Le G6 prépare le futur de l’Europe de la recherche

CNRS International

Suite à un symposium en avril, les présidents du G6, dont le PDG du CNRS, présentent aujourd’hui leurs recommandations communes quant au prochain programme-cadre de recherche et d'innovation de l'Union européenne.

Faire de la recherche une priorité absolue de l’Union européenne et refléter cette ambition dans un budget solide pour la recherche fondamentale exploratoire et la recherche ciblée. Voici la première des sept recommandations faites par le G6 à la Commission européenne à propos du prochain programme-cadre de recherche et d'innovation de l'Union européenne « FP10 », qui prendra la suite du programme-cadre Horizon Europe en 2028.

Le G6 est un réseau d’influence regroupant les principaux organismes pluridisciplinaires de recherche européens : le Consiglio Nazionale delle Ricerche (CNR, Italie), le CNRS (France), le Consejo Superior de Investigaciones Científicas (CSIC, Espagne), la Helmholtz Association, la Leibniz Association et la Max Planck Society (MPG, Allemagne). Il représente plus de 142000 collaborateurs et collaboratrices en Europe et concentre les têtes de pont des acteurs nationaux de la recherche européenne en termes de compétences, de réseaux ou d’infrastructures. Il exprime régulièrement les positions communes de ses membres, par exemple sur les enseignements de la pandémie de Covid-19, la science ouverte et la liberté de la recherche académique ou encore le soutien au Conseil européen de la recherche (ERC).

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Le président-directeur général du CNRS, Antoine Petit, était présent au symposium d'avril, aux côtés notamment de Claire Giry, directrice générale de la recherche et de l'innovation du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. © Axel Griesch

Les présidents et présidentes des membres du G6 – Maria Chiara Carrozza (CNR), Antoine Petit (CNRS), Eloísa del Pino Matute (CSIC), Otmar Wiestler (Helmholtz Association), Martina Brockmeier (Leibniz Association) et Martin Stratmann (MPG) – se sont réunis lors d’un symposium en avril 2023 pour poser quelques jalons dans la préparation du prochain programme-cadre européen. « L’échéance du prochain programme-cadre peut paraître lointaine, mais l’expérience montre qu’il n’est jamais trop tôt pour commencer à faire passer quelques messages importants. », assure Alain Mermet, directeur du Bureau de représentation du CNRS à Bruxelles.

Plusieurs groupes de travail se mettent d’ailleurs en place actuellement à Bruxelles, comme en témoigne l’actuel appel à candidatures de la Commission pour un groupe d’experts de haut niveau1 . Analogue du comité piloté par Pascal Lamy, ancien directeur général de l'Organisation mondiale du commerce, lors de la préparation du 9ème programme-cadre, ce groupe aura entre autres pour mission de réfléchir aux orientations stratégiques du FP10. Le Conseil de l’Union européenne, à travers le Comité de l'Espace européen de la recherche et de l'innovation (ERAC), a lui aussi déjà mis en place un groupe de travail sur le sujet. « Il est donc opportun que le G6 se positionne dès aujourd’hui comme un interlocuteur de ces différents groupes, pour promouvoir ses intérêts communs. », appuie Alain Mermet.

Le symposium d’avril a ainsi été l’occasion d’échanges autour de la vision de la France, de l’Italie, de l’Espagne et de l’Allemagne, mais aussi de la Commission européenne, sur le futur de la recherche européenne. Étaient notamment présents des représentants de la Commission européenne dont la présidente de l’ERC Maria Leptin, Claire Giry au nom du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche français, ainsi que ses homologues allemand, espagnol et italien. Des scientifiques des membres du G6 ont également présenté leurs points de vue, comme la physicienne Bérengère Dubrulle2 , élue femme scientifique de l’année par l’Académie des sciences en 2022, et le chimiste Jean-Marie Tarascon3 , médaille d’or du CNRS en 2022 pour ses travaux sur le stockage de l’énergie.

Les discussions ont abordé plusieurs sujets qui sont aujourd’hui l’objet des recommandations du G6, comme l’implémentation de solutions innovantes pour faciliter la coopération internationale. Le rôle de la science fondamentale dans l’innovation de rupture ou encore l’importance de maintenir le leadership scientifique et industriel européen dans les domaines clés liés aux grands défis sociétaux comme la transition énergétique ont fait partie des sujets abordés. Le G6 conseille ainsi de renforcer les liens de l’Europe avec les pays qui partagent ses valeurs partout dans le monde et de créer des alliances d’excellence autour de sujets stratégiques comme l’intelligence artificielle ou le quantique, mais aussi d’affermir les interfaces avec les industriels et PME, ou de créer un institut européen dédié aux questions de l’énergie. Pour stimuler l'innovation et la créativité, l'évaluation des projets devrait se concentrer davantage sur le processus que sur l'impact.

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Des représentants de la Commission européenne, de ministères de pays européens, des membres du G6, ainsi que des scientifiques, ont échangé sur l'avenir de l’Europe de la recherche. © Axel Griesch

Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, a conduit le dialogue autour de la nécessité de maintenir une recherche fondamentale d’excellence dans tous les programmes de l'Union européenne, à l’image des bourses ERC, et de lui assurer des moyens appropriés pour que l’Europe reste l'un des pôles mondiaux de recherche les plus attractifs et les plus compétitifs au monde. « L'excellence en recherche n'est pas un luxe : c'est une nécessité absolue pour répondre aux défis mondiaux, sociaux et industriels, au profit de tous les citoyens et citoyennes européens. », affirme-t-il.

La science ouverte et le soutien à la prise de décision politique fondée sur des données probantes font aussi l’objet de recommandations, de la même manière que le financement d’infrastructures de recherche de pointe comme EOSC qui devrait être mieux coordonné aux niveaux nationaux et européen. Les 7 recommandations du G6 pour le FP10 sont rassemblées dans un document de synthèse qui sera remis à la Commissaire européenne.

  • 1Contactez le Bureau de Bruxelles pour toute information à ce sujet : dei-europe[at]cnrs.fr
  • 2Directrice de recherche CNRS au Service de physique de l'état condensé (CNRS/CEA/Université Paris-Saclay) et directrice de l’École de physique des Houches (CNRS/CEA/ENS Lyon/Université Grenoble Alpes).
  • 3Professeur au Collège de France, directeur du Réseau sur le stockage électrochimique de l'énergie et du laboratoire Chimie du solide et de l'énergie (CNRS/Collège de France/Sorbonne Université).