"Derrière le blob, la recherche", une expérience de science participative du CNRS

CNRS

Dans le cadre de l’année de la biologie 2021/2022, le CNRS lance un projet de science participative : Derrière le blob, la recherche. Ouverte à tous les volontaires désireux de devenir acteurs et actrices de la recherche, cette expérience d’une ampleur inédite permettra d’étudier les effets du changement climatique sur le blob.

Présentation de l'opération

Le changement climatique a des répercussions sur la biodiversité et les écosystèmes. Dans les années à venir, les vagues de chaleur vont devenir plus longues, plus intenses, plus fréquentes et plus inattendues. Ce projet de science participative est l’occasion d’étudier les impacts détaillés des changements de température sur la croissance d’organismes fascinants : les myxomycètes.

Un projet de recherche accessible à tous les curieux et les curieuses de science

Porté par le CNRS et sous la conduite de l’éthologue Audrey Dussutour,  Derrière le blob, la recherche est un projet de science participative qui permettra à plusieurs milliers de volontaires, dès l’âge de 8 ans, de prendre part à un projet de recherche.
Sur une durée variant d’une semaine à un mois, et en fonction de leurs disponibilités, les participants accueilleront un blob qu’ils devront hydrater puis nourrir. Il s’agira ensuite de simuler des vagues de chaleurs en faisant varier la température à différentes fréquences et à différentes intensités.
Les données relevées par les participants et participantes seront ensuite collectées et analysées par l’équipe du Centre de recherches sur la cognition animale-CBI (CNRS/UPS) en collaboration avec les volontaires.

Faire progresser les connaissances en apprenant

L’opération présente un double objectif : sensibiliser les volontaires à la démarche scientifique, de la conception d’un protocole jusqu’à la publication des résultats ; mais aussi permettre aux volontaires de réaliser une expérience scientifique rigoureuse à partir d’un échantillonnage non réalisable en laboratoire par les scientifiques.

Le Blob : un organisme hors norme

De son vrai nom Physarum polycephalum, le blob est un organisme unicellulaire incroyable. Ni animal, ni végétal, ni champignon, sans cerveau, c’est un champion qui peut apprendre, voire transmettre des informations en fusionnant avec ses congénères, qui double de taille quotidiennement et peut atteindre plusieurs mètres carrés. Capable de se régénérer, sa durée de vie peut atteindre plusieurs décennies.

Le Blob, une cellule qui apprend

Dans ce reportage de CNRS le Journal, découvrez le protocole mis en place par Audrey Dussutour, éthologue au CNRS, pour savoir si le blob, organisme unicellulaire dépourvu de cerveau, est capable d'apprendre à aimer le sel...

Audiodescription

Audrey Dussutour, dompteuse de Blob

Audrey Dussutour, ethologue au CNRS, spécialiste du blob

  • En France, le blob est étudié depuis 2009 au Centre de recherches sur la cognition animale (CNRS/Université Paul Sabatier) par la chercheuse Audrey Dussutour, alias Docteur Drey.
    A travers plus de 200 actions de médiation menées au cours de sa carrière, Audrey Dussutour a su mettre à profit ses travaux scientifiques sur le comportement des fourmis et du blob pour promouvoir les enjeux et les méthodes de la recherche scientifique auprès du plus grand nombre.
    En 2021, son investissement dans des actions de médiation lui a valu la médaille de la médiation scientifique du CNRS.

    Suivez Docteur Drey sur Twitter et Facebook.

Protocole de l'expérience

Les expériences seront réalisées sur deux espèces de Myxomycètes : Physarum polycephalum (le blob) et Badhamia utricularis (un cousin du blob) et sur plusieurs souches de chaque espèce (ex : LU, MALU, CAR, SOU, DW, JM, B1 & B2).
Différents protocoles seront établis faisant varier différents paramètres : la durée, la fréquence, l’intensité des vagues de chaleurs, la souche et l’espèce de Myxomycètes. Nous proposerons aux volontaires différents protocoles en fonction de leurs disponibilités.
Le détail sera envoyé aux volontaires sélectionnés et disponible à chacun et chacune ici.

