CNRS RISE UP, une nouvelle offre pour les entreprises
Pour la quatrième année consécutive, le CNRS a pris ses quartiers à VivaTech, plus grand salon européen de l’innovation, du 14 au 17 juin à Paris. À cette occasion, l’organisme a lancé son offre de services Rise Up, destinée aux entreprises issues des laboratoires sous sa tutelle.
Avec près de 2 000 entreprises créées depuis vingt ans et issues des laboratoires placés sous sa tutelle, le CNRS compte parmi les grands acteurs de la deeptech en France. « Nous présentons cette année à VivaTech une dizaine de start-up sur des thématiques – le quantique, le développement durable, la santé et l’énergie – qui façonnent les défis que doit relever notre société », rapporte Jean-Luc Moullet, directeur général délégué à l’innovation du CNRS. Ces entreprises ont pu bénéficier de l’accompagnement du CNRS pour valoriser des résultats de recherche et les transformer en innovations. « Après les programmes de prématuration1 et de création de start-up Rise2 , en passant par le programme de maturation3 opéré par les Satt, nous avons lancé un nouvel outil à l’intention des entreprises issues des laboratoires sous tutelle du CNRS. Et nous voulions que ça se passe à VivaTech. »
Appelé Rise Up, ce dispositif a été officiellement dévoilé le 14 juin. « Cet outil va faciliter l'effet 'réseau' et soutenir le développement de toutes les entreprises créées à partir d'une découverte scientifique réalisée dans un laboratoire dont le CNRS assure la tutelle. Il s’agit de fédérer une grande famille CNRS de l'innovation », ajoute Jean-Luc Moullet.
Sur son stand de 112 m², le CNRS propose des interventions et des discussions autour des technologies quantiques, de la recyclabilité et de l’économie circulaire, de la décarbonation de l’industrie, ou encore de la chimie verte – des thèmes symboliques des grandes orientations scientifiques en cours. « Les discussions entre pilotes de Programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR exploratoires) et dirigeants de start-up symbolisent le trait d’union entre la recherche fondamentale et l'innovation », souligne Jean-Luc Moullet.
Une « grande famille CNRS » de l’innovation
Du laboratoire au marché, voici une vingtaine d’années que le CNRS et CNRS Innovation, sa structure dédiée au transfert technologique créée en 1992, amènent les inventions de chercheuses et chercheurs en technologies au plus près de la société. Technologies qui, parfois, permettent l’éclosion de start-up. « Le programme Rise accompagne une trentaine de projets de création d’entreprise par an. Cependant, beaucoup de start-up issues des laboratoires CNRS sont également accompagnées par d’autres acteurs de la valorisation, comme les Satt ou les incubateurs du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche », explique Maëlle Riondet, chargée du nouveau programme Rise Up à CNRS Innovation.
Sur les 1 400 entreprises encore en activité, on retrouve une multitude de profils. Eurofins, par exemple, est le leader mondial des tests de produits dans l'agroalimentaire, la pharmacie, l'environnement et la biologie médicale. Entreprise du CAC 40 créée en 1987 avec 61 000 employés à son actif, Eurofins Scientific a vocation à industrialiser et commercialiser la technologie SNIF NMR®, une méthode d'analyse brevetée permettant de vérifier l'origine et la pureté de nombreux aliments et boissons, dans les cas où les méthodes d'analyses traditionnelles ne réussissent pas à détecter les contrefaçons sophistiquées.
Autre exemple avec Afyren, spécialiste des molécules biosourcées, créée en 2012 et qui a pour projet de monter sa deuxième usine. Alors que les produits de consommation quotidiens sont encore trop largement composés de molécules issues du pétrole, Afyren offre aux industriels des molécules biosourcées de substitution, grâce à sa technologie respectueuse de l’environnement basée sur des microorganismes naturels.
