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Des innovations issues de la recherche seront présentées lors du salon international des techniques muséographiques (SITEM 2020), du 28 au 30 janvier 2020.
Géolocalisation de précision, analyse sans contact des œuvres du patrimoine, écoute par conduction osseuse… Sur le stand CNRS de la 24e édition du salon SITEM, six équipes présenteront des inventions qui contribuent à l’évolution des pratiques dans la conservation et la gestion des collections et des archives, de la muséographie ou encore de l’accueil des publics.
« Le CNRS accompagne sur les salons professionnels les projets qui sont les plus engagés dans leur processus de transfert vers le monde économique, social et culturel, afin de les aider à trouver ou conforter des marchés », explique Pierre-Yves Saillant, chargé de mission Innovatives SHS à l’Institut des sciences humaine et sociales du CNRS. Depuis Innovatives SHS, un salon du CNRS sur lequel les start-up présentes au Sitem ont été sélectionnées, cet accompagnement « est un processus inscrit dans la durée » qui représente une vraie plus-value. « C’est suite au salon Innovatives SHS de 2015 que le partenariat avec le Louvre-Lens est né et a permis le passage à la 3D » pour le projet Ikonikat qui présente cette année au Sitem une version Ikonikat 3D inédite, « nouvelle façon de concevoir le rapport à l’œuvre et la muséographie ».
« En se confrontant à d’autres projets, en rencontrant des équipes d’autres domaines sur Innovatives SHS puis sur d’autres salons, nos équipes de recherche peuvent toucher du doigt le large spectre des possibilités qui s’offrent à eux », continue Pierre-Yves Saillant. Et découvrir souvent des opportunités inattendues, comme le projet LEDµSF et son spectrofluorimètre à LED portable, commercialisé par une entreprise allemande qui a aussi des clients dans l’alimentaire, ou le projet Losonnante, qui n’avait pas identifié les musées comme partenaires potentiels : « Diffuser du son sans pollution sonore et s’adresser aux publics malentendants sont de véritables enjeux pour le milieu muséal ». Le laboratoire commun Géo-héritage1 le confirme avec son invention Kheops utilisée par les scientifiques des musées qui collaborent aux chantiers archéologiques, un milieu auquel le laboratoire « n’aurait pas eu accès sans notre accompagnement sur des salons ».
Les projets Ikonikat 3D, LEDµSF, Losonnante et Mercurio seront aussi présentés lors d’une table ronde organisée le jeudi 30 janvier. Modéré par Pierre-Yves Saillant et Priscilla Gustave-Perron, chargée de mission recherche du Département de la recherche de l’Enseignement supérieur et de la technologie (DREST) du Ministère de la culture, cet échange marque « une forte collaboration stratégique entre le CNRS et le Ministère de la culture » sur ces recherches interdisciplinaires ‒ mêlant sociologues, historiens de l’arts, architectes, mais aussi physiciens, acousticiens, ingénieurs en mécanique ou informaticiens ‒ qui répondent aux besoins spécifiques des professionnels des musées. Cette nouvelle édition réunit 165 exposants, dont 20 % venus de l’étranger, et prévoit une fréquentation de 3500 personnes.
Losonnante, le corps à l’écoute
Bruits ambiants, niveaux sonores difficiles à régler, conflits d’espace, saturations d’informations… Amener une dimension sonore sur une scénographie d’exposition, avec des documentaires par exemple, peut vite être une source de difficultés. Losonnante propose une autre approche du sonore : fondé sur l’écoute par conduction osseuse, il plonge l’auditeur dans une expérience sensorielle immersive, tout en laissant les points de diffusion silencieux. En effet, en posant ses coudes sur un boîtier renfermant le dispositif et ses mains sur ses oreilles comme des écouteurs, le visiteur peut entendre un contenu sonore propagé par vibrations via ses os jusqu’à son oreille interne. Soutenu et accompagné par le LabEx ITEM (Innovation et territoires de montagne), Losonnante est présenté par Sébastien Depertat, ingénieur d’étude au laboratoire Pacte2 et Thomas Bonnenfant, ingénieur d’étude au laboratoire Ambiances architectures urbanités3.