Calendrier et informations pratiques

  • Jusqu’au 12 novembre 2021 : pré-inscription des volontaires
  • Jusqu'au 30 novembre 2021 : recueil des disponibilités des volontaires via un questionnaire
  • Décembre 2021 : analyse des réponses au questionnaire
  • Fin janvier 2022 : validation des inscriptions
  • Fin février 2022 : attribution des protocoles, en fonction des choix renseignés
  • Fin mars 2022 : envoi des kits aux 15 000 volontaires
  • Printemps 2022 : réalisation de l'expérience
  • Début de l'été 2022 : collecte des données
  • Eté – hiver 2022 : analyse des résultats en vue d'une publication
    Chaque contributeur et contributrice pourra participer activement et/ou suivre en direct le travail d'analyse et d'écriture de la publication sur un groupe Facebook dédié. Les données seront accessibles à toutes et tous et seront publiées dans une revue en libre accès.

Envie de participer à l’expérience ?

Les inscriptions sont closes depuis le 30 novembre 2021, mais sachez que l'ensemble des protocoles et des ressources sur le blob et la démarche scientifique seront disponibles en ligne. Vous pourrez ainsi réaliser les expériences de votre côté.

Les ressources

FAQ - La foire aux questions

Vous vous posez certainement beaucoup de questions sur le blob et cette expérience de science participative. Voici les réponses d'Audrey Dussutour, spécialiste du blob au CNRS, aux questions les plus fréquemment posées.

Les informations générales sur le blob

Qu'est-ce qu'un blob ? Un organisme unicellulaire qui appartient au règne des amibozoaires et à la classe des myxomycètes (ce n'est ni un animal, ni un végétal, ni un champignon).

Quel est le nom scientifique du blob ? Physarum polycephalum

Qu'est-ce qu'une souche de Physarum polycephalum ? Une souche (à ne pas confondre avec l'espèce) est l'équivalent d'un individu, mais comme le blob peut être sectionné en morceau, on peut avoir plusieurs individus d'une même souche. Les individus d'une même souche partage le même patrimoine génétique.

Trouve t-on des Physarum polycephalum en France ? Oui, mais il sont difficiles à trouver.

Où trouve-t-on le blob ? Dans les milieux forestiers ombragés, dans la litière des feuilles mortes, sous l'écorce des arbres mort, il faut que le substrat soit humide, donc au printemps et en été, après la pluie, on en observe plus facilement (voir le tutoriel).

A quoi ressemble le blob ? Le blob est jaune. On dit souvent qu'il ressemble à une omelette ! C'est un organisme qui peut prendre n'importe quelle forme. Il forme des pseudopodes (comme des petits bras) dans de multiples directions lorsqu'il explore son environnement.

Pourquoi le blob est jaune ? Il a des pigments jaunes : chrysophysarin A et physarochrome A.

Que mange le blob ? Des bactéries et des champignons dans la nature, des flocons d'avoine au laboratoire (voir le tutoriel).

Comment mange le blob ? Le blob absorbe sa nourriture par phagocytose, la particule alimentaire est entourée par les pseudopodes du blob et ceux-ci se referment sur la particule. La particule est ainsi internalisée dans la cellule.

Est-ce qu'on peut manger le blob ? Non, il est indigeste

A quelle vitesse le blob grandit-il ? Il double voir triple de taille tous les jours selon la souche

A quelle vitesse le blob se déplace-t-il ? De quelques millimètres à quelques centimètres par heure.

Comment le blob se déplace-t-il ? Le blob est parcouru par un réseau veineux, ces veines se contractent et poussent ainsi le liquide intracellulaire (le cytoplasme) contre la membrane ce qui la fait avancer. Un peu comme les mouvements péristaltiques de nos intestins. Les contractions sont permises par des protéines contractiles, actine et myosine, que l'on trouve aussi chez l'humain et qui permettent la contraction musculaire.

Est-ce que le blob est immortel ? Non pas au sens strict du terme, on dit que le blob est immortel biologiquement. Lorsque le blob est placé en dormance régulièrement il régénère. Mais attention le blob peut mourir de froid, de chaud, de dessication, peut être dévoré etc... il est immortel au laboratoire où les conditions sont idéales.

Est-ce que le blob a des prédateurs ? Oui les limaces, quelques collemboles et certains scarabées.

Est-ce que le blob respire ? Oui il consomme de l'oxygène et rejette du dioxyde de carbone, tout comme nous !

Pourquoi le blob rentre parfois en dormance ? Quand les conditions se dégradent (le milieu devient sec et la nourriture vient à manquer), le blob entre en dormance. il se réveillera lorsque les conditions s'amélioreront.

