Réserve de Scandola en Corse : le tourisme menace une espèce d’oiseau protégée

Environnement

La population de balbuzard pêcheur, un rapace protégé et menacé en mer Méditerranée, s’effondre dans la réserve naturelle nationale de Scandola en Corse, alors qu’elle y était passée de deux couples en 1974 à huit depuis les années 19901 . Selon une collaboration franco-italienne, impliquant notamment des chercheurs du CNRS et de l’université de Montpellier, les activités touristiques dérangent sans cesse les oiseaux en fin de période de reproduction, ce qui provoque une chute du succès reproducteur. La réserve de Scandola, qui fait partie du patrimoine mondial de l'Humanité, est aujourd’hui un site touristique majeur de l'Île de Beauté. Le trafic des bateaux, trois fois plus important dans la réserve (plus de 400 par jour sous les nids des rapaces en période estivale) qu’en dehors, modifie le comportement des oiseaux adultes : les males apportent moins de proies à la nichée tandis que les femelles restent plus longtemps en alarme loin du nid. Ces deux facteurs induisent du stress chez les poussins, et expliquent pourquoi leur nombre à l’envol a chuté depuis 2010. Cette étude, publiée le 17 décembre 2018, fait la couverture de la revue Animal Conservation. Elle souligne l’importance de modifier la manière dont est géré le tourisme dans cette aire marine protégée. 

Balbuzard adulte
Balbuzard adulte survolant la réserve naturelle nationale (RNN) de Scandola, Mars 2013. © Olivier Duriez
#
Bateaux de promenade en mer longeant la côte de la RNN de Scandola (site de Palazzo, indiqué par une flèche), à quelques dizaines de mètres d’un piton rocheux abritant un nid actif de balbuzard, juin 2014. © Olivier Duriez
#
Couple de balbuzards du nid actif de Palazzo (RNN Scandola), juin 2014. © Olivier Duriez
Jeune balbuzard
Jeune balbuzard, porteur d’une bague codée, pour observation à distance, indispensable pour les suivis démographiques, juin 2014. © Olivier Duriez

Des extraits vidéos (© Olivier Duriez) sont également disponibles sur demande.

 

 

  • 1Ces huit couples produisaient entre 15 et 20 poussins à l'envol par an jusque 2010. Mais depuis cette date, leur succès reproducteur a chuté autour de 1 poussin à l'envol par an. Ailleurs en Corse, hors de la réserve, sur des sites moins impactés par le tourisme de masse, la population de balbuzards a atteint la vingtaine de couples et le succès reproducteur s’est maintenu.
Bibliography

The price of success: integrative long-term study reveals ecotourism impacts on a flagship species at a UNESCO site, F. Monti, O. Duriez, J.-M. Dominici, A. Sforzi, A. Robert, L. Fusani & D. Grémillet, Animal Conservation, 17 décembre 2018
doi:10.1111/acv.12407

Contact

Olivier Duriez
Montpellier University researcher
David Grémillet
CNRS researcher
Priscilla Dacher
Deputy head of CNRS press office