NOMADHISS, le passé en 5D
Ce « nouveau mode d’approche et de découverte de l’Histoire par l’immersion, le sensible et le sensoriel », NOMADHISS, entend replacer l’humain au centre du patrimoine historique. Sur supports nomades (tablette, smartphone ou casque immersif) et s’inspirant des technologies du jeu vidéo comme la réalité virtuelle, il restitue l’Histoire en 5D immersive (3D, déplacement, sensorialité) pour plonger le visiteur dans l’action : revivre les théâtres de la Foire Saint-Germain à Paris au XVIIIe siècle, retrouver les sons d’hier de la ville de Lyon ou de la chapelle pontificale du palais des papes d’Avignon, etc. NOMADHISS est présenté par Mylène Pardoen, ingénieure de recherche CNRS à la Maison des sciences de l’Homme Lyon St-Etienne4.
Ikonikat 3D, pour comprendre le regard des visiteurs
Application développée au CNRS et testée en 2017 au musée du Louvre-Lens, Ikonikat permettait aux chercheurs d’observer la façon dont le public regardait les tableaux—quels détails attiraient leurs regards ? Avec Ikonikat 3D, procédé inédit de réalité augmentée et d’annotation graphique dans l’espace, le projet s’attaque maintenant aux statues. Muni d’une tablette, le visiteur peut ainsi désigner les éléments qui lui paraissent pertinents sur la sculpture qu’il visualise. L’ensemble des tracés réunis peut aider à comprendre ce que les publics de musée regardent et comment ils le font. Présenté par le sociologue Mathias Blanc, et Nicolas Bremard et Julien Wylleman, ingénieurs de recherche au Centre de recherche en informatique, signal et automatique de Lille5, l’outil est issu d’un dialogue interdisciplinaire entre des chercheurs en sciences sociales et des informaticiens spécialistes des interactions homme-machine.
KheoPS, la géolocalisation de précision
Développé pour la prospection archéologique, l’appareil KheoPs du laboratoire Géo-Héritage1 est un système de géolocalisation précis (moins de 10 cm, et dans certaines conditions moins d’un centimètre) à bas coût, léger et autonome. Il permet de cartographier un site avec précision et d’en estimer le potentiel archéologique dans une démarche de protection du patrimoine. Utilisable via des tablettes et smartphones, il est développé par Lionel Darras, ingénieur CNRS au laboratoire Archéorient environnements et sociétés de l'orient ancien6.
LEDµSF, l’analyse sans contact des œuvres du patrimoine
Étudier la composition chimique des objets est nécessaire pour mieux comprendre, préserver voire restaurer notre patrimoine, par exemple des peintures ou des artefacts. Dans le cas d’œuvres fragiles ou précieuses, sur lesquelles les prélèvements sont difficiles, il faut développer des techniques non invasives d’analyse des matériaux. Co-inventé par Aurélie Mounier, ingénieure de recherche CNRS au sein du Centre de recherche en physique appliquée à l'archéologie de l’Institut de recherche sur les archéomatériaux7, et breveté dès 2014, LEDµSF exploite les propriétés de fluorescence des matériaux pour les identifier. D’abord développé pour l’étude en laboratoire, l’outil a été miniaturisé pour être mobile et utilisable directement dans un musée ou sur un site extérieur.
Mercurio, la numérisation des collections
Issue du laboratoire Modèles et simulations pour l’architecture et le patrimoine8, la start-up Mercurio développe un scanner automatique, transportable et à bas coût pour la numérisation 3D de grandes collections d’objets comme des artefacts patrimoniaux. Inventé par Eloi Gattet, président de Mercurio, et breveté, ce scanner enregistre et retransmet la géométrie, les couleurs et les propriétés optiques des objets scannés. Une nouvelle façon de montrer les réserves d’un musée au public (voir la vidéo).
1 Laboratoire commun Université Lumière Lyon 2/CNRS/ Éveha International, soutenu par l’ANR
2 CNRS/Université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble
3 CNRS/Centrale Nantes/ENSA Grenoble/École nationale supérieure d’architecture de Grenoble
4 CNRS/ENS Lyon/Université Jean Moulin/Sciences Po Lyon/Université Lumière Lyon 2/Université Jean Monnet/Université Claude Bernard
5 CNRS/Centrale Lille/Université de Lille
6 CNRS/Université Lumière Lyon 2
7 CNRS/Université de technologie de Belfort-Montbéliard/Université d’Orléans/Université Bordeaux Montaigne
8 CNRS/Ministère de la Culture