Combien de sexes a le blob ? On ne parle pas de sexe chez le blob mais de types sexuels, il en a 720 !

Est-ce que le blob a été séquencé ? Oui en fin 2015, mais le génome n'a pas encore été assemblé et il n'est donc pas encore annoté ...et donc quasi inutilisable !

Combien de chromosomes a le blob ? On ne sait pas exactement, il en a entre 80 et 90 !

Peut-on couper le blob en morceaux lorsqu'il est réveillé et lorsqu'il est en dormance ? Oui, dans le deux cas cela ne pose pas de problème. Le blob est une cellule polynuclée, c'est-à-dire qu'il a plusieurs noyaux et donc plusieurs copies de son matériel génétique. Si vous le coupez en deux, les deux morceaux seront autonomes.

Est-ce que le blob peut fusionner avec n'importe quel blob ? Non le blob peut fusionner uniquement avec des blobs génétiquement identiques et donc appartenant à la même souche.

Est-ce que le blob souffre ? Non, pas au sens où nous concevons la souffrance. Mais il exprime des réponses comportementales définies comme des réponses au stress lorsqu'il est placé dans des conditions défavorables.

Le blob est-il allergène ? Non le blob n’est pas allergène en phases sclérote et plasmode, mais il peut l’être en phase spores si on les inhale après avoir cassé les sporanges.

Est-ce que les blobs communiquent entre eux ? Oui, les blobs peuvent signaler la présence de nourriture à leur congénère de manière passive via l'excrétion de calcium (substance attractive pour ses congénères) dans l'environnement lorsqu'il mange. Ils peuvent aussi signaler un danger aux autres blobs en excrétant des substances encore inconnues dans l'environnement.

Quelles conditions font que les blobs vont entrer en sporulation ? Pour que le blob entre en sporulation, il doit manquer de nourriture et être exposé à la lumière (le blob peut sporuler en milieu humide ou sec).

Quelles conditions font que les blobs vont entrer en phase sclérote ? Pour que le blob entre en sphérulation, il doit manquer de nourriture et être dans un milieu sec et obscur.

Le blob est-il attiré par toutes les lumières colorées ? Le blob perçoit les UV, les lumières blanche et bleue, mais il n'aime pas les trop fortes intensités. Il perçoit également les lumières rouge et verte, mais elles ne le dérangent pas, quelque soit leur intensité.

Le blob souffre-t-il lorsqu'on le découpe ? Non, il ne possède pas de terminaisons nerveuses et ne ressent donc pas la douleur.

Le blob est-il sensible au champ magnétique ? Non, pas à notre connaissance.

Comment conserver le plus longtemps possible les sclérotes ? On peut les conserver 30 ans à -80°C ou 2 ans à température ambiante ou un peu plus longtemps s'ils sont conservés au réfrigérateur.

L'élevage du blob

Sur quel support on peut élever un blob ? Sur une gélose d'agar ou sur du papier essuie-tout (type : sopalin) humide

Quelle est la concentration en agar qu'il faut utiliser pour la gélose ? Dix gramme d'agar dans 1 litre d'eau, faire bouillir le tout (voir le tutoriel)

Combien de temps peut-on conserver la gélose ? 5 jours au réfrigérateur.

A quelle fréquence faut-il changer la gélose d'agar ? Tous les 1 à 2 jours.

Faut-il le nourrir tous les jours ? De préférence oui, sinon il s'échappe ! Vous pouvez aussi le mettre entre 13 et 18°C cela ralentit sa croissance et vous pouvez ainsi partir en weekend !

Combien de nourriture faut-il lui donner ? Ne pas trop donner de flocons d'avoine pour éviter les contaminations, lui donner l'équivalent de sa taille en flocons.

Faut-il le manipuler en conditions stériles ? Non, mais veillez à bien nettoyer les boites et les ustensiles (ajouter un peu de javel à l'eau de vaisselle). Lavez-vous aussi les mains avant de les manipuler.

Peut-on toucher le blob avec les doigts ? Oui, mais délicatement car sa membrane est extrêmement fine

Est-on obliger de l'élever en boite de pétri ? Non, un contenant en plastique percé de petits trous sur le couvercle (pour que le blob respire) fait tout à fait l'affaire.

Quelle est la température d'élevage idéale ? Entre 20 et 25°C.

Où peut-on conserver un blob ? Dans un carton à l'abri de la lumière, dans un placard

Combien de temps peut-on observer un blob à la lumière du jour ? 2 heures, mais certaines souches comme DW et LU352 supportent la lumière pendant plus longtemps.

