Des cellules saines peuvent influencer la progression de tumeurs lors du développement de l’embryon

Biologie
Santé

La moitié des cancers chez l’enfant prennent leur origine lors du développement de l’embryon, ce qui rend la recherche particulièrement complexe. L’équipe de Valérie Castellani, directrice de recherche CNRS au laboratoire Mécanismes en sciences de la vie intégrative (CNRS/Inserm/Université Claude Bernard Lyon 1) a donc développé un modèle permettant de reconstituer au mieux cet environnement embryonnaire : une greffe de cellules cancéreuses dans un embryon de poulet. Cette nouvelle méthode, qui lui a valu en 2018 la médaille de l’innovation du CNRS, ouvre la possibilité d’explorer les mécanismes qui permettent aux cellules cancéreuses de se répandre dans l’organisme, engendrant des métastases, et d’interroger l’impact des cellules saines sur le comportement de cellules malignes. C’est avec ce modèle que l’équipe de Valérie Castellani, en partenariat avec le laboratoire Biosanté (CEA/Inserm/Université Grenoble Alpes) et l’Institut d’hématologie et d’oncologie pédiatrique du Centre Léon Bérard1 , a plus spécifiquement étudié le neuroblastome - un cancer pédiatrique qui prend naissance dans les cellules nerveuses encore immatures, et dont la forme métastatique est extrêmement agressive. Les résultats de cette étude conduite par Dounia Ben Amar, doctorante co-encadrée par Céline Delloye-Bourgeois, chercheuse CNRS dans l’équipe, indiquent que le comportement des cellules de neuroblastome est influencé par certaines cellules nerveuses saines en développement. Au contact de ces dernières, les cellules cancéreuses acquièrent un comportement de dissémination métastatique. Cette étude, publiée dans la revue Nature Communications le 10 mai 2022,  révèle donc que des cellules pourtant saines, peuvent influencer la progression de tumeurs lors du développement de l’embryon. Elle illustre également l'importance de mieux comprendre le contexte singulier d'un organisme en développement dans ces cancers d'origine embryonnaire.

Image montrant le détachement de cellules tumorales primaires pour former des métastases
Modélisation du neuroblastome dans l’embryon aviaire. Sous l’action de signaux physiologiques émanant des tissus embryonnaires au sein desquels les tumeurs se développent, certaines cellules acquièrent des propriétés plus agressives, se détachent et disséminent pour établir des foyers métastatiques à distance.
© MeLiS_Equipe Castellani

 

  • 1Ont aussi collaboré à cette étude : Oncofactory et l’Institut de biologie de l’ENS (CNRS/Inserm/ENS-PLS)
Bibliographie

Environmental cues from neural crest derivatives act as metastatic triggers in an embryonic neuroblastoma model. Dounia Ben Amar, Karine Thoinet, Benjamin Villalard, Olivier Imbaud, Clélia Costechareyre, Loraine Jarrosson, Florie Reynaud, Julia Novion Ducassou, Yohann Couté, Jean-François Brunet, Valérie Combaret, Nadège Corradini, Céline Delloye-Bourgeois, Valérie Castellani. Nature Communications, 10 mai 2022. DOI : 10.1038/s41467-022-30237-3

Contact

Céline Delloye-Bourgeois
Chercheuse CNRS
Valérie Castellani
Chercheuse CNRS
Ouns Hamdi
Attachée de presse CNRS