Sport Unlimitech 2021 : la science au service du sport et de la performance

CNRS

Du 23 au 24 septembre, Sport Unlimitech rassemblait à Lille différents acteurs du sport pour partager les nouvelles technologies pour améliorer la performance sportive. Du perfectionnement de l’entraînement d’athlètes de haut niveau à l’enrichissement de l’expérience du public, les applications sont nombreuses. Le CNRS y participait et présentait les meilleurs travaux de ses laboratoires.

Au salon Sport Unlimitech, athlètes amateurs et de haut niveau, équipementiers, diffuseurs et scientifiques se réunissent pour offrir le meilleur des nouvelles technologies au monde du sport. Cet évènement est une idée originale de l’ancien international de rugby Frédéric Michalak. Son projet, mûri lors de sa fin de carrière sportive au club lyonnais LOU Rugby, a reçu le soutien des propriétaires de l’équipe : GL events. L’entreprise en événementiel orchestre depuis Sport Unlimitech et y invite des organismes de recherche, comme le CNRS.

« La filière sport a souvent du mal à identifier les acteurs émergents et, à l’inverse, des scientifiques qui pourraient travailler sur des questions liées au sport ne pensent pas forcément à le faire, estime Yoann Duval, directeur général de Sport Unlimitech. Nous voulons montrer que l’innovation est là, et qu’elle va continuer d’arriver et de transformer les usages. »

Cette seconde édition, après une première à Lyon en 2019 et une annulation en 2020 pour cause de COVID, se tenait à Lille les 23 et 24 septembre. Grande nouveauté, le format devient itinérant avec des évènements de taille plus modeste, mais se produisant plusieurs fois par an avec chacun sa spécialité. Le salon de Lille est centré sur la haute performance, mais quatre autres sont annoncés cette année sur des thématiques variées comme l’expérience des spectateurs ou encore le sport et environnement. « Ces tournées mettront en lumière les écosystèmes locaux et iront au plus près des territoires », se réjouit Yoann Duval.

« Si le salon Sport Unlimitech de Lille est focalisé sur le thème “sport et performance”, il faut en avoir une acceptation assez large, insiste Yoann Duval. Le sport de haut niveau demande que l’on détecte, prépare, soigne et accompagne des athlètes, mais nous nous intéressons aussi aux amateurs et regardons comment les clubs pourraient attirer davantage de licenciés. »

L’édition lilloise comptait environ 90 exposants et une soixantaine d’intervenants. On y retrouvait la ministre des Sports Roxana Maracineanu et Marie-Amélie Le Fur, neuf fois médaillée aux Jeux paralympiques et actuelle présidente du Comité paralympique et sportif français, mais aussi des athlètes, des entrepreneurs et des responsables de fédérations sportives. La recherche sera aussi tout naturellement représentée. Le CNRS y présentait deux laboratoires et deux start-up issues des recherches de l’organisme (voir encadré). Les scientifiques Guillaume Rao, enseignant-chercheur à l’Institut des sciences du mouvement – Etienne-Jules Marey1  et Thorsten Emig, directeur de recherche au Laboratoire de physique théorique et modèles statistiques2  participeront également à des conférences et tables-rondes lors du festival.

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l’Institut des sciences du mouvement – Etienne-Jules Marey sera présent à l'édition 2021 de Sport Unlimitech © Cyril FRESILLON/ISM/CNRS Photothèque

Du neurofeedback pour gérer le stress

Parmi eux, Camille Jeunet, chargée de recherche CNRS à l’Institut de neurosciences cognitives et intégratives d’Aquitaine (INCIA, CNRS/Université de Bordeaux), qui étudie les applications sportives du neurofeedback. « Nous entraînons les athlètes à réguler volontairement certaines activités cérébrales qui sous-tendent des compétences cognitives ou motrices bien ciblées, » explique-t-elle. Nous voulons améliorer leurs capacités de focalisation attentionnelle et de visualisation de mouvements, en repérant dans leur activité cérébrale les motifs spécifiques à ces activités. »

L’optimisation de leurs capacités de focalisation attentionnelle aide les athlètes à gérer leur anxiété à l’abord des compétitions, et à ne pas se laisser déborder par le stress et les stimulations extérieures. Cela leur permet au contraire de pouvoir se recentrer sur les tâches et les sensations qui leur sont utiles. La visualisation de mouvements est quant à elle liée aux répétitions mentales : imaginer imaginer et visualiser ces mouvements aide les sportifs de haut niveau à les perfectionner. « L’imagerie motrice est déjà pratiquée dans tous les sports, souligne Camille Jeunet. Les athlètes visualisent, mais il leur manque un retour en temps réel que nous leur fournissons enfin. »

Les séances de neurofeedback demandent le port d’un casque électroencéphalographique. Équipé d’électrodes, il mesure l’activité des neurones tandis que des algorithmes détectent des motifs liés aux tâches et aux activités ciblées. L’athlète reçoit alors un retour, généralement sous forme visuelle, pour qu’il apprenne à réguler volontairement ses activités cérébrales et ainsi améliorer les compétences qui y sont liées.

