Ingénieurs-transfert : des agents CNRS pour renforcer les liens entre la recherche et les entreprises

Innovation

En un an, cinquante ingénieurs-transfert ont rejoint le CNRS, afin d’augmenter le nombre de ponts entre la recherche et les entreprises. Une équipe en croissance, composée de profils hybrides, mêlant expertise scientifique, compétence en développement commercial et connaissance de l’univers industriel. Focus sur un métier à part au sein du CNRS.

En 2022, le CNRS a lancé un programme visant à accentuer la collaboration entre les chercheurs de ses laboratoires et le monde industriel. Une nouvelle fonction a ainsi été créée : l’ingénieur-transfert, véritable intermédiaire entre l’univers de la recherche académique et celui des entreprises. « Notre objectif était de rapprocher davantage ces deux mondes et d’aller au-devant des sociétés, afin de leur présenter les offres de recherche partenariale possibles », explique Béatrice Dominé, directrice adjointe des opérations à la Direction générale déléguée à l'innovation du CNRS, en charge du programme ingénieurs-transfert. « Il fallait donc constituer une équipe capable de comprendre aussi bien les problématiques scientifiques des unités de recherche que les besoins des industriels, et de créer ainsi des mariages fructueux ».

À la croisée des sciences, de l’industrie et du commercial

Par conséquent, pour le recrutement des ingénieurs-transfert, le CNRS s’est mis en quête de profils atypiques, présentant à la fois un solide bagage scientifique et une appétence commerciale. C’est le cas de Sébastien Lagoutte, qui a rejoint le programme il y a un an : « Mon parcours a d’abord été académique, avec notamment un doctorat en chimie des matériaux. Mais j’étais aussi fortement attiré par le monde de l’industrie, ce qui m’a conduit à intégrer une jeune start-up grenobloise en tant que responsable R&D, pendant quatre ans, puis à créer ma propre société dans le domaine de l’impression 3D, durant six ans. En fin de compte, j’ai toujours voulu mêler mes deux passions – la science et l’industrie – au sein de mon métier, et c’est ce qui m’a séduit dans ce programme ».

De son côté, Alix Volte, ingénieure-transfert depuis huit mois, souhaitait mettre son sens du relationnel au service de la recherche scientifique : « Ma formation est 100 % académique. Elle s’est conclue par une thèse fondamentale en physique, dans les domaines de la cristallographie et de l’interaction lumière-matière, des sujets que j’ai continué à explorer en postdoctorat. Néanmoins, j’avais envie d’exercer un métier centré sur les interactions humaines. Devenir ingénieure-transfert me permettait ainsi d’atteindre cet objectif, tout en contribuant à la valorisation des chercheurs et de leurs travaux ».

À l’image d’Alix Volte et de Sébastien Lagoutte, une cinquantaine de collaborateurs ont déjà rejoint le programme. L’équipe n’est toutefois pas encore complète, puisque le CNRS entend compter cent ingénieurs-transfert dans ses rangs d’ici fin 2024. « Notre porte est toujours ouverte pour rencontrer des candidats », annonce Béatrice Dominé. « C’est un métier très riche, qui correspond particulièrement aux individus passionnés par l’innovation, la recherche scientifique, mais aussi le contact humain ».

Formation et immersion scientifique

Au-delà du recrutement, le CNRS mise sur l’intégration et la formation des nouveaux venus, en particulier sur les compétences commerciales et relationnelles. « Ayant un cursus essentiellement académique, ce sont ces aptitudes que j’ai le plus besoin de développer », note Alix Volte. « Ainsi, je suis actuellement une formation en communication ». Pour l’heure, le métier étant encore récent au sein du CNRS, un programme d’intégration à l’échelle nationale est en cours d’achèvement. « Nous travaillons sur un grand plan de formation pour 2024, spécifique à cette fonction, afin de donner une vision globale à chaque structure d’accueil », déclare Béatrice Dominé. « En attendant, nous incitons les ingénieurs-transfert à partager leurs connaissances, leurs techniques et leurs idées, à travers l’animation de groupes de travail, ainsi que des réunions régulières, notamment sur site ».

Ces compétences peuvent alors être mises au service de la structure à laquelle le collaborateur est intégré. « La façon d’exercer le métier au quotidien peut en effet dépendre du périmètre de chacun », relève Sébastien Lagoutte. « Certains travaillent au sein d’un laboratoire ou d’une plateforme, tandis que d’autres interviennent auprès d’un groupement de laboratoires, par exemple à l’échelle d’une région ou d’une filière ». Dans tous les cas, l’ingénieur-transfert commence par s’immerger au sein de son environnement scientifique, pour élaborer progressivement une offre commerciale complète. « Je rencontre chaque chercheur individuellement, afin de connaître ses sujets de recherche, ses projets, ses besoins… », décrit Alix Volte. « Le but est de recenser l’ensemble des compétences et des équipements, pour répondre au mieux aux besoins des entreprises, en adéquation avec les chercheurs ».

Ingénieur-transfert : un métier de réseau(x)

Car, en parallèle, les ingénieurs-transfert vont à la rencontre des industriels et échangent notamment quant à leurs ambitions en matière de R&D. Ils s’intéressent également à l’ensemble des acteurs de leur écosystème : pôles de compétitivité, instituts Carnot, comités stratégiques de filière, regroupement d’industriels… Cette connaissance fine de leur environnement leur permet d’identifier les sujets de recherche les plus pertinents et de proposer l’offre partenariale adaptée à chacun des écosystèmes.

Pour cela, ils peuvent s’appuyer sur les salons professionnels, les près de 20 000 partenaires industriels actuels du CNRS, mais aussi sur un réseau puissant et en croissance. « Les ingénieurs-transfert sont tous en relation les uns avec les autres », indique Sébastien Lagoutte. « Lorsque l’un d’entre nous ne peut répondre directement au besoin d’une entreprise, il le soumet au réseau, qui trouve le laboratoire idoine ». De cette façon, toute demande d'industriel a de fortes chances de recevoir une réponse adaptée.

Le maillage des ingénieurs-transfert couvre déjà une grande partie de la France et de nombreuses thématiques de recherche. Des sujets qui vont de l’intelligence artificielle au traitement des polluants, en passant par la cybersécurité, la réalité virtuelle, les simulations mathématiques ou encore la caractérisation physico-chimique.

Contacter le programme ingénieurs-transfert

Entreprises, si vous souhaitez en savoir plus sur ce que les chercheurs du CNRS peuvent apporter à votre démarche de R&D, n’hésitez pas à contacter Béatrice Dominé, en charge du programme ingénieurs-transfert : beatrice.domine@cnrs.fr.