Soutenir les industriels et start-up

Pour renforcer les synergies entre les acteurs de la filière, le plan Cybersécurité prévoit ainsi la création d’un « lieu totem » : financé par 74 M€, ce campus Cyber ouvrira à la Défense dès cette année et accueillera des industriels de toute taille ainsi que des services étatiques et des académiques.

Les start-up semblent au cœur du projet gouvernemental, afin que le pays maîtrise les technologies des « briques critiques » de la cybersécurité que sont le chiffrement, la supervision de la sécurité et la détection des intrusions, par exemple. Même si le CNRS « s’intéresse surtout aux recherches fondamentales » selon Gildas Avoine, plus d’une vingtaine de start-up sur le sujet sont sorties de ses laboratoires ces dernières années.  Cyber-Detect, fruit de dix années de recherche au LORIA, offre par exemple plusieurs produits et services, notamment en analyse de codes malveillants et de virus informatiques. Lauréate du concours i-lab 2019, la start-up Cosmian propose une plateforme pour diffuser et exploiter des données, notamment personnelles, sans les compromettre : David Pointcheval, directeur de recherche CNRS au Département d'informatique de l'École normale supérieure, s'appuiera sur cette start-up pour mener son ERC "Proof of Concept". Issue du Laboratoire d’informatique et systèmes4 , KeeeX développe un certificat d’authenticité numérique universel et inviolable qui protège les documents, les photos et les vidéos contre toute tentative de fraude. Enfin, la start-up rennaise Acklio, issue de l’IRISA, entend sécuriser les échanges tout en garantissant l’interopérabilité des différents réseaux de l’Internet des objets.

Couverture du livre "13 défis de cybersécurité"
Pour identifier les 10 projets prioritaires soutenus par le PEPR, les pilotes scientifiques se sont appuyés sur « des réflexions en amont » menées par la communauté, en particulier le livre « 13 défis de la cybersécurité ».

Afin de créer des emplois, la stratégie nationale reprend également le Grand défi pour la cybersécurité, un financement d’un montant global de 30 millions d’euros à destination des PME. Les académiques pourront en bénéficier en s’associant avec des PME ou via le financement de thèses CIFRE5 . Le plan « France Relance6  » facilitera aussi l’accueil d’ingénieurs ou scientifiques issus de l’industrie dans des laboratoires publics et la stratégie d’accélération mentionne la création de formations pour les professionnels, mais aussi pour les jeunes.

Former les scientifiques de demain

Dans ce cadre, le PEPR soutiendra aussi de nombreuses thèses. « Les thématiques encore en retrait en cybersécurité en France le sont notamment par manque d’étudiants », confie Gildas Avoine. Un constat partagé par Véronique Cortier qui envie les bourses « alléchantes » proposées aux étudiants allemands.

Cependant, le nombre de formations pour ce domaine « encore jeune » a « explosé ces dernières années », constate Gildas Avoine. L’ANSSI a labellisé plus de 150 formations, initiales et continues, et estime que ses labels ne couvrent pas la totalité de l’offre disponible. L’École universitaire de recherche en cybersécurité CyberSchool7  a ouvert à Rennes en septembre 2020, avec un budget de près de 6 millions d’euros sur 9 ans. Son directeur, Pierre-Alain Fouque, entend proposer une formation « par la recherche » permettant des débouchées autant dans la recherche académique que dans l’industrie et ce, « en effectuant un stage de recherche le plus tôt possible dans le cursus des étudiants, soit au niveau Master 1 ». Objectif : doubler le nombre d’étudiants en cybersécurité à Rennes, pour atteindre 200 étudiants en master et 150 doctorants (sur les trois années). « Le besoin pour la recherche mais aussi pour l’écosystème économique rennais, est considérable », atteste le chercheur. « Le PEPR et, plus largement, la stratégie nationale devront s’appuyer sur ces futurs scientifiques », conclut Gildas Avoine :  « Nous recherchons bien sûr l’excellence mais nous souhaitons surtout développer des communautés, notamment dans les thématiques encore émergentes. »

  • 4LIS (CNRS/Aix-Marseille Université).
  • 5Le dispositif de convention industrielle de formation par la recherche (Cifre) permet à une entreprise de « bénéficier d'une aide financière du MESRI pour recruter un doctorant dont les travaux de recherche, encadrés par un laboratoire public de recherche, conduiront à la soutenance d'une thèse ».
  • 6Présenté par le Premier ministre le 3 septembre 2020, suite à la crise du COVID-19, le plan « France Relance » est présenté comme une « feuille de route pour la refondation économique, sociale et écologique du pays » avec un budget de 100 milliards d’euros.
  • 7Labellisée par le PIA3, cette École universitaire de recherche (EUR) a pour partenaires deux organismes de recherche (CNRS, Inria) et huit institutions de formation (Université Rennes 1, Université Rennes 2, CentraleSupélec, ENSAI, ENS Rennes, IMT Atlantique, INSA Rennes, Sciences Po Rennes).