En mai, le CNRS a fêté l’Europe avec les élus

CNRS

Tout au long du mois de mai, des événements ont été organisés par les délégations régionales du CNRS et les Conseils régionaux pour célébrer l’Europe.

À l'occasion du Joli mois de l'Europe (voir encadré), le CNRS a célébré l'Europe partout sur le territoire, via des événements co-construits par les délégations régionales du CNRS et les Conseils régionaux. L’occasion de faire connaître les impacts des projets de recherche européens sur les citoyens et pour l’attractivité des territoires – des enjeux au cœur de la présidence française du Conseil de l’Union européenne.

« Le CNRS est un acteur important dans le paysage socio-économique français, résume Antoine Petit, son président-directeur général. Nos équipes contribuent au rayonnement des régions et se mobilisent pour l’obtention de projets européens qui démontrent l’excellence d’une thématique sur le territoire et sont vecteurs d’innovation. » En réunissant des scientifiques, des partenaires et des acteurs du territoire autour d’enjeux concrets, le CNRS vise ainsi avec ces événements à montrer comment les travaux des chercheurs et chercheuses, et en particulier les projets de recherche subventionnés par des fonds européens (voir encadré), peuvent proposer des réponses innovantes aux problématiques locales, nationales ou globales, du soutien aux filières locales à la lutte contre le changement climatique, en passant par les questions de santé ou d’énergie.

Pourquoi un mois de l’Europe en mai ?

Depuis 1985, la Journée de l’Europe est célébrée le 9 mai dans l’ensemble des États membres. Cette date marque la déclaration de Jean Monnet et Robert Schuman, le 9 mai 1950 au Quai d’Orsay, considérée comme l'acte de naissance de l'Union européenne. Les deux hommes proposent la mise en commun des productions française et allemande de charbon et d’acier sous une autorité internationale. Cette déclaration débouche sur la signature par six États européens - l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas - du traité de Paris, le 18 avril 1951.

En élargissant la fête en France à tout le mois de mai depuis 2010, à l’initiative de l’Aquitaine, le Joli mois de l’Europe invite les citoyens à participer à des événements et des animations sur tout le territoire. Avec un objectif : montrer l’utilité sociale de l’Union européenne de façon concrète. Le CNRS participe au Joli mois de l’Europe depuis ses débuts.

Des défis sociétaux et économiques nécessitant des apports scientifiques et technologiques

À l’événement organisé le 17 mai à l’Hôtel de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur à Marseille Marie-Thérèse Giudici est ainsi venue présenter quatre des 12 plateformes de la fédération de recherche Institut de microbiologie de la Méditerranée1 1  qu’elle dirige. Ces plateformes de référence, parfois uniques en France voire en Europe, permettent d’étudier les micro-organismes – bactéries, virus, microalgues, etc. – de l’échelle de l’atome à celle de l’écosystème, en passant par l’échelle de la cellule : équipements d’imagerie à très haute résolution, d’étude et de caractérisation d’interactions biomoléculaires, de production « à façon » de micro-organismes en grandes quantités pour la recherche et l’industrie, etc. Les nombreuses applications vont de la captation de CO2 à la production d’hydrogène, en passant par la bio-dépollution. « Nous développons une recherche de pointe, ouverte sur les problématiques sociétales. Nos plateformes ne sont pas que pour les scientifiques qui vivraient coupés du monde socioéconomique : elles sont un atout pour former les prochaines générations d’ingénieurs et d’entrepreneurs, et pour les PME locales et les grandes entreprises nationales avec lesquelles nous travaillons », assure Marie-Thérèse Giudici.

Chercheuse sur scène présentant ses travaux à des élus dans l'audience
À Marseille, Marie-Thérèse Giudici a présenté ses travaux et les plateformes de l'Institut de microbiologie de la Méditerranée à des élus. © CNRS

Un message entendu par Josy Chambon, présidente de la Commission « Santé, Handicap, Enseignement supérieur, Recherche » de la région Sud, qui a trouvé les échanges « instructifs ». « La Région est partenaire de tous les projets que nous propose le CNRS, des programmes de recherche en passant par des contrats doctoraux, des actions de diffusion de la culture scientifique ou de la valorisation, et ce dans tous les domaines », détaille l’élue. L’événement était ainsi l’occasion de renforcer et prolonger ces riches collaborations avec la signature d’un protocole de coopération entre l’organisme et la Région. Le développement économique régional et les défis sociétaux sont au cœur du protocole : « la Région organise des actions sur le thème de la Méditerranée du futur avec ses partenaires, par exemple les pays du Maghreb. L’implication du CNRS nous permettra de promouvoir davantage le fort potentiel d’enseignement supérieur, de recherche d’excellence et d’innovation de la Région, notamment en Afrique sub-saharienne et Afrique du Sud, grâce à son plan pluriannuel de coopération avec le continent », continue Josy Chambon.

