Martina Knoop, directrice de la Mission pour les initiatives transverses et interdisciplinaires

80 Prime : les projets lauréats 2020 dévoilés

CNRS

Pour sa deuxième édition, l’appel à projets 80 Prime du CNRS donne à nouveau la part belle à l’interdisciplinarité et à la prise de risque.

Pour la seconde année consécutive, le CNRS a réitéré son appel à projet 80 Prime. Créé en 2019, à l’occasion des 80 ans du CNRS, cet appel promeut des « « projets de recherche interdisciplinaires multi-équipes  » (Prime) et a notamment pour objectif de soutenir l’interdisciplinarité au CNRS. « Les dix instituts que composent le CNRS travaillent déjà beaucoup ensemble, mais un outil comme 80 Prime permet de donner une nouvelle ampleur à cette interdisciplinarité », explique Martina Knoop, directrice de la Mission pour les initiatives transverses et interdisciplinaires (MITI) de l’organisme.

Interdisciplinarité

Les 80 projets sélectionnés bénéficient d’un budget annuel maximal par projet de 30 000 euros sur deux ans, auquel s’ajoute un contrat doctoral sur trois ans, le tout financé par l’organisme. Des projets pour « faire émerger de nouvelles questions scientifiques et méthodologiques sur des thématiques stratégiques pour le CNRS et dont la mise en œuvre nécessite la mise en place de collaborations inédites entre laboratoires ». Au minimum deux équipes de laboratoires différents doivent collaborer et « certains projets montent jusqu’à 4 à 5 équipes ».

Ce sont les dix instituts du CNRS qui ont eu la charge, comme l’année précédente, de proposer des projets de collaborations entre laboratoires, la sélection finale ayant été effectuée par le Comité de pilotage de la MITI. Avec des choix de thématiques totalement ouvertes, « on a pu voir de choses uniques, des perles rares qui montrent l’éventail de sujets qui existent au CNRS. »

Projets de rupture

Parmi les 80 projets sélectionnés pour cette édition 2020, « nous avons eu beaucoup de sujets inattendus. Par exemple, le projet VAL porté par Lionel Buchaillot, directeur de l’Institut d’électronique de microélectronique et de nanotechnologie1 qui réalise de premiers pas vers la végétronique, c’est-à-dire l’utilisation de capteurs et d’instruments pour la pousse des végétaux. » Un sujet qui s’inscrit au sein des six grands défis sociétaux – changement climatique, inégalités éducatives, intelligence artificielle, santé et environnement, territoires du futur, transition énergétique –  identifiés par le CNRS au sein de son Contrat d’objectif et de performance pour la période 2019-2023.

Et le projet Val n’est pas un cas unique. « 38 des 80 projets sélectionnés s’inscrivent au sein de ces six grands défis sociétaux du COP ». Parmi ces derniers, le projet ExtraMet porté par Clément Levard, chargé de recherche au Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement2 porte sur l’extraction de métaux à partir de sources secondaires. « Le déchet peut donc devenir une ressource. Alors que la notion d’économie circulaire prend de plus en plus de place dans la société, l’utilisation de ressources secondaires parait une très bonne idée. » Un autre projet, ICAR, porté par Fabienne Petit, professeure à l‘Université de Rouen et chercheuse au Laboratoire Morphodynamique continentale et côtière3 , explore le rôle des poissons sauvages comme vecteur de dissémination de bactéries antibiorésistantes dans un affluent de la Seine. Un projet qui s’inscrit dans les axes « Territoire du futur » et « Santé et environnement » du COP du CNRS. Autres tendances parmi les projets, « plusieurs sont en lien avec l’intelligence artificielle, notamment dans le cadre de projet à l’interface homme-machine, mais également des projets sur les nouveaux matériaux », note la directrice de la MITI. Par exemple le projet MAG4D, porté par Arnaud Spangenberg, chargé de recherche à l’Institut de science des matériaux de Mulhouse4 , dont l’ambition est de développer de nouveaux procédés pour l’impression 4D, « pour laquelle la 4eme dimension correspond à la possibilité de déformation de l’objet. »

Autant de thématiques qui permettent au CNRS de porter l’accent sur une recherche encore plus innovante. En pérennisant ce programme, l’organisme a pour ambition de renforcer l’approche interdisciplinaire entre instituts, avec l’objectif de soutenir des sujets émergents et très prometteurs.

  • 1Université polytechnique Hauts-de-France/CNRS/Université de Lille/Centrale Lille Institut
  • 2INRAE/CNRS/Université Aix-Marseille/IRD
  • 3CNRS/Université Caen Normandie/Université Rouen Normandie
  • 4CNRS/Université Haute-Alsace