CNRS La lettre innovation

Trois contrats de collaboration de recherche ont été signés dans le cadre du plan France Relance, dont le CNRS, pour le compte de l’État, est l’un des opérateurs de la mesure de préservation de l’emploi de R&D des entreprises. Pour préserver le potentiel d’innovation de l’entreprise Hensoldt Space Consulting, le CNRS accueillera ainsi au sein du Laboratoire atmosphères, observations spatiales (Latmos), via une mise à disposition d’une durée de deux ans, trois ingénieurs R&D de la société de conseil en management de projets spatiaux, afin de travailler sur des projets de recherche collaborative.

« Les laboratoires publics de recherche et les entreprises de toute taille ont montré un grand intérêt pour cette mesure novatrice et ambitieuse, qui vise à développer les coopérations scientifiques en facilitant l’accueil croisé de personnels de recherche. Depuis mai 2021, le CNRS a déjà identifié plus de 200 projets concrets qui pourront bénéficier de cette mesure », déclare Jean-Luc Moullet, directeur général délégué à l’innovation du CNRS. « Ces projets illustrent parfaitement l’une des orientations stratégiques du CNRS, qui consiste à renforcer la position de la science au service de la société », explique-t-il.

« Le plan France Relance R&D va permettre à notre société de se positionner, en collaboration avec le Latmos, sur des sujets à la fois opérationnels, tels que le développement d’une cellule hydrogène, et prospectifs, avec notamment le marché lunaire en devenir, explique Nicolas Mayordomo, directeur général de Hensoldt Space Consulting. « Le plan France Relance R&D concrétise également notre volonté de faire partie intégrante de l’écosystème francilien sur les thématiques de l’atmosphère, de l’observation de la Terre, de l’exploration habitée, de l’exploration robotique ainsi que des sciences de l’Univers ».

Le Latmos est reconnu pour ses développements d’instruments innovants et spécifiques destinés à l’observation des atmosphères terrestre et planétaires. Quant à la société Hensoldt Space Consulting, elle a participé à plus de cinquante missions spatiales et possède une forte expertise en gestion de projets spatiaux, depuis la phase de conception - maturation des instruments, rédaction des dossiers de réponse à appel d’offre spatial - jusqu’à la phase d’exploitation des instruments.

Les projets de recherche adossés aux trois contrats de collaboration sont le fruit de cette convergence de compétences. Chaque collaboration a été construite autour d’un axe scientifique :

1. L’instrument Viral pour l’étude de Vénus. Le Latmos étudie et développe des modèles numériques de l’atmosphère de Vénus qui nécessitent des données recueillies par des instruments optiques embarqués à bord de missions spatiales placés en orbite de la planète. Une expérience scientifique spatiale, Viral (Venus infrared atmospheric gases linker), a été sélectionnée pour faire partie de la charge utile de la mission planétaire indienne Shukrayaan prévue pour 2024. Le spectromètre optique Viral permettra l’étude de l’atmosphère de Vénus dans le domaine de l’infra-rouge et fournira des données scientifiques uniques, dans le prolongement des études faites au Latmos via l’instrument Spicav de la mission Venus-EXpress, lancée en 2005. Le Latmos est responsable de la contribution française à l’instrument Viral : la fourniture du détecteur de vol et la finalisation de l’instrument optique. La réalisation de ce projet fera appel à des compétences de haut niveau en ingénierie, activité permettant d’assurer la gestion technique d’un projet. En effet, l’instrument optique nécessite, d’une part, des développements en ingénierie optique, mécanique, thermique, électronique et informatique. D’autre part, l’intégration du détecteur dans l’instrument, et le suivi des activités d’étalonnage et des tests environnementaux, impliquent une gestion des systèmes complexe. L’intégration d’un ingénieur « système » de Hensoldt Space Consulting à l’équipe du projet Viral permettra de mener à bien ces activités et de développer les compétences des agents du Latmos dans ce domaine.

2. Chromatographie en phase gazeuse et spectrométrie optique dans le domaine de l’ultraviolet. La chromatographie en phase gazeuse et la spectrométrie optique dans le domaine de l’ultraviolet sont deux filières technologiques d’excellence du Latmos, qui participe ainsi à la réussite de missions spatiales. Le laboratoire doit notamment livrer à la Nasa en 2024 le modèle de vol du chromatographe en phase gazeuse de la suite instrumentale DraMS. DraMS est l’instrument phare de la mission DragonFly qui consiste à envoyer un drone sur Titan, le plus grand satellite de Saturne, afin de détecter des composés organiques dans son atmosphère et son sol. Une mission très attendue, une première technologique, et le grand retour scientifique sur Titan depuis le succès de la mission Cassini-Huygens. La fonction d’expert Assemblage – Intégration et Test (AIT) est cruciale pour prévoir l’ensemble des moyens humains, techniques et financiers permettant de mener à bien l'intégration et le test des instruments spatiaux dans le respect du calendrier imposé pour chaque mission spatiale. L’intégration d’un ingénieur AIT de la société au sein de deux équipes du Latmos permettra de mener à bien les activités AIT sur les deux axes d’excellence du laboratoire. Dans le domaine de l’ultraviolet, il s’agira de développer des cellules à décharge gazeuse, composant clé des spectromètres optiques réalisés au sein du laboratoire. Le deuxième volet concerne l’adaptation et l’amélioration de chromatographes en phase gazeuse hérités des projets GAP sur la mission Phobos-Grunt, SAM (Sample analysis at Mars) sur la mission Mars Science Laboratory ou Moma (Mars organic molecule analyser) pour ExoMars2022. Outre la poursuite de ces activités, cette collaboration permettra également d’assurer la transmission de ce savoir au sein du laboratoire.

3. Chantier lunaire. Le Latmos a lancé en 2021 une action transverse, le « chantier lunaire », visant à développer des instruments, puis à exploiter leurs données grâce à l’emport d’expériences scientifiques du laboratoire à bord des futures missions lunaires. En effet, de nombreuses missions sont à l’étude pour retourner explorer la Lune, afin d'y observer les atmosphères et le sol des planètes proches, en particulier ceux de la Terre et de Mars. Les priorités scientifiques des agences spatiales internationales correspondent parfaitement au savoir-faire du Latmos dans le domaine des instruments spatiaux en optique et en électronique hyperfréquence (radar). L’objectif est de recueillir des données scientifiques de premier plan au cours de la prochaine décennie à partir d’instruments scientifiques embarqués à bord d’orbiteurs lunaires (vaisseaux orbitaux et/ou station spatiale orbitale) ou à bord de stations de mesure au sol de la Lune (stations fixes et/ou stations mobiles de type Rover). La synergie avec la société Hensoldt Space Consulting permettra de préparer efficacement les phases de sélection compétitive des missions lunaires par les agences spatiales ou les entreprises privées, de co-développer les instruments scientifiques sélectionnés, et de préparer la transition vers les phases de réalisation et d’exploitation au-delà de la durée du plan de relance. L’ingénieur accueilli au laboratoire assurera la veille programmatique sur les missions lunaires en cours d’élaboration, et la diffusion de ces informations aux équipes scientifiques du Latmos. Il exercera également des activités de support au montage, à la coordination et à la rédaction des réponses aux appels d’offres, et participera à l’identification et à la levée des verrous technologiques potentiels.

En savoir plus sur la mesure de préservation de l’emploi de R & D des entreprises du plan France Relance opérée par le CNRS

¹ CNRS / Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines / Sorbonne Université