Une Europe de projets et de réseaux

Premier bénéficiaire des programmes-cadres européens comme Horizon Europe, notamment en termes de bourses ERC, le CNRS tisse ainsi un lien étroit entre ses missions de recherche et de valorisation, ce qui en fait un acteur clé de l’innovation. En témoignent également son programme de prématuration, piloté par CNRS Innovation, qui est un axe prioritaire de collaboration avec les Régions, mais aussi la mise en œuvre de partenariats stratégiques avec des entreprises régionales.

Ces actions ont aussi été mises en valeur le 24 mai, à l’événement de la région Hauts-de-France, « première région bénéficiaire de fonds européens en France métropolitaine », auquel a participé Daniel Leca, quatrième vice-président du Conseil régional. « Cet événement du Joli mois de l’Europe s’inscrit parfaitement dans le protocole de coopération qui lie le CNRS et la Région, dont un des objectifs est d’améliorer la visibilité de la recherche en région et d’accroître le succès des réponses aux appels à projets européens et internationaux », confirme-t-il. En plus du soutien de la Commission européenne et des programmes déclinés par les Régions (voir encadré), « le CNRS a aussi été très souvent accompagné pour le dépôt de projets européens sur le programme Horizon 2020 par le Fonds régional d'appui aux porteurs de projets européens (dispositif FRAPPE) », rappelle l’élu qui a visité l’Institut d'électronique, de microélectronique et de nanotechnologie à l’occasion de l’événement organisé le 24 mai dans cette région.

Visite laboratoire Hauts de France
Rencontre à l'IEMN entre les équipes de l’unité et Daniel Leca, VP en charge des universités, de la recherche, de l’innovation et de l’Europe de la Région Hauts de France, en présence de Christophe Muller, Délégué régional du CNRS. © CNRS

 

L’Europe transparaît également à travers les réseaux scientifiques et les réseaux de formation, comme les emblématiques « actions Marie Sklodowska Curie » (MSCA). Avec plus de 40 partenaires issus de 12 pays, le programme doctoral européen DESTINY (MSCA-Cofund, coordonné par le CNRS, en est un exemple : en 5 ans, il formera 50 doctorants et doctorantes à la pointe de la recherche européenne sur les batteries et le stockage de l’énergie. Le but : donner un avantage concurrentiel à la science et à l’industrie du continent pour développer les technologies innovantes de demain. « Ces jeunes scientifiques viennent du monde entier », précise le responsable du programme Christian Masquelier, directeur adjoint du Laboratoire de réactivité et chimie des solides2  et directeur de la fédération de recherche ALISTORE ERI3  : « Le label AMSC nous permet d’attirer des talents que nous aurions du mal à faire venir sans lui. En co-finançant des thèses, les partenaires du réseau profitent de cette attractivité. En retour, ce projet international contribue au rayonnement des laboratoires impliqués et de la France ». Le chercheur espère donc que les événements du Mois de l’Europe permettront de mettre en valeur les actions de recherche et de développement industriel des laboratoires de la région auprès des élus. « Les batteries sont un enjeu pour l’avenir, avec de très nombreux emplois à la clé, notamment dans la région Hauts-de-France », assure-t-il.

Des emplois à la clé

« Je suis venu montrer que les projets scientifiques soutenus par l’Europe peuvent avoir un impact sur le territoire local et le quotidien de la population », témoigne à son tour Baptiste Sirjean, chargé de recherche CNRS au Laboratoire réaction et génie des procédés, qui participe à l’événement de la Région Grand Est le 30 mai. Le chercheur a obtenu une bourse ERC Consolidator 20204  pour le projet Bioscope qui vise à comprendre les processus de vieillissement des carburants, lorsque des biocarburants sont ajoutés aux carburants conventionnels. Cet ajout a en effet des conséquences  négatives sur leur résistance au vieillissement, ce qui affecte les polluants émis lors de leur combustion, le fonctionnement et la sécurité des systèmes de propulsion. Or ces carburants renouvelables produits à partir de la biomasse constituent une solution de choix pour réduire l’empreinte carbone des secteurs dans lesquels l’énergie électrique est difficile à utiliser, comme le transport aérien ou maritime et le fret routier. Un enjeu crucial dans la lutte contre le changement climatique et la pollution atmosphérique. « La région Grand Est, qui a co-financé notre projet en amont de l’ERC, œuvre à structurer la filière des biomatériaux et des biocarburants sur le territoire. Elle a un rôle de catalyseur à jouer, comme maillon entre la recherche locale et l’échelle européenne ou mondiale. », ajoute le chercheur.