Que faire du blob quand on en veut plus ? L'endormir et l'offrir à quelqu'un, le mettre dans le compost, le tuer :-( pour cela placer le au congélateur 24h.

Comment endormir un blob ? Le placer sur un papier filtre très légèrement humide et le placer à l'obscurité et attendre 3-4 jours (voir le tutoriel).

Est-ce que l'on peut faire une allergie au blob ? Le blob n'est pas allergène en lui-même, seules les spores comme toutes microparticules peuvent déclencher des réactions allergiques.

Qu'est-ce que le halo blanc autour du blob ? Il s’agit d’un amas de calcium sécrété habituellement par le blob, rien d’inquiétant.

Comment sait-on que le blob est mort ? Lorsqu'il prend une couleur marron et qu'il ne bouge plus du tout.

Pourquoi doit-on placer les blobs à l'obscurité ? Le blob est sensible à la lumière car il n'a pas de paroi, sa cellule est entourée d'une simple membrane très fine que les UV traversent sans problème et dénaturent l'ADN.

Comment éviter que le blob aille sur les parois de la boite lors de la sphérulation ? Placer des disques de papier filtre un peu plus petits que le diamètre de la boite.

Est-il normal que le blob prenne une coloration marron ? Non, le marron indique une contamination par les levures.

Pourquoi le blob devient-il orange ? Cela est dû à la dessication ou à la fermentation s'il sent mauvais.

Comment laver les boîtes de pétri ? Simplement avec du liquide vaisselle et une éponge.

Quelle température peut être fatale au blob ? Il ne faut pas descendre en dessous de 8°C, mais la souche lu352 peut parfois résister à des températures plus basses.

Combien de temps le blob met-il pour se réveiller ? Il peut mettre jusqu'à 48h.

L'expérience de science participative

Le blob nous sera-t-il donné par le CNRS ? Oui

Est-ce que je peux participer à l'expérience avec un blob acheté en ligne ? Non, car il faut que l'origine de la souche soit certifiée pour une publication scientifique.

Est-ce que je pourrai recevoir plusieurs souches ? Oui, selon le temps à votre disposition, vous pourrez faire l'expérience sur plusieurs souches.

Est-ce que je pourrai choisir la souche que je vais recevoir ? Non, mais vous pourrez nous faire part de votre préférence.

Quel matériel sera nécessaire pour l'expérience ? Un appareil de prise de vue (smartphone, appareil photo ou caméra), un thermomètre / hygromètre, un radiateur ou une lampe chauffante, des boites de pétri 90 mm (nombre à définir selon le nombre d'expériences que vous êtes prêt ou prête à faire), de l'Agar et des flocons d'avoine, un verre doseur et du petit matériel facilement trouvable qui seront listés plus tard (ex : bouchon de bouteille). Lors de la distribution des protocoles, on vous donnera une liste du matériel à avoir ou à acquérir.

Est-ce qu'il faudra suivre le protocole à la lettre ? Oui, c'est très important sinon les résultats ne seront pas utilisables.

Si je fais une erreur dans le protocole que faire ? Il faut simplement le signaler, l'erreur est humaine, il ne faut surtout pas cacher les erreurs car cela peut impacter les résultats.

Puis-je décider quand je débute l'expérience ? Oui, mais l'expérience devra être réalisée entre le mois de mars et le mois de mai 2022.

Si je n'ai pas le matériel nécessaire ou je n'ai pas envie de faire l'expérience, puis je tout de même participer ? Oui, car certains volontaires auront besoin d'aide pour analyser les images obtenues, certaines personnes sont à l'aise avec l'expérimentation, d'autres avec l'outil informatique !

Quand seront distribués les protocoles ? Fin février 2022.

Quand seront distribués les blobs ? Fin mars 2022.

Sous quelle forme seront donnés les protocoles ? Forme écrite avec photos, une vidéo sera également à disposition.

Y a-t-il une limite d'âge pour participer ? A partir de 8 ans (avec accompagnement d'un enseignant ou d'un parent).

Peut-on être plusieurs à réaliser l'expérience dans une famille, une association, un ehpad ou une classe ? Bien entendu, chaque participant et participante  prêt et prête à faire l'expérience recevra un kit, sous réserve de s’être pré-inscrit et pré-inscrite avant le 12 novembre 2021.