le déconfinement, déjà commencé dans plusieurs pays européens. Les idées peuvent également aider au partage des informations et à mesurer l’impact de l’épidémie sur différentes catégories de la population. « Le deephack se focalisera sur comment obtenir, analyser, partager, utiliser et protéger les données », insiste Guillaume Toublanc.


Étudiants, chercheurs et entrepreneurs peuvent s’inscrire jusqu’au 27 avril. Avec le confinement, le deephack aura bien entendu lieu à distance, mais se déroulera au plus près des conditions habituelles. Les équipes, d’une à cinq personnes, auront 48 heures pour développer leurs solutions avec l’aide de mentors. Un jury décidera ensuite du gagnant selon l’impact, les possibilités de déploiement à grande échelle et les aspects économiques des idées proposées.


Mais quelles données utiliser ? Les participants pourront piocher dans toute une série de projets scientifiques dont les résultats et les chiffres sont disponibles en ligne : Coronavirus COVID-19 Global Cases JHU, COVID-19 Tracker Application, COVID-19 Coronavirus Pandemic, COVID-19 Community Mobility Reports ou encore le COVID Tracking Project.


Un défi intercontinental
« Plus d’une vingtaine d’équipes se sont déjà constituées depuis que nous avons lancé notre campagne, le 13 avril », se félicite Guillaume Toublanc. « Nous avons bien sûr une majorité d’Européens mais le deephack accueille également, à ce jour, des participants américains qui comptent pour 15 % des participants actuellement enregistrés. » Les inscrits feront l’objet d’un premier tri, via un questionnaire en ligne, pour ne laisser que quinze groupes concourir lors du hackaton.


Les gagnants se partageront 15 000 € et un suivi soutenu d’EIT Digital pendant six mois, afin de trouver plus facilement des financements et des partenaires pour concrétiser le projet. « Notre force réside dans notre écosystème, » souligne Guillaume Toublanc. « Nous rejoindre, c’est entrer d’emblée dans un réseau de 250 partenaires technologiques et scientifiques majeurs. »


L’institut suit en effet trois missions principales : l’éducation, la recherche et le développement des start-up. « Il n’y a pas d’innovation sans éducation », insiste Guillaume Toublanc. « Nous sommes partenaires de dix-sept universités, où nous aidons à former chaque année près de huit cents étudiants. Il s’agit surtout de programmes de master et de doctorats, en lien avec les nouvelles technologies : data science, cybersécurité, systèmes embarqués et autonomes, technologies financières… »


Des hackathons pour toutes les situations
EIT Digital s’occupe également de valoriser la recherche européenne, en accompagnant les innovations du laboratoire au marché. Une cinquantaine de projets sont ainsi soutenus chaque année, comme LMAD1 . Ce robot se présente comme un casier roulant, capable de livrer seul des colis dans une zone d’environ un kilomètre et demi. Enfin, lors que les start-up sont déjà en place, EIT Digital les aide à trouver de nouveaux clients et partenaires, afin de grossir et développer leur marché. Cela a ainsi été le cas pour NAVYA, un système de navettes électrique et autonome qui a réalisé son introduction en bourse en 2018.


Les hackathons réunissent et condensent en quelque sorte ces trois thèmes. EIT Digital avait par exemple organisé un DeepHack en décembre 2018 en Californie, pour lutter contre la congestion du trafic routier autour de la baie de San Francisco et dans la Silicon Valley. Le même mois, mais cette fois à Berlin, EIT Digital tenait un évènement consacré à l’impression 3D. D’autres structures ont déjà orchestré des hackathons sur le thème du coronavirus : Hack la crise au mois de mars, Versus Virus en Suisse ou encore BuildforCOVID19, soutenu par Facebook, Microsoft et Twitter. « Ces manifestations sont une opportunité pour les chercheurs qui voudraient entreprendre et mettre en avant leurs travaux », conclut Guillaume Toublanc. « Je pense que l’Europe a une carte à jouer sur la deep tech. »

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