Une femme présente une slide devant une salle comble
Le CNRS a fêté le Joli mois de l’Europe avec la Région Grand Est le 30 mai 2022 à l'Hôtel de Région. © Région Grand Est

« Au cœur de l’Europe, la Région Grand Est est bien consciente des enjeux de connexion avec le monde extérieur, de leurs apports pour les objectifs régionaux ainsi que les bénéfices de coopérations européennes et internationales pour le tissu économique et scientifique régional. », complète François Grosdidier, vice-président Enseignement supérieur, Recherche et Innovation de la Région. Une région qui « dispose d’atouts comme sa position géostratégique exceptionnelle, son ancrage européen, la diversité de son économie, l’excellence de ses Universités et de ses grandes écoles et la qualité de ses infrastructures » mais doit « renforcer sa dimension européenne et internationale dans un contexte concurrentiel et mondialisé ». Concrétisé en 2021 par la signature d’une convention cadre de partenariat, le partenariat entre la Région et le CNRS devra permettre « d’ancrer davantage l’ESRI dans notre territoire et de le faire rayonner », poursuit l’élu. « Au même titre que les autres organismes de recherche et les Universités, le CNRS est un acteur clé de l’écosystème de recherche et d’innovation sur lequel s’appuie la Région pour répondre à ses enjeux de transition industrielle, numérique, environnemental et de santé. » En développant les liens entre les entreprises et les laboratoires du territoire, notamment avec la création de Labcoms, l’organisme « participe à l’accélération des projets qui contribuent à ces transitions ».

Expositions, conférences, rencontres avec les élus… Le Joli mois de l’Europe continue dans différentes régions avec des événements organisés par les délégations régionales du CNRS jusqu’au 7 juin.

  • 1 a b CNRS/Aix-Marseille Université.
  • 2CNRS/Université de Picardie Jules Verne.
  • 3Qui fédère actuellement 19 institutions réalisant des recherches transversales de haut niveau dans le domaine des batteries et des matériaux pour batteries.
  • 4Soutenant le meilleur de la recherche exploratoire dans trois grands domaines – sciences humaines et sociales, physique et ingénierie, et sciences de la vie – les bourses « Consolidator » (jusqu’à 2 millions d’euros) financent des porteurs et porteuses de projets européens ayant obtenu leur doctorat 7 à 12 ans auparavant. Elles sont attribuées une fois par an pour une durée de 5 ans.

L’Europe finance aussi les régions françaises

Dans le cadre de la Stratégie Europe 2020, signée en 2010, les politiques de l’Union européenne (UE) visent une croissance « intelligente, durable et inclusive » et fixent des objectifs en matière de recherche et développement, d’emploi, d’éducation, de lutte contre la pauvreté ou encore de transition écologique. L’UE confie aux États membres la gestion d’une partie de ces crédits concernant la politique de cohésion économique, sociale et territoriale qui vise la réduction des écarts de richesse et de développement entre les régions de l’Union européenne, la politique de développement rural et la politique commune de la pêche.

Ces trois politiques sont financées par plusieurs fonds, dont le Fonds européen de développement régional, rassemblés sous le nom de « fonds européens structurels et d’investissement (FESI) ». Pour financer 83 programmes sur son territoire, la France a ainsi bénéficié de près de 28 milliards d’euros pour la période 2014-2020, incluant une enveloppe financière supplémentaire décidée au titre du plan de relance européen pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire. Dans le cadre de la programmation 2021-2027, la France bénéficie d'une enveloppe de plus de 26 milliards d'euros. Pour une région, construire l’Europe de la recherche requiert donc de gérer ces fonds structurels distribués en fonction des Programmes Opérationnels rédigés par les régions, mais aussi d’élaborer des schémas régionaux d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation (SRESRI) ou encore de concevoir des stratégies régionales d’innovation. Des programmes de coopération « Interreg » offrent également de nombreuses opportunités de collaboration pour le financement des travaux de recherche en privilégiant le lien avec les entreprises.