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Clémence PerronnetSociologue

Clémence Perronnet est chercheuse en sociologie rattachée au Centre Max Weber. Originaire de Champigny-sur-Marne, grandie auprès de parents professeurs des écoles, Clémence Perronnet suit d’abord la voie scientifique avec un bac S. Elle intègre ensuite une classe préparatoire littéraire et poursuit ses études en lettres modernes à l’École normale supérieure (ENS) de Lyon. Sa rencontre décisive avec la sociologie se fait grâce à « une prof géniale qui donnait un cours sur les mangas : pourquoi les jeunes lisent- ils des mangas ? Quel genre de mangas ? »

« Dis-moi ce que tu écoutes, ce que tu lis ou à quoi tu joues, et je te dirai ce que tu es. »

La recherche en sociologie consiste à étudier la société, en posant des questions afin d’expliquer et de comprendre pourquoi les choses se passent d’une manière ou d’une autre. Ainsi les sociologues étudient l’armée, la famille, les migrations, etc. Clémence Perronnet fait de la sociologie de la culture : elle s’intéresse à ce que les gens aiment lire ou regarder à la télé, à ce qu’ils aiment quand ils sortent, aux jeux auxquels ils jouent, à ce qu’ils aiment manger ou porter comme vêtements.   

Clémence Perronnet vient de terminer une thèse intitulée La culture scientifique des enfants en milieux populaires : étude de cas sur la construction sociale du goût, des pratiques et des représentations des sciences. Ces cinq années de recherche au Centre Max Weber (CMW, ENS de Lyon / Lyon2 / UJM / CNRS) ont été guidées par quelques questions simples : pourquoi certains et certaines d’entre nous aiment les sciences et d’autres non ? Pourquoi si peu de femmes dans les sciences ? Pourquoi si peu de scientifiques – hommes et femmes  issus des classes populaires ? Où sont les verrous ?

Pour commencer à comprendre, il faut parler de sociologie de l’éducation, c’est-à-dire de tout ce qui se passe à l’école, de la maternelle à la fin de l’université, ou dans les centres de formation pour adultes. À cela, il faut ajouter une analyse de la culture scientifique : tout ce qui se lit, se dit, se regarde ou s’écoute et qui a un lien avec les sciences. La base du métier de sociologue est de poser des questions, d’aller partout à la rencontre de tous ces gens que l’on ne croiserait jamais autrement. « C’est captivant d’étudier le rapport aux sciences à l’école, d’arpenter les salles de classe, les amphis, les couloirs, avec un éternel "pourquoi ?" aux lèvres. »

« Les sciences offrent des professions qui sont vraiment super, et cela vaut pour toutes les disciplines. On ne pourra changer les mentalités qu’en la jouant collectif, les femmes et les hommes. Pour plus de femmes en sciences, il ne faut pas changer les femmes, il faut changer la manière de faire des sciences. »

Son domaine en quelques mots

Les recherches de Clémence Perronnet portent sur la genèse des rapports aux sciences, c’est-à-dire sur les  processus sociaux et les conditions matérielles et symboliques de la fabrication du (dé)goût et de l’engagement (ou désengagement) pour les pratiques, filières et carrières scientifiques. Ses travaux considèrent les sciences non seulement comme un corpus de connaissances, mais aussi comme une culture matérielle qui se déploie dans des musées, des jeux, des activités ou des productions écrites et audiovisuelles, i.e. la « culture scientifique ».