Citons également la toute jeune start-up WeLinQ, créée en 2022 à la suite du programme Rise, qui développe des processeurs quantiques interconnectables pour le calcul quantique. WeLinQ sera présente lors d’une table ronde à l’occasion du lancement de Rise Up – aux côtés des sociétés comme Sensome (qui met au point une technologie d’aide à la décision au cours du traitement chirurgical d’un accident vasculaire cérébral) et Cardiawave (qui a développé une technologie de traitement par ultrasons de maladies des valves cardiaques), toutes deux emblématiques de réussite en termes de valorisation au CNRS.
Pour Mehdi Gmar, directeur général de CNRS Innovation, toutes ces entreprises, répertoriées depuis 1974 et fortes de leur diversité, méritaient leur propre réseau. Rise Up, une offre de services à destination des entrepreneurs, a pour objectif de « resserrer les liens » entre ces derniers pour « les accompagner ». « Nous avons mené des entretiens avec une soixantaine d’entrepreneurs de start-up issues de laboratoires du CNRS, ainsi que des entretiens avec les personnels du CNRS en charge de la valorisation et des activités entrepreneuriales, pour recenser les besoins de ces entreprises et comprendre ce que nous pouvions leur apporter », rapporte Maëlle Riondet. Parmi ces besoins, des problématiques de recrutement notamment dues à un manque de visibilité et des besoins en profils très techniques ; l’accessibilité à des laboratoires ou matériels spécifiques ; ou encore un manque de visibilité pour trouver de nouveaux clients/partenaires/investisseurs potentiels et faire connaître leur offre.
Rise Up se pose ainsi comme un « outil » supplémentaire pour resserrer les liens avec le monde socio-économique. « Le CNRS s'affirme comme un acteur majeur de l'innovation et du partenariat industriel, avec une centaine d'entreprises créées par an, au taux de survie de près de 80 % à 8 ans », affirme Mehdi Gmar. La preuve que les entreprises s’appuyant sur des technologies du CNRS sont « solides » et que l’organisme est un « acteur historique » de l’innovation en France.
Du recrutement au partage d’expériences
Le programme Rise Up offre différents services. D’abord, une plateforme de recrutement dédiée, visible au niveau national et dont les offres seront présentées notamment auprès de doctorants et postdoctorants du CNRS. Le réseau permet également un relai d’actualités des entreprises au sein des canaux de communication du CNRS et de CNRS Innovation pour permettre aux entreprises de gagner en visibilité. Le réseautage est également un point d’orgue pour permettre aux entrepreneurs d’échanger librement sur des thématiques ou domaines bien précis.
« Le partage d'expérience est primordial entre entrepreneurs. En effet, la transition de la posture à celle d'entrepreneur n’est pas forcément évidente, c’est pourquoi il est important d’avoir des interlocuteurs qui partagent leurs propres expériences. Nous pourrons, par exemple, identifier des entrepreneurs expérimentés de secteurs similaires (mais non concurrents) et les mettre en relation avec des entrepreneurs plus jeunes et ayant besoin de retours d'expérience », indique Maëlle Riondet.
Les entrepreneurs Rise Up bénéficieront également des collaborations avec la Direction des relations avec les entreprises (DRE) du CNRS, qui a notamment à son actif des outils pour des collaborations de recherche tels que les laboratoires communs avec les entreprises. « Une centaine d'entreprises sont créées chaque année à partir de nos laboratoires sous tutelle. Et nous avons pour ambition d’en créer cinquante de plus par an. Rise Up est l'occasion de les célébrer comme membres de la famille CNRS, une famille CNRS, une famille qui s’agrandit un peu plus chaque année », conclut Mehdi Gmar.
- 1Le programme de prématuration finance la première étape nécessaire aux chercheurs pour mûrir le projet de valorisation et permettre une montée en TRL (Technology Readiness Level) des projets. Son budget en 2021 était de 8 M€, ce qui a permis de soutenir 62 projets innovants.
- 2Mis en place en 2019, le programme Rise accompagne des chercheurs-entrepreneurs sur la voie de la création de leur entreprise. Chaque année, une trentaine de projets deep-tech sont ainsi accompagnés.
- 3Les programmes de maturation sont souvent portés par les Sociétés d'accélération du transfert de technologies (Satt). Ces dernières investissent en moyenne entre 200 000 à 300 000 euros pour chaque projet.
Spark Cleantech au coeur de la décarbonation industrielle
C’est dans le laboratoire Énergétique moléculaire et macroscopique, combustion (EM2C) du CNRS, à CentraleSupelec, qu’ont été posées les prémices de la start-up Stark Cleantech, présente sur le stand du CNRS à VivaTech. Ayant pour ambition d’accélérer la décarbonation de l’industrie, la start-up développe un procédé de production d’hydrogène décarboné qui utilise cinq fois moins d’électricité que l’électrolyse1 , directement sur site, avec zéro émission de CO2. « Le procédé permettra de produire de l'hydrogène économique, même pour de petites capacités pour les futures stations-service hydrogène par exemple, mais surtout de répondre aux besoins d'usages industriels, et ce, directement sur les sites de consommation, donc en s'affranchissant des contraintes de transport de stockage de l'hydrogène qui peuvent représenter jusqu'à 70 % des coûts de revient », explique Patrick Peters, co-fondateur et CEO de Spark. Suivi par le programme d’accompagnement à l’entreprenariat du CNRS Rise en 2022, la jeune entreprise entre tout juste dans sa phase d’industrialisation après une première levée de fonds réussie et après avoir remporté le Grand prix iLab 2022 de BpiFrance. « Nous souhaitons atteindre le marché avec de premières unités dès 2025, après une phase pilote industrielle en 2024. VivaTech nous permet de débuter cette phase en communiquant sur qui nous sommes et ce que nous faisons », souligne Patrick Peters.
- 1Processus d'échange au cours duquel l'énergie électrique est transformée en énergie chimique.
One Biosciences, l'IA pour de nouveaux médicaments de précision
« One Biosciences est à un moment stratégique de son développement. Nous souhaitons gagner en visibilité alors que l'activité de l'entreprise s'intensifie, avec en ligne de mire le développement de plusieurs biomédicaments dont les premières étapes sont prévues en 2024. VivaTech représente pour nous un temps fort, pour mieux nous faire connaître des investisseurs, des institutionnels, et également des potentiels partenaires commerciaux », rapporte Magali Richard, CEO de la start-up One Biosciences présente sur le stand CNRS à VivaTech. Cette jeune entreprise créée en 2020 est née des travaux de Céline Vallot, lauréate de la médaille de l’innovation 2022 du CNRS et chercheuse au laboratoire Dynamique de l’informationgénétique : bases fondamentales et cancer1 . « One Biosciences a pour ambition de devenir un leader mondial dans la médecine de précision pour les maladies complexes. Elle intègre les technologies en cellule unique et l'intelligence artificielle pour découvrir et développer des nouvelles approches thérapeutiques », explique la chercheuse. Car les technologies de séquençage en cellule unique2 de la start-up offrent la possibilité d’accéder à une mine d’informations sans précédent pour comprendre l’hétérogénéité et la dynamique des systèmes biologiques complexes, responsables de mécanismes pathologiques. Une innovation qui nécessite une interdisciplinarité forte – impliquant à la fois biologie moléculaire, robotique, data science, compétences médicale et industrielle – présente au sein de l’équipe One Biosciences. « Notre force réside en partie dans cette multidisciplinarité, qui a permis de développer un ensemble de protocoles, d'outils et d'algorithmes, qui nous confèrent un avantage compétitif majeur. La prochaine étape de l'entreprise sera notamment de poursuivre cette idée d'innovation pour être toujours meilleurs dans notre capacité à traiter et interpréter les données », indique Magali Richard.