Comment les araignées chassent-elles « à l’unisson » ?

Biologie

Parmi les 50 000 espèces d’araignées connues, une vingtaine d’entre elles ont développé une vie sociale permanente caractérisée par une remarquable coopération1 . Parmi elles, une ou deux espèces chassent « en meute ». Comme les araignées Anelosimus eximius, en Guyane, dont les colonies peuvent abriter plusieurs milliers d’individus de tous âges qui coexistent paisiblement dans de gigantesques toiles pouvant atteindre plusieurs mètres cube. Quand une proie tombe dans leur toile, les araignées adoptent en quelques fractions de seconde un comportement étonnant : elles synchronisent leurs déplacements en coordonnant leurs phases de mouvement et d’immobilité pour fondre ensemble sur leur cible. Elles sont ainsi capables de capturer des proies jusqu’à plusieurs centaines de fois plus grosses qu’elles. Une équipe du Centre de recherches sur la cognition animale (CNRS/Université Toulouse III-Paul Sabatier)2 menée par un chercheur du CNRS vient de mettre en évidence les mécanismes à l’œuvre dans cette chasse à l’unisson. Combinant travail de terrain et modélisation, leurs résultats révèlent les comportements impliqués dans la synchronisation de ces déplacements. Celle-ci repose sur une modulation des comportements de chaque araignée en fonction de l'intensité relative des signaux des proies par rapport à ceux des autres araignées : elles restent immobiles sur la toile tant que les vibrations émises par leurs congénères masquent celles émises par la proie, avant de reprendre la traque. Cette coordination accroît leur capacité à détecter les proies et à optimiser leurs performances de chasse. Ces résultats sont publiés dans PNAS la semaine du 7 mars 2022.

Colonie d'araignées sociales de l'espèce Anelosimus eximius en Guyane.
© Raphaël Jeanson/CNRS

Chasse collective d’Anelosimus eximius, en vidéo.

  • 1Présentes uniquement sous les Tropiques, ces espèces sont apparues de façon indépendante à plusieurs reprises au cours de l’évolution.
  • 2Le CRCA est membre de la fédération de recherche Centre de biologie intégrative (CNRS/Université Toulouse III - Paul Sabatier).
Bibliographie

A variable refractory period increases collective performance in noisy environments. Violette Chiara, Patrick Arrufat et Raphaël Jeanson. PNAS, la semaine du 7 mars 2022.

Contact

Raphaël Jeanson
Chercheur CNRS
François Maginiot
Attaché de presse CNRS