Antoine Petit : « La recherche fondamentale au service de la société »

CNRS

Reconduit à la tête du CNRS, Antoine Petit nous expose son nouveau projet et ses ambitions pour l'organisme pour les quatre années à venir.

Vous venez d’être reconduit à la présidence du CNRS pour un nouveau mandat de quatre ans. Quelle est votre première réaction ?

Diriger le CNRS pendant quatre ans a été un honneur et un plaisir de tous les instants même si les contextes ont varié du tout au tout. Ainsi, à une année 2019 exceptionnelle rythmée par de nombreuses célébrations des 80 ans de l’institution a succédé une année 2020 marquée par une crise sanitaire mondiale sans précédent. Ces différentes périodes, parfois euphorisantes, parfois plus délicates, ont conforté ma conviction que le CNRS est une institution unique, une chance pour notre pays. Bénéficiant d’une reconnaissance internationale exceptionnelle, je suis intimement convaincu que le CNRS doit jouer un rôle encore plus important à une période où plus que jamais, la société, dans toutes ses dimensions, a besoin de davantage de science.

Je suis ainsi fier et heureux de pouvoir continuer à apporter ma contribution au fonctionnement et aux évolutions de cet extraordinaire établissement qui a tant fait, et fait tant, pour la recherche française et son rayonnement à travers le monde.

Je crois profondément que diriger le CNRS est avant tout un travail d’équipes. Aux niveaux de la direction générale, du comité de direction, des directions d’instituts, des directions fonctionnelles, des délégations régionales, des unités, etc., ce sont ces collectifs qui font la force du CNRS. Le rôle du PDG est de définir les grandes orientations et de faire en sorte qu’elles guident les actions de l’institution. Il doit animer les collectifs et inviter à leur animation. C’est un point essentiel, je crois que le management d’un organisme de recherche ne peut être basé que sur le dialogue et les échanges. Il ne s’agit nullement de contraindre mais de convaincre et d’inciter. Il est en effet essentiel que la liberté de la recherche soit respectée, elle est la garante de l’avancée des connaissances.

 

Dans le message que vous avez envoyé en septembre au personnel du CNRS pour annoncer votre candidature, vous avez présenté votre projet dont la devise serait : « La recherche fondamentale au service de la société ». Qu’entendez-vous par là ?

Conduire des recherches fondamentales, faire avancer les connaissances, est la mission première du CNRS, celle qui justifie son existence, celle qui est la base de ses activités, de son impact. Depuis plus de 80 ans, le CNRS mène des recherches fondamentales qui se placent au meilleur niveau international. Cette appréciation ne se décrète pas, elle se constate. Et le constat est sans appel : attractivité, rayonnement international, prix internationaux, invitations dans les grandes conférences, succès à l’European Research Council (ERC) et dans les programmes européens... sont autant d’illustrations qui démontrent que le CNRS est une des meilleures institutions de recherche fondamentale à travers le monde. La France peut légitimement en être fière.

Il faut continuer à recruter des scientifiques du meilleur niveau mondial ou les plus prometteurs, de toutes nationalités, sur la base essentielle de leurs réalisations et de leurs projets scientifiques, et aussi leur donner les moyens de développer leurs projets.

Le fait que ces recherches se situent au meilleur niveau international est une condition nécessaire mais pas toujours suffisante, pour avoir un réel impact. Cette appréciation ne peut résulter que d’un seul critère : l’évaluation par les pairs, seuls à même de reconnaître l’originalité et la profondeur d’un résultat ou d’une avancée scientifique. Et malgré cela, le plus souvent, l’impact ne peut être anticipé, et sa temporalité reste inconnue. Pour ne prendre qu’un seul exemple, le concept d'ARN messager a été émis puis démontré par François Jacob et Jacques Monod qui ont reçu le prix Nobel en 1965, sans imaginer pour autant qu’il serait, près de 60 ans plus tard, à la base de plusieurs vaccins contre le Covid.

Je crois aussi qu’il est noble, et valorisant, d’avoir l’ambition de mettre cette recherche fondamentale au service de la société, société qui bénéficie tous les jours de l’avancée des connaissances et du progrès. Le CNRS se doit d’avoir à cœur d’appliquer ses résultats de recherche fondamentale. Je souhaite mettre en avant trois de ces composantes de la société qui méritent, de mon point de vue, une attention particulière : les grands défis sociaux, le monde économique et l’aide à la compréhension et à la décision.

 

Comment la recherche peut-elle contribuer aux grands défis sociaux, qui constituent donc une des grandes priorités de votre projet ?

Les défis sociaux sont l’objet de beaucoup d’attentions et de préoccupations.  L’importance de la science pour les aborder n’est cependant pas toujours reconnue à sa juste valeur. C’est pourquoi nous avons voulu inscrire six d’entre eux dans notre Contrat d’objectifs et de performance (COP). Nous avons aussi l’ambition de contribuer à la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) définis dans l’agenda 2030 des Nations Unies.

Je souhaite poursuivre cette orientation essentielle. Avant tout, ces grands défis sociaux sont vitaux pour notre planète et la science est indispensable pour mieux les aborder, les comprendre et les instruire. La science est également là pour aider à identifier les pistes les plus prometteuses et contribuer à des solutions pertinentes.

Ces défis sociaux sont aussi une formidable source de motivations pour les scientifiques et leurs équipes, en permettant de dépasser les frontières disciplinaires et de favoriser ainsi de nouveaux échanges, de nouvelles collaborations. Enfin, ils permettent aussi de mieux faire comprendre l’action du CNRS, l’importance de la science. Mettre en avant des défis sociaux auxquels nous contribuons est aussi une manière de présenter la diversité de l’institution et son ancrage dans notre quotidien.

 

Seconde priorité affichée : le monde économique. Pourquoi ?

Je suis convaincu que notre pays peut faire encore beaucoup mieux dans les relations entre le monde académique et le monde économique. Ce que le CNRS apporte est la conséquence des recherches fondamentales conduites au meilleur niveau international et qui peuvent déboucher sur des innovations de rupture.

Nous avons considérablement développé notre programme de prématuration. L’expérience a montré qu’il y avait un effet « boule de neige », au sens où le nombre de candidatures augmente avec le nombre de financements proposés. Je considère que nous devons viser un objectif de 150 opérations de prématuration par an.

Une centaine de start-up, issues des UMR ou UPR1 , sont créées chaque année. Importantes d’un point de vue économique, elles constituent une excellente vitrine de nos capacités de transfert. La prochaine étape sera la création d’un « Start-up Studio » adapté à la diversité des start-up issues de nos unités, avec notamment l’objectif de mieux identifier et accompagner celles à fort potentiel.

Nous privilégions le dialogue avec les acteurs industriels, en ne transigeant jamais sur notre métier de base : faire de la recherche fondamentale. Cette dernière peut porter sur des sujets co-définis avec nos partenaires industriels, et être faite en interactions avec eux. Et il est intéressant de constater que les applications challengent la recherche fondamentale.

Le mode de collaboration que je souhaite privilégier repose sur la notion de laboratoire commun avec un partenaire industriel. C’est l’outil qui garantit le mieux l’implication des différents partenaires et qui permet de s’inscrire dans la durée, un facteur clé pour la réussite des coopérations.

Je considère par ailleurs que les mobilités entre le milieu académique et le milieu économique sont de manière incontestable un facteur de leur développement.

 

Votre nouveau projet met aussi l’accent sur l’aide à la compréhension et à la décision, une dimension de la recherche que l’épidémie de Covid-19 a particulièrement mise en exergue. Quel doit être le rôle du CNRS en la matière ?

La crise sanitaire aura rappelé à quel point les citoyennes et citoyens ont besoin de science. C’est vrai bien entendu pour les décideurs et décideuses qui doivent pouvoir s’appuyer sur la science pour décider. C’est tout aussi vrai pour le citoyen ou la citoyenne qui doit pouvoir se forger une conviction et mieux comprendre, en ayant à sa disposition ce que la science sait, mais aussi tout ce qu’elle ne sait pas.

La question du transfert des connaissances vers la société passe aussi par des actions de médiation scientifique et de nouveaux vecteurs de diffusion. Dans le cadre de la loi de programmation de la recherche, nous avons créé en 2021 les médailles de la médiation. Je souhaite que nous mettions en place une politique ambitieuse pour améliorer la médiation scientifique et la diffusion des connaissances. Par exemple, le soutien à la production de films et d’images m’apparaît essentiel pour toucher aujourd’hui le plus grand nombre. C’est pourquoi je souhaite étudier la création d’une chaine scientifique grand public  « CNRS TV ».

Plus largement, une attention particulière doit être portée aux relations avec les media. Nous constatons en effet que certains d’entre eux préfèrent interroger des individualités plutôt que des institutions, ajoutant une confusion entre science et croyance qui entraîne la multiplication de fake news et décrédibilise la parole scientifique.

C’est pour tenter d’endiguer cette dérive que nous avons créé fin 2021 une mission pour l’expertise scientifique (MPES). « Estampillées » CNRS, les expertises produites engageront l’établissement, et non pas tel chercheur ou telle chercheuse.

 

Quels sont les atouts du CNRS pour mettre en œuvre ces priorités ?

Pour conduire une recherche fondamentale au meilleur niveau international et la mettre au service de la société, le CNRS peut s’appuyer de manière constante sur trois atouts dont il est le seul à bénéficier à un tel niveau et qui font sa force :

  • Un potentiel d’interdisciplinarité unique ;
  • Un réseau de partenariats académiques exceptionnel ;
  • Un ensemble remarquable de coopérations internationales.

Ces atouts doivent être soigneusement entretenus, utilisés et renforcés.

Concernant le premier, j’emploie ici le terme d’inter-disciplinarité de manière englobante, dans le sens de faire inter-agir des disciplines différentes, regroupant ainsi les notions de pluri-, multi- ou encore trans-disciplinarité, utilisées dans différents contextes. Une bonne interdisciplinarité s’appuie sur des disciplines de très bon niveau. 

Pour se mettre au service de la société, la science se doit d’adopter une démarche interdisciplinaire. Les grands challenges industriels ou les grands enjeux sociaux ne peuvent jamais, ou quasiment jamais, être traités via des approches disciplinaires. Ils nécessitent au contraire de faire coopérer et interagir différentes disciplines.

Du point de vue de l’avancée des connaissances, une part d’interdisciplinarité devient souvent nécessaire. L’exemple le plus frappant est sans doute celui des données. Avec la numérisation, presque toutes les disciplines ont à leur disposition des quantités de données de plus en plus importantes. Je souhaite à cet effet que nous développions dans les années à venir un programme transverse sur les données, tirant parti des expériences et savoir-faire des instituts.

Nous avons lancé dès 2019 les actions Prime (Projets de recherche interdisciplinaires multi équipes). Après trois ans, ce sont près de 250 projets qui ont été soutenus. Cette dynamique essentielle doit se poursuivre.

Cette capacité unique à l’interdisciplinarité a aussi été illustrée par le rôle particulier qui nous a été donné dans la mise en place des Programmes prioritaires de recherche (PPR) du PIA3 et des Programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR) du PIA4 qui sont, les uns et les autres, profondément interdisciplinaires.

 

Le second atout du CNRS ?

Notre deuxième atout est notre réseau de partenariats académiques exceptionnel.

Contrairement à ce qui se dit ou s’écrit parfois, la plupart des pays ont trois types d’acteurs :

  • Des universités ;
  • Des organismes de recherche nationaux (non, ce n’est pas une spécificité française, cf. la Max Planck en Allemagne, l’Académie des Sciences de Chine, les National Labs aux USA, le Riken au Japon...) ;
  • Des agences de financement, publiques ou privées.

Il est absurde d’opposer les uns aux autres, nullement concurrents entre eux. Ils doivent au contraire coopérer. Mais il convient de clairement préciser leurs missions, leurs rôles et leurs périmètres, afin d’avoir un système de l’ESRI efficace, reconnu et attractif sur la scène internationale. Nous devons veiller à travailler ensemble en sachant combiner saine émulation et coopération.

Les chercheurs et chercheuses du CNRS contribuent largement aux succès des universités françaises dans les classements internationaux. Depuis 2019, à la demande de la Ministre, les plus cités d’entre eux et d’entre elles (les « Highly cited researchers ») font figurer l’Université comme principale affiliation apportant ainsi des points précieux à ces universités. Le CNRS continuera à appliquer une telle politique au bénéfice de toutes les universités demandeuses, tant pour les classements généraux que pour les classements thématiques.

Le CNRS doit maintenant aborder une nouvelle phase de ses relations avec les universités. De nouveaux partenariats doivent être construits avec les établissements ayant la volonté forte de coopérer. Ces partenariats doivent être plus individualisés et davantage basés sur des stratégies partagées. Il faudra notamment veiller aux plus-values résultant de la coopération entre un organisme national d’une part, une université ancrée sur son territoire d’autre part, les deux ayant l’ambition naturelle de rayonner internationalement.

Ce chantier doit aussi être l’occasion de lancer une réflexion sur l’organisation du CNRS en régions et notamment sur le rôle et les missions des délégations régionales et leur articulation avec les autres acteurs régionaux.

D’un point de vue opérationnel, les partenariats avec les universités soulèvent de nombreux points. Je veux rapidement évoquer trois des principaux, les UMR, les personnels et les activités d’enseignement.

L’organisation de la recherche académique française est très largement basée sur la notion d’UMR, unité mixte de recherche. Nous avons un intérêt collectif à ne pas en faire l’unique outil possible de coopérations avec les universités et les autres organismes de recherche. De manière plus globale, je propose de réfléchir à la création de « laboratoires nationaux » thématiques, « flagships » de la recherche française qui rassembleraient sur un même lieu des laboratoires académiques et industriels, des start-up, des plateformes, des démonstrateurs et une offre de formation. De tels « flagships » auraient naturellement vocation à s’inscrire aussi dans une dynamique européenne, si le sujet s’y prête.

Concernant les personnels IT / BIATSS2 , la situation actuelle est très déséquilibrée. Si l’on peut trouver une certaine logique à ce que le CNRS fournisse beaucoup plus de personnels de soutien que les universités et écoles, la justification pour les personnels de support est beaucoup moins évidente. Le rééquilibrage, à terme, est un chantier difficile mais il doit être lancé sans plus attendre. Dans cet esprit, je souhaite que le CNRS travaille avec les universités volontaires à une notion d’unité mixte d’appui qui, sur le modèle connu des UMR, regrouperait des personnels d’appui de plusieurs établissements pour offrir un service partagé à une ou plusieurs unités de recherche, ou mixtes ou propres à certains établissements.

Concernant les activités d’enseignement, le CNRS avait mis sur pied à titre expérimental un système de « professeur ou maître de conférences attaché » avec deux Écoles normales supérieures. Nous poursuivrons sa généralisation en maintenant comme principe de base le volontariat.

 

Et le troisième atout ?

Notre troisième atout est un ensemble remarquable de coopérations internationales.

Le CNRS est un organisme de recherche profondément international. Promouvoir une recherche fondamentale au meilleur niveau suppose aussi d’inciter et favoriser les coopérations avec les meilleures et les meilleurs.

Plus d’un tiers des lauréates et lauréats aux différents concours de chercheurs et chercheuses permanents ont une autre nationalité que la nationalité française. Le CNRS poursuivra de manière volontariste cette politique.

Un autre élément clé des coopérations internationales est constitué des diverses collaborations scientifiques que le CNRS entretient à travers le monde :  projets, laboratoires, réseaux et centres de recherche internationaux. En complément, nous avons développé des relations avec certaines universités via des « PhD Joint Programs ». Ces différents outils doivent continuer à privilégier ces coopérations avec les institutions les plus renommées internationalement, sur la base de sujets scientifiques d’intérêt commun.

Comme prévu dans le COP, le CNRS a présenté au conseil d’administration de décembre 2021 un « plan Afrique ». Sa mise en œuvre s’appuiera sur les forces et les stratégies de nos partenaires africains et proposera de nouveaux outils spécifiques de coopérations en veillant à la complémentarité des approches et des actions avec les autres acteurs français.

Le CNRS est un acteur engagé de la construction de l’espace européen de la recherche. Premier organisme bénéficiaire des différents programmes-cadres européens, nous mettrons en œuvre notre feuille de route « Stratégie européenne du CNRS », rendue publique en mai 2021. Traditionnellement, nous avons d’excellents résultats dans le cadre du pilier 1, « L'excellence scientifique ». Sur l’ensemble du précédent programme cadre Horizon 2020, plus de la moitié des lauréats exerçant en France sont des salariés du CNRS, alors que nos chercheurs et chercheuses ne représentent qu’un peu plus de 11 % de la communauté académique. Le CNRS poursuivra la politique d’incitation et d’accompagnement à l’ERC que nous menons depuis des années. Il reste des marges de progression, notamment en sciences humaines et sociales (SHS) et pour les appels « Advanced Grants ».

Un effort particulier sera apporté à la progression de nos résultats dans le cadre des trois autres piliers : « Les problématiques mondiales et la compétitivité industrielle européenne », « L'Europe innovante » et « Élargir la participation et renforcer l'espace européen de la recherche ».

 

De quels moyens allez-vous disposer pour développer ce programme ?

Au cours de mon premier mandat, j’ai essayé de (re)construire des (petites) marges de manœuvre, notamment par des prélèvements sur le fonds de roulement. Elles ont permis essentiellement de financer les opérations de prématuration ou encore les actions interdisciplinaires et le « Programme interne de doctorantes et doctorants » (200 en 2019, 180 en 2020 et 2021). Ce programme a joué un rôle essentiel dans la mise en œuvre de la politique de l’établissement, grâce des effets de levier conséquents. Il a été ciblé sur trois priorités : l’interdisciplinarité avec notamment le soutien aux projets Prime, les défis sociaux et les coopérations internationales via les « PhD joint Programs ». Nous poursuivrons dans cette direction en utilisant en particulier la réforme du préciput (« overhead ») de l’ANR liée à la mise en place de la LPR.

Je suis convaincu qu’il est indispensable de partager avec l’État une vision pluriannuelle de l’évolution du budget du CNRS. Le contrat d’objectifs et de performance actuel est un exercice intéressant d’un point de vue prospectif mais sans conséquence sur les moyens. Le CNRS devrait bénéficier d’un véritable contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens qui mette en regard les objectifs qui lui sont fixés avec les moyens dont il dispose, y compris les ressources propres bien sûr.

Un véritable contrat d’objectifs et de moyens permettrait notamment de :

  • Limiter à 80 % le pourcentage maximal de la subvention pour charge de service public (SCSP) consacrée à la masse salariale ;
  • Fixer des seuils minimaux cibles pour les volumes d’emplois rémunérés sur SCSP, de permanents d’une part, de non permanents d’autre part ;
  • Fixer un pourcentage minimal cible de ressources propres dans le budget de l’établissement.

Un tel contrat serait vertueux car engageant les deux signataires.

Par ailleurs, la Fondation CNRS lancée début 2020 a subi de plein fouet la crise sanitaire. Malgré la faible tradition de mécénat scientifique dans notre pays, je crois à son succès. Il nous faudra mieux expliquer les activités du CNRS, les défis sociaux que la science peut contribuer à résoudre et les besoins de financement de projets de recherche.

 

Une conclusion ?

Je n’oublie jamais que la principale force du CNRS, ce sont ses personnels, les chercheurs, les chercheuses et aussi les personnels des fonctions d’appui, et j’inclus bien sûr les personnels de ses partenaires au sein des unités mixtes.

Rien de ce qui se fait au CNRS n’est possible sans un fonctionnement interne adapté et opérationnel. Je continuerai à rencontrer les agents et échanger avec eux, que ce soit au niveau des représentants syndicaux, des membres du comité national, des instituts, des directions fonctionnelles, des délégations régionales et des unités de recherche. Ces interactions sont essentielles pour moi et pour le CNRS. Dans cet esprit, je continuerai à présider les comités techniques de l’établissement et resterai très attentif à la qualité d’un dialogue social serein et respectueux, en veillant à ne jamais mélanger les missions et les rôles des différents acteurs. Je poursuivrai le mode de fonctionnement mis en place, en insistant sur trois points : la simplification, la responsabilité sociale du CNRS et le sentiment d’appartenance.

Tout le monde appelle de ses vœux la simplification, elle doit se nourrir d’une volonté d’alléger les processus et les contrôles a priori. Le CNRS doit être exemplaire sur ce qui constitue la responsabilité sociale d’une institution. Nous avons par exemple, conjointement avec France Universités, invité les unités et leurs directions à prendre en charge le suivi de leur empreinte carbone. Enfin, le sentiment d’appartenance m’apparaît comme essentiel. Il a joué beaucoup dans la pérennité du CNRS mais doit être cultivé sans relâche et faire l’objet d’une attention régulière.

La compétition internationale devient de plus en plus dure. Le nombre d’acteurs augmente et l’importance de certains d’entre eux a crû de manière spectaculaire en quelques années, et continue à croître. Si la France veut réellement faire une priorité de la recherche et du développement, des arbitrages financiers sont nécessaires, tant du côté de l’État que celui des acteurs privés. Côté État, la LPR a été une première étape importante. Une deuxième étape est indispensable, visant notamment une responsabilisation plus importante des acteurs, organismes comme universités ou écoles, via de réels contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens entre l’État et ses opérateurs.

Le CNRS doit se recentrer sur les activités pour lesquelles son statut d’organisme national est une réelle valeur ajoutée. Le CNRS est là pour permettre aux très bons de devenir encore meilleurs ; parmi les meilleurs au niveau international.

Pour prendre une métaphore sportive, le rôle du CNRS n’est pas de permettre de se qualifier aux JO mais d’aider les qualifiés à obtenir une médaille. Et dans le domaine de la recherche, nous avons le grand avantage que les JO soient permanents.

Le CNRS est un acteur unique sur lequel l’État doit s’appuyer. La science peut, et doit, aider la France, qui est un grand pays scientifique, à rester une nation prospère comptant sur la scène internationale. Avec humilité mais conviction et enthousiasme, le CNRS doit poursuivre, et développer, son ambition de jouer un rôle important, voire essentiel, pour atteindre cet objectif.

  • 1Unités mixtes de recherche (UMR) et Unités propres de recherche (UPR).
  • 2Ingénieurs et techniciens (IT) / Personnels ingénieurs, administratifs, techniques, sociaux et de santé et des bibliothèques (BIATSS).