CNRS La lettre innovation

Dans l'industrie, l'assurance, la finance, ou encore la gestion des bâtiments et des villes intelligentes, un très grand nombre de données (les « big data ») sont collectées, mais elles sont souvent impossibles à exploiter et les algorithmes d'intelligence artificielle (IA) traditionnels ne sont pas adaptés au traitement de téraoctets de données. 

C'est pour combler cette lacune que Mustapha Lebbah, enseignant-chercheur au Laboratoire d'informatique de Paris-Nord et membre permanent depuis septembre 2022 du laboratoire Données et algorithmes pour une ville intelligente et durable², développe, depuis plusieurs années, des algorithmes de traitement non supervisés de données massives. Ces techniques d'IA réalisent automatiquement, sans connaissances à priori, une cartographie ou une typologie des données exploitable par un expert du domaine ou par un autre un système d'intelligence artificielle, pour mieux les comprendre et en tirer des prévisions.

Dans le domaine de l'assurance, ce type d'outil produira par exemple une typologie des sinistres rencontrés en pratique, afin de mieux les prévenir. Dans l’industrie, de multiples capteurs génèrent des données sur la production : l'IA non supervisée cartographie ces données massives, qu'un expert saura alors exploiter pour détecter des causes de pannes ou des défauts.« J'ai développé ces algorithmes en lien avec des entreprises de l'assurance et de l'industrie (automobile et aéronautique), mais de nombreux secteurs étant confrontés à la problématique du traitement non supervisé de données massives, la décision a été prise de fonder la start-up HephIA3, afin de proposer des outils opérationnels à l'ensemble des entreprises concernées », indique Mustapha Lebbah.

Un projet de maturation⁴ a permis de développer un outil industriel, basé sur les nouveaux algorithmes d'IA non supervisée, qui présente les résultats sous forme visuelle. La solution informatique est installée sur les serveurs ou dans l'espace cloud du client (HephIA n'a pas accès aux données). 

La start-up vend des licences d'utilisation et propose également assistance et formations. « Nous démarrons des collaborations avec quelques grands groupes industriels, et les domaines de l'industrie 4.0 et de l'énergie constituent notre cible privilégiée. Viendront ensuite les secteurs de l'assurance, de la finance et des villes intelligentes », explique Anthony Coutant, cofondateur et président d'HephIA. Afin de poursuivre son développement et de renforcer son équipe, HephIA est en discussion avec des investisseurs pour envisager une levée de fonds.

¹ CNRS/Université Sorbonne Paris Nord

² Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines/Université Paris Saclay

³ Les fondateurs de HephIA sont Anthony Coutant (docteur en intelligence artificielle, président d'HephIA), Yann Girard (expert en sciences des données, directeur Produits d'HephIA), Gael Beck (docteur en intelligence artificielle non supervisée) et Mustapha Lebbah (enseignant-chercheur en machine learning et sciences des données).

⁴ Projet soutenu par la Satt Erganeo, l’université Sorbonne Paris Nord (USPN), le Laboratoire d’informatique de Paris Nord (LIPN), BpiFrance, l’incubateur de l’université Sorbonne Paris Nord (Incub’USPN), l’Agence pour les mathématiques en interaction avec l'entreprise (Amies), le réseau Pépite, la région Île-De-France, l’Initiative Grandes Ecoles et Universités (IGEU), ainsi que Google via son «  Google Startup Program  ».