Cette approche ne remplace bien-sûr pas l’entraînement classique et l’activité physique. Elle propose néanmoins un complément intéressant, surtout lorsque les sportifs ne peuvent plus s’entraîner comme ils le souhaitent pour cause de blessure ou de raisons extérieures, comme le confinement. « J’aime surtout concevoir et améliorer ces entraînements, explique Camille Jeunet, qui a déjà œuvré avec les gardiens du Stade rennais. Il faut trouver quelles tâches et quelles instructions donner aux sportifs, puis comprendre quelle est la meilleure façon de leur offrir un feedback constructif leur permettant d’optimiser leurs performances. » En pleine phase de prématuration, la chercheuse réfléchit à valoriser ses travaux par le biais d’une start-up. Ces derniers trouvent également des applications dans la rééducation post-AVC et dans la réduction des symptômes moteurs de la maladie de Parkinson.

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Camille Jeunet, chargée de recherche CNRS à l’Institut de neurosciences cognitives et intégratives d’Aquitaine étudie les applications sportives du neurofeedback. © Institut des neurosciences cognitives et intégratives d’Aquitaine
 
  • 1CNRS/Aix Marseille Université.
  • 2CNRS/Université Paris-Saclay.

Paris 2024 en ligne de mire

« Le CNRS met en avant les productions de ses laboratoires qui touchent au sport et à l’activité physique, avance Vincent Nougier, professeur à l’université Grenoble Alpes, chercheur au laboratoire TIMC1  et directeur du Groupement de recherche (GDR) Sport et activité physique du CNRS2 . Ces domaines sont parfois un peu délaissés, alors que le CNRS a pour mission de couvrir tous les champs disciplinaires, d’autant que les jeux olympiques et paralympiques de 2024 à Paris font appel d’air. »

Ces efforts se retrouvent par exemple dans le regroupement de laboratoires de grandes écoles Sciences 2024, également soutenu par le CNRS et axé sur les sciences « dures ». Ce programme développe des recherches sur le sport de très haut niveau et bénéficie, au côté d’autres laboratoires, de financements venus de la troisième vague du Programme des investissements d’avenir (PIA3) dans le cadre du Programme Prioritaire de Recherche Sport de Très Haute Performance.

« Les chercheurs impliqués dans Sciences 2024 viennent surtout de la physique, précise Vincent Nougier. Souvent, ils ne travaillaient pas à l’origine sur le sport, mais, pour des raisons conjoncturelles ou personnelles, ils se sont constitués en réseaux pour contribuer à l’amélioration des performances des athlètes français pour les prochains JO. »

Le GDR Sport espère structurer ces efforts sur le long terme, afin que ces retombées bénéficient aussi à des sportifs amateurs et, plus généralement, dans une optique de sport pour tous. La promotion de l’activité physique à des fins de santé est aussi en jeu, ainsi que des projets de médiation scientifique.

  • 1Recherche translationnelle et innovation en médecine et complexité (CNRS/Université Grenoble Alpes).
  • 2 Il implique à ce jour plus de 140 laboratoires de recherche et a vocation à mobiliser des partenaires industriels. Son principal objectif est de créer une synergie entre les laboratoires et l’ensemble des acteurs du sport.

Le CNRS à Sport Unlimitech

La start-up Bythewave Technologies1  propose différentes planches de surf high tech, allant de celles connectées pour mesurer les performances et professionnelles à des planches plus sûre pour les débutants. Le nouveau système embarqué BTW est constitué de capteurs de force permettant de mesurer les mouvements et appuis du surfeur sur sa planche.

La start-up Sequencia2  propose ‘Highlight Video Player Surfing’, plateforme qui consiste à analyser, séquencer et indexer automatiquement de façon multimodale (texte, image, son) des vidéos en streaming ou en local pour créer une nouvelle expérience de montage vidéo dans le sport à destination soit du grand public soit des directions techniques de clubs ou de fédérations.

L’Institut des neurosciences cognitives et intégratives d’Aquitaine3  va présenter ses travaux sur le neurofeedback, qui aide les athlètes à réguler volontairement certaines de leurs activités cérébrales.

L’Institut des sciences du mouvement - Etienne-Jules Marey4  propose une approche de recherche interdisciplinaire en collaboration avec un leader mondial du marché du sport, Décathlon. La performance sportive est étudiée à la fois en laboratoire et sur le terrain pour proposer des produits innovants. L’objectif est de comprendre scientifiquement comment le produit affecte la performance et le risque de blessure, en prenant en compte l’ensemble des facteurs (physiologiques, biomécaniques, cardiovasculaires, cognitifs, psychologiques…).

  • 1Issue de l’Institut de mécanique et d’ingénierie de Bordeaux (CNRS/Université de Bordeaux/Arts et métiers sciences et technologies/Bordeaux INP).
  • 2Issue du laboratoire Equipes Traitement de l'Information et Systèmes (CNRS/ENSEA/CY Cergy Paris Université).
  • 3CNRS/Université de Bordeaux.
  • 4CNRS/Aix Marseille Université.