Une initiative pour protéger nos soignants

CNRS

Avec des collègues scientifiques, Axel Magalon, directeur de recherche CNRS et directeur adjoint du Laboratoire de chimie bactérienne (LCB), a mis en place la plateforme nationale #Protégeons-nos-soignants pour faciliter les contacts entre donateurs et structures de soin.

Capture d'écran de la plateforme Protégeons nos soignants
Capture d'écran de la plateforme Protégeons nos soignants © #Protégeons-nos-soignants

Comment est née la plateforme #Protégeons-nos-soignants ?

Axel Magalon : Début avril, des collègues scientifiques américains nous ont fait part de l’initiative « GetUsPPE ». Elle regroupe, aux États-Unis, une quinzaine d’initiatives locales pour aider les soignants à obtenir du matériel de protection1 via des dons. Après discussion au sein de la direction de l’unité, j’ai décidé, en tant que directeur adjoint du Laboratoire de chimie bactérienne (LCB)2 , de lancer notre plateforme nationale française #Protégeons-nos-soignants, qui a ouvert le 17 avril. À notre connaissance, c’est la seule qui permette de coordonner des informations locales de cette manière. Elle aide la population, qui est prête à donner du matériel mais peine à obtenir les informations de contact nécessaires.

En pratique, comment fonctionne la plateforme ?

A. M. : Notre idée est de mettre en contact les personnes susceptibles de donner ou de produire du matériel de protection individuelle - masques, blouses, gants, lunettes de protection, etc. - et celles qui en ont besoin. Une multitude d’initiatives individuelles, locales, régionales et nationales émergent pour la production et la collecte de ces équipements, par exemple via les Agences régionales de santé, mais il demeure indispensable de faciliter l’échange d’information et d’accélérer le transfert de ces équipements. Notre site web présente donc une carte des structures qui sont en demande de matériels. Ce sont des hôpitaux, des cliniques, des pharmacies, des établissements pénitentiaires, etc. En un week-end, nous avons déjà 9 structures affichées et une dizaine d’autres en attente de validation : il y avait un vrai besoin pour une telle plateforme et nous espérons que cela fera boule de neige !

Les structures de soin ont juste un petit formulaire à remplir avec leur situation géographique, leurs contacts et leurs besoins. Notre équipe vérifie ces informations puis les publie sur notre site. Toute personne qui veut faire un don a ensuite accès à ces données. Notre carte présente également les structures ou bénévoles capables de fabriquer du matériel de protection.

Masques fait maison
Beaucoup de personnes fabriquent de façon artisanale du matériel de protection pour les travailleurs. © Julie Souciet

Comment êtes-vous organisés pour mettre à jour ce site web ?

A. M. : Nous sommes une équipe de 20 citoyens engagés, des chercheurs, chercheuses du LCB et d’ailleurs, des ingénieurs, des étudiants, des personnels PU-PH et des citoyens. L’initiative est partie de notre laboratoire, qui reste le porteur, mais elle s’est depuis diffusée de réseaux en réseaux et incluent plusieurs laboratoires en France. Il nous a fallu 15 jours pour mettre en place la plateforme, en particulier les infrastructures et informations légales nécessaires à la protection des données. Pour cela, nous avons eu le soutien de Ghislaine Gibello, déléguée régionale du CNRS pour la région Provence Corse. Notre site profite aussi d’un hébergement et d’un nom de domaine offerts par la société Gandi SAS, qui a dédié une équipe au développement et à la mise en place du site. Nous entendons adapter notre site au fur et à mesure de l’évolution de la situation sanitaire pour répondre au mieux aux besoins, en restant concentrés sur les matériels. Nous sommes en cela complémentaire de l’initiative Crowdfight COVID-19.

Votre laboratoire est-il coutumier de ce genre d’action ?

A. M. : Notre laboratoire est régulièrement actif dans des actions de communication grand public et de vulgarisation, comme une exposition grand public lors des 80 ans du CNRS l’an dernier ou la Fête de la science. Mais cette situation-là est inédite. Notre laboratoire a proposé deux actions tournées vers la société civile, dans le cadre de cette crise : #Protégeons-nos-soignants et Diffusons la science, qui informe quasi-quotidiennement sur des actualités de l’épidémie par de courtes vidéos. Pour faire face à cette crise, il est essentiel de s’engager et d’être un acteur de la société, quel que soit son niveau ou ses compétences. Notre initiative a démarré car le monde scientifique et le monde médical ont travaillé main dans la main.

 

En savoir plus : Andrew Saurin, chargé de recherche CNRS à l’Institut de biologie du développement de Marseille3 , et Pierre-Xavier Maziani, docteur en microbiologie, coordonnent ce site web avec Axel Magalon. Pour les contacter : info@protegeons-nos-soignants.fr

  • 1En anglais, “personal protective equipment”, soit PPE.
  • 2CNRS/Aix-Marseille Université.
  • 3CNRS/Aix-Marseille Université/